Plusieurs associations, organisations et personnalités nationales ont dénoncé, ce mardi 8 mars 2022, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, la privation de plusieurs femmes rurales en Tunisie de leurs droit à l’héritage, par abus de pouvoir des hommes dans leurs familles.
A travers un communiqué, les signataires ont appelé à protéger la femme en lui permettant d’accéder à la succession, notamment en milieu rural, afin qu’elle ait «un meilleur avenir», considérant la privation des femmes de leurs droits à l’héritage comme une violence économique à laquelle il faut mettre un terme.
Dans le même contexte, ils ont demandé la révision du chapitre 3 de la loi 2017-58, relative à l’élimination des violences faites aux femmes, dans sa définition des violences économiques, en considérant l’héritage comme un droit économique.
Ils ont également revendiqué l’amendement du chapitre 19 de la même loi pour que la peine prévue pour la violence économique soit privative de liberté. L’objectif étant de faire face efficacement à ce genre d’abus.
Au total, 52 associations ont signé le communiqué, dont La Ligue tunisienne des droits de l’homme, l’Union nationale de la femme tunisienne, l’Union arabe des femmes spécialistes et l’Organisation tunisienne de lutte contre la torture.
L’absence d’égalité dans l’héritage entre les deux sexes est un autre débat, beaucoup plus classique, ouvert depuis quelques années en Tunisie. En effet, malgré les progrès modernistes qu’a réalisés le pays depuis l’indépendance de 1956, la loi accorde toujours à l’homme une supériorité économique injustifiable par rapport à la femme : il hérite le double !
Le président de la république, Kaïs Saïed, qui détient aujourd’hui les pouvoirs exécutif et législatif soutient, de son côté, cette injustice écœurante. Il a, en effet, fait preuve de beaucoup de conservatisme dans ses déclarations publiques par rapport à ce sujet, estimant que l’héritage est géré par «la loi divine», par allusion au texte coranique, et s’opposant, de ce fait, à accorder aux femmes leurs droits légitimes dans ce domaine.
C. B. Y.
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