La Mission d’observation électorale de l’Union Européenne (MOE UE) des élections de 2019 en Tunisie, a déploré, dans un communiqué de presse, publié le 9 septembre 2019, le fait que l’un des candidats à la présidentielle, Nabil Karoui, n’ait pas pu participer au débat télévisé du 7 septembre sur la chaîne nationale Wataniya, en raison de sa détention préventive.
La MOE UE espère que les autorités tunisiennes «prennent les mesures nécessaires afin de permettre à permettre à tous les candidats, dont M. Karoui, de mener leurs campagnes dans le respect du principe d’égalité des chances», «tout en respectant pleinement l’indépendance du pouvoir judiciaire».
Il est indéniable que dans une démocratie qui se respecte, garantir l’égalité totale des chances entre les différents candidats d’une élection est nécessaire. Mais est-ce une raison suffisante pour prendre des mesures outrepassant les lois juridiques du pays, et porter, par conséquent, atteinte à un autre principe égalitaire, tout aussi important dans une démocratie qui se respecte, à savoir l’égalité entre les détenus?
Si on accepte que X quitte la prison pour participer à un débat télévisé, ne faudrait-il pas, par souci d’égalité, accepter que Y la quitte également pour tout autre motif ? Surtout que la participation à l’élection présidentielle n’est nullement un cas de force majeure ni un événement vital.
Une autre question se pose : est-ce que la MOE UE se serait permis d’émettre la même suggestion si un cas semblable cas s’était produit dans un pays européen où toute exception à ce que la loi dispose est juste inconcevable ?
Rappelons que Nabil Karoui avait fait l’objet d’un mandat de dépôt le 23 août, une dizaine de jours seulement avant le début de la campagne électorale pour la présidentielle anticipée, suite à une plainte déposée, en 2016, par l’organisation de lutte contre la corruption I Watch, pour une affaire de corruption financière et de blanchiment d’argent.
Cherif Ben Younès
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