L’affaire de la Banque franco-tunisienne (BFT), le plus grand scandale politico-financier de la Tunisie indépendante, qui dure depuis le début des années 1980, n’est pas prêt à connaître son épilogue. Et pour cause…
Par Imed Bahri
Deux éléments très graves doivent être relevés dans cette affaire qui, depuis une quarantaine d’années, pourrit la vie publique et décourage les investisseurs étrangers à venir s’installer dans notre pays.
D’abord, les frais des avocats atteignent déjà 250 millions de dinars tunisiens (MDT), et, ensuite, la banque est en voie de liquidation ce qui mettra au chômage ses 70 employés. Mais pas seulement, car cette liquidation aura un effet très négatif sur le secteur bancaire tunisien, qui souffrira de la perte de confiance qu’une pareille affaire ne manquerait pas de provoquer.
Des criminels en cols blancs protégés par l’Etat
C’est ce qu’a déclaré Noômen Gharbi, secrétaire général de la Fédération générale es banques, relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), dans un entretien avec Shems FM, vendredi 16 avril 2021, en appelant le ministère des Finances et l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) a assumer leurs responsabilités pour trouver les solutions adéquates pour 70 familles qui vont être bientôt privées de revenus. M. Gharbi propose de répartir ces employés sur la vingtaine d’établissements bancaires que compte le pays.
Pourquoi la Banque centrale de Tunisie (BCT) a-t-elle opté pour la solution de la liquidation de la BFT, si ce n’est pour effacer les preuves du crime et les empreintes des criminels qui ont causé sa faillite pour s’enrichir personnellement ?
Ces criminels en cols blancs, dont les noms sont connus de tous, continuent de tirer les ficelles, dans les coulisses de la république, y compris au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et à orienter le traitement du dossier par les responsables politiques interposés.
Les contribuables vont encore payer les pots cassés
La racaille coupable de cette situation demeure intouchable et n’a jamais rendu des comptes et encore moins les dizains de millions de dinars qu’elle s’est vu accorder par ladite banque sans garanties réelles. Pire encore : sa voracité, son égoïsme et son arrogance doivent être supportés par l’Etat en faillite et donc par le contribuable tunisien, qui a déjà beaucoup payé et qui risque de payer encore les dommages et intérêts que l’Etat, coupable d’assistance à des criminels, devra payer au fonds d’investissement néerlandais ABCI Investments, et ce conformément au verdict que rendra bientôt le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), relevant de la Banque mondiale, chargé du règlement d’arbitrage dans cette affaire depuis 2006.
Quand on connaît l’état lamentable des finances publiques, l’Etat devant sortir incessamment sur le marché financier international pour trouver les fonds nécessaires au bouclage de son budget pour l’exercice en cours, le verdict aura sans doute l’effet d’un tonnerre dans le ciel de Tunis, déjà lourd de nuages.
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