Pour sortir la Tunisie de la crise, les initiatives se multiplient et se ressemblent, tout en continuant à faire des ronds dans l’eau, alors que le pays sombre dans l’instabilité politique, la récession économique et la grogne sociale.
C’est dans ce contexte délétère que des partis politiques, des organisations de la société civile et des personnalités nationales ont fait part de leur intention de recourir à des «moyens pacifiques et légaux» pour «mettre fin au processus du 25 juillet», par allusion à la proclamation de l’état d’exception par le président Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021.
Dans un document intitulé «Déclaration du 26 janvier», publié vendredi 28 janvier 2022, les signataires déclarent que le processus électoral en cours «manque de légitimité populaire» ce qui, selon eux, «aggrave encore plus la crise». Ils font allusion au second tour des législatives anticipées prévu demain, dimanche 29 janvier, et qui risque de connaître le même taux d’abstention record du premier tour (près de 90%), la population ayant la tête ailleurs, dans ses difficultés quotidiennes : détérioration des services publics (transport, santé, éducation…), hausse des prix, baisse du pouvoir d’achat, pénuries des produits de première nécessité…
Les signataires du document, dont le parti Al-Massar, le Parti socialiste, la coalition Soumoud, les universitaires Sghaier Zakraoui et Hamadi Ben Jaballah, Mohamed Kilani (ancien SG du Parti socialiste) et Jounaidi Abdeljaoued (membre fondateur d’Al-Massar leader), se disent totalement opposés au «système d’avant le 25 juillet», lequel était dominé par le parti islamiste Ennahdha, tout en affirmant soutenir l’initiative de dialogue national lancée par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), et qui associe l’Ordre des avocats, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) et le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). C’est «une initiative positive», ont-ils déclaré, parce qu’elle est conçue pour défendre les acquis des Tunisiens et leurs droits économiques et sociaux ainsi que l’État de droit et les libertés.
Les signataires du document affirment vouloir développer une plate-forme politique, économique et sociale basée sur des dénominateurs communs et ouverte à la société civile, aux personnalités indépendantes, aux militants progressistes et à toutes les forces démocratiques, le but étant de favoriser un nouvel équilibre des pouvoirs pour perpétuer les valeurs de la république.
Il y a une détermination à concevoir des stratégies politiques et économiques pour sortir le pays de la crise et redonner espoir aux Tunisiens, disent-ils, en s’engageant à poursuivre les consultations et les contacts avec toutes les forces civiles, politiques et sociales.
Face à ces initiatives émanant de très bonnes intentions, une question reste à poser : pourquoi ces stratégies politiques et économiques n’ont-elles pas été élaborées quand les Tunisiens étaient dans de meilleures dispositions pour s’y associer activement ? Aujourd’hui, ils ont perdu toute confiance dans les acteurs politiques, toutes tendances confondues, et se détournent, totalement, de la chose publique. Comportement suicidaire certes, mais qui traduit un grave désespoir que ces chers politiques, enfermés dans leurs bulles, ne semblent pas saisir la profondeur.
I. B.
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