Grâce à un partenariat dans la production de l’énergie solaire, la Tunisie et l’Allemagne pourraient venir à bout, l’une de son stress hydrique et l’autre de son stress énergétique.
Par Mohamed Cheikhalifa *
Nous disposons en Tunisie d’un gisement d’énergie solaire à ciel ouvert d’un potentiel de 17 000 TWh/an, qui ne demande qu’à être mis en valeur pour en faire un champ d’échange durable et équitable avec nos voisins de la rive nord de la Méditerranée.
L’Allemagne étant le pays le plus en avancé dans le développement de l’énergie solaire photovoltaïque (PV), avec ses 40 GW crête déployés, elle en a collecté pour l’année écoulée 38,5 TWh, soit 7,5% de sa consommation annuelle.
Si cette capacité avait été déployée chez nous à partir de la limite du tiers nord du pays, elle aurait produit 72 TWh/an, soit un rendement supérieur de 87%. C’est exactement cela notre avantage comparatif en matière d’énergie solaire.
Pour aider l’Allemagne, dont la production électrique annuelle est de l’ordre de 600 TWh, à assurer une transition énergétique sans à-coups, on pourrait lui proposer une coopération gagnant/gagnant dans le domaine de l’énergie solaire.
En effet, on pourrait réaliser une opération de troc de grande envergure : 1 kWh d’électricité solaire livré FOB/côtes tunisiennes, contre un mètre cube d’eau dessalée sur le lieu idoine, selon les plans tunisiens de développement adéquat, et ce pour 25 TWh – soit l’équivalent de l’électricité livrée aux compteurs par 4 de ses centrales nucléaires les plus vétustes – contre 25 km3 d’eau douce extraite de la mer via l’énergie thermique solaire concentrée.
Avec ces 25 milliards de mètres cubes d’eau, la Tunisie pourrait se targuer d’avoir éradiqué son stress hydrique qui astreignait à ses citoyens de se suffire de l’insuffisance : 410 m3 d’eau par an et par habitant. Ainsi, elle franchirait, grâce à cette coopération équitable, le seuil de vulnérabilité par rapport à cette denrée vitale, tel que fixé par la FAO : 2.500 m3/an et par habitant…
Un million d’emplois verts pourrait ainsi être créés ici pour les candidats potentiels à l’émigration vers la rive nord Méditerranée…
Avec l’irrigation, on porterait notre production d’huile d’olive à un million de tonnes +/- 10% chaque année…
Grâce à l’énergie solaire la Tunisie pourrait trouver une solution durable à son stress hydrique.
Fort de la réussite de cette percée technique, on pourrait continuer sur la même lancée, afin de l’aider au-delà encore, avec un échange monétaire = un kWh cédé FOB à 50 % du prix au compteur prévalent en Allemagne et ce jusqu’à la débarrasser de la pollution et des autres risques inhérents au nucléaire et au fossile…
Ainsi la Tunisie se départirait de son stress hydrique endémique et l’Allemagne de son stress électrique ! Le financement d’un tel projet d’envergure émargerait facilement, sans coup férir, sur le fonds de 1 000 milliards d’euros que l’Allemagne a dédié à sa transition énergétique.
Fort de ce partenariat gagnant/gagnant, pourquoi s’arrêter en si bon chemin, le champ de coopération pourrait être étendu aux autres pays et dans les mêmes conditions.
Comme l’a si bien dit le philosophe allemand Nietzsche, lors d’une envolée lyrique de son Zarathoustra : «J’ai appris cela du soleil, quand il descend, lui qui déborde de richesse, alors il déverse l’or dans la mer à profusion, inépuisable; de sorte que le pêcheur le plus pauvre même, rame avec une rame d’or.»
Amen !
* Macro-économiste.
Donnez votre avis