L’économiste et expert financier Ezzedine Saidane a démenti, formellement, ce vendredi 17 janvier 2020, la déclaration du ministre des Finances Ridha Chalghoum, hier, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), à propos de la baisse de 5 points du ratio de la dette publique de la Tunisie entre 2018 et 2019.
Dans son intervention du 16 janvier à l’ARP, le ministre des Finances avait annoncé que, pour la première fois en Tunisie depuis 2010, le ratio de la dette publique en pourcentage du PIB a baissé de 5 points. Selon lui, ce ratio serait descendu de 77,9% en 2018 à 72,7% en 2019.
Pour Saidane, Chalghoum a parlé de la baisse du ratio de la dette publique en pourcentage du PIB 2019 et non pas de la dette elle-même. Par ailleurs, pour avancer ce ratio, il faudrait d’abord connaître le chiffre du PIB à la fin de cette année, ce qui n’a pas encore été publié par l’Institut national des statistiques (INS).
Le ratio de la dette publique cité dans la loi des finances complémentaire 2019 publiée dans le site web officiel du ministère des Finances (et approuvée par l’ARP) était de 77,1% du PIB en 2018 et serait passé à 75,1% du PIB en 2019 (et non pas 72,7%). Ce qui, selon Saidane, n’est pas une baisse en soi puisque, selon cette même loi des finances complémentaires 2019, la dette publique en termes de montant est bel et bien passée de 81,345 milliards de dinars en 2018 à 86,285 milliards de dinars en 2019 !
Saidane se réfère également au site web officiel du ministère des Finances pour signaler – chiffres à l’appui – que la dette publique aussi bien en valeur qu’en pourcentage du PIB n’a pas arrêté d’augmenter depuis 2016 en passant de 55,921 milliards DT (62,4% du PIB) à 86,245 milliards DT (75,1% du PIB), avec accentuation de la dépendance (70%) vis à vis de l’extérieur.
Le dernier point sur lequel insiste Saidane est l’appréciation du dinar tunisien en 2019 qu’il juge artificielle, provisoire et coûteuse pour la Tunisie et a été utilisée pendant la campagne électorale de 2019. Cette appréciation, affirme Saidane, n’a servi qu’à «minorer» la part de la dette en devises d’où baisse du ratio de 77,1% à 75,1%.
Amina Mkada
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