Aux législatives qui se tiennent aujourd’hui, samedi 17 décembre 2022 en Tunisie, à peine 15% des candidats sont des femmes, et ce en raison de la nouvelle loi électorale promulguée en septembre dernier par le président de la république Kaïs Saïed, qui a abandonné la règle de la parité horizontale et verticale dans les listes électorales qui était en vigueur jusque-là.
Par Imed Bahri
Au lieu de déplorer ce grand pas en arrière, qui a du reste été dénoncé par toutes les organisations de la société civile tunisienne, le président de l‘Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), Farouk Bouasker, en bon soldat au service de celui qui l’a désigné à son poste, le président Saïed en l’occurrence, ne s’est pas attardé sur cet aspect du problème. Il a juste exprimé la détermination de la commission électorale à élaborer un plan d’action pour promouvoir la participation des femmes au processus électoral. Et patati et patata…
Tout est fait pour que rien ne change
S’exprimant, vendredi 16 décembre 2022, au Palais des congrès de Tunis, lors de la cérémonie de lancement de la campagne régionale de promotion de la participation des femmes aux processus électoraux, Farouk Bouasker a ajouté que cette campagne – ô combien tardive et presque inutile ! – est lancée en collaboration avec le Réseau arabe pour les femmes dans les élections et l’Organisation des organes arabes de gestion des élections (ArabEMBs).
Le président de l’Isie a cru devoir souligner l’importance de renforcer la présence des femmes dans la gestion électorale, en respectant le principe de l’égalité des chances dans le recrutement et la promotion, en soulignant le rôle de l’ArabEMBs dans le soutien des droits politiques et électoraux des femmes arabes.
Que de bons sentiments, quand les dés sont déjà jetés et qu’à la sortie des urnes, ce soir, on sera très content si les femmes représenteraient plus de 5% des sièges au prochain parlement !
Toujours au chapitre des bons sentiments, qui font vivre tant d’Ong inutiles et inefficaces dans le monde arabe, le président de la Commission électorale indépendante de Jordanie (CEI), Musa Maaytah, a salué, de son côté, le rôle du Réseau arabe dans la sensibilisation à l’importance de la participation quantitative et qualitative des femmes à la vie politique. Cela garantirait la présence des femmes aux postes de décision, a-t-il ajouté, saluant l’action arabe commune pour soutenir les femmes dans les domaines politique, économique et social.
Un entre-soi propice à la marginalisation des femmes
Pour rester dans cet entre-soi dont tout le monde semble s’accommoder, rappelons que ledit Réseau arabe pour les femmes dans les élections a été lancé en octobre 2019 en tant qu’initiative conjointe entre l’ArabEMB, le Projet d’assistance électorale régionale (Idea) du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) et la Fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES).
Autant de «machins» en somme au service de régimes qui font tout pour retarder l’accès du monde arabe à une véritable démocratie où les femmes auront enfin la place qui leur revient dans la gestion de la vie publique.
Donnez votre avis