Les agitations sociales en Tunisie prennent une tournure qualifiée de grave, des saboteurs professionnels se mêlant aux protestataires pacifiques.
Par Noureddine Hlaoui
Lorsque notre collègue Zied El-Hani a mis en garde contre les individus infiltrés parmi les groupes de jeunes protestant pour l’emploi, il a été vivement critiqué par certaines parties politiques impliquées dans ces mouvements. Evoquer cette hypothèse serait, selon elles, le pire des moyens pour chauffer les esprits et exacerber les tensions. On connaît la suite…
Pillage des biens publics et privés
Avec les agitations sociales, qui ont commencé à Kasserine avant de se propager dans les autres régions du pays, les Tunisiens ont l’impression de revivre un remake des événements de décembre 2010/janvier 2011, qui ont provoqué la chute du régime de Ben Ali. Beaucoup d’entre eux sont, déjà, entrés en transe révolutionnaire et misent sur l’embrasement général et la chute du gouvernement.
Or, si ces mouvements de protestation sont légitimes, car portés par des revendications compréhensibles relatives à l’emploi et au développement des régions intérieures, nombreux sont les actes commis par les protestataires (ou des personnes infiltrées parmi eux) qui tiennent plutôt du pillage et du saccage des biens publics et privés.
Du coup, des voix s’élèvent sur les plateaux télévisés et à travers les réseaux sociaux pour appeler à la raison et calmer les esprits avant que la situation n’échappe à tout contrôle.
Les hommes politiques et acteurs de la société civile appellent à ne pas tomber dans le piège des casseurs et des saboteurs qui pourrissent les manifestations pacifiques. Mohsen Marzouk, Riadh Mouakhar, Rached Ghannouchi, Samir Ettaïeb, Hamma Hammami, et bien d’autres, ont stigmatisé en des termes très forts les attaques contre les postes de polices et les sièges des forces sécurité et, bien entendu, contre les biens publics et privés.
Certains ont même appelé à une application stricte de la loi contre les fauteurs de troubles pour protéger le pays du chaos dans lequel certains veulent l’enfoncer dans la mesure où, les incendies et les saccages, qui visent à provoquer un vide sécuritaire, pourraient profiter aux groupes terroristes, toujours à l’affut du moindre vide ou relâchement d’attention pour passer aux actes. En témoignent les mouvements remarqués, hier, jeudi 21 janvier 2016, dans la zone de Chaâmbi, gouvernorat de Kasserine, comme l’a affirmé le porte-parole officiel de l’armée nationale, ou même à la frontière avec la Libye, où l’armée a fait avorter des tentative d’intrusion d’hommes armés.
Démasquer les malfrats et leurs commanditaires
Le recours excessif à la violence constaté chez certains soi-disant manifestants vide leurs manifestations de toute légitimité et fait craindre aux Tunisiens de graves dérapages sécuritaires. Ces derniers, une fois n’est pas coutume, louent le comportement exemplaires des forces de sécurité qui ont fait preuve, jusque-là, de retenue et de calme en recourant aux moyens classiques, notamment le gaz lacrymogène, pour disperser les assaillants et se protéger des agressions, et en ne dépassant pas les limites autorisées en de pareilles circonstances, dans un esprit républicain respectueux des droits de l’Homme.
Il n’en demeure pas moins que les citoyens sont dans l’attente d’une communication gouvernementale claire, transparente, objective et crédible sur les tenants et aboutissants des dernières agitations sociales, et sur les mesures prises en urgence pour calmer les esprits et rétablir la sécurité.
Car quand Walid Louguini, chargé des relations avec les médias au ministère de l’Intérieur, déclare que les agressions caractérisées perpétrées par des individus n’ayant rien à voir avec les vrais protestataires pacifiques, ont atteint la cote d’alerte et menacent les capacités mêmes des forces de sécurité, on est en droit d’avoir des données plus précises sur l’identité et les motivations des fauteurs de troubles, qui ont sévi, hier soir, dans plusieurs quartiers chauds de Tunis et sa banlieue attaquant des magasins et des agences de banque.
L’expérience a démontré que le meilleur moyen pour mettre fin à ce genre de tensions entretenues par des forces occultes (pontes de la contrebandes, extrémistes religieux, etc.) consiste à démasquer leurs auteurs, preuves matériels à l’appui, et à les faire traduire devant la justice. Illico presto…
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