Globalement, l’impact de la hausse du taux directeur sur les résultats des banques ne sera pas aussi important qu’on puisse le croire. Et pour les clients des banques, l’impact sera presque le même pour l’épargne que pour les crédits. Explications.
Par Samir Messali
Le conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT) a décidé, avant-hier, mardi 17 mai 2022, d’augmenter le taux directeur de 75 points de base et le taux de rémunération de l’épargne de 1%. En réalité c’était une décision attendue de la BCT compte tenu de la hausse du taux d’inflation.
D’ailleurs, la dernière adjudication des bons de trésor assimilables (BTA) n’a pas été fortement suivie par les banques, non pas par manque de confiance dans l’Etat, mais justement parce qu’elles ont préféré retarder la souscription et attendre cette augmentation.
Le taux de rémunération de l’épargne, qui stagnait à 5% depuis le mois de janvier 2018, devrait monter à 6% à partir du mois prochain. Quant au TMM (taux moyen mensuel du marché monétaire), s’agissant d’une moyenne mensuelle, il devrait se situer d’abord à 6,60% au cours du mois de juin prochain contre 6,26% actuellement et aux alentours de 7% à partir du mois de juillet.
Cette augmentation, aura certainement un impact sur la marge nette d’intérêt des banques. D’une part, ces dernières devraient servir plus d’intérêts à leurs épargnants avec plus de 1% pour les dépôts d’épargne et plus 0,75% pour les nouveaux dépôts à terme. De l’autre, les crédits dont le taux est indexé sur le TMM devront d’abord apporter plus 0,34% durant le mois de juin et 0,75% à partir du mois de juillet.
Cependant, l’impact global sur la marge nette d’intérêt d’une banque dépendra d’une part de sa structure de dépôt. Ainsi, les banques qui disposent d’une proportion plus importante de dépôt à vue, toute chose égale par ailleurs, devront profiter plus de cette hausse. D’autre part, la structure de taux des actifs aura aussi un impact. En effet, plus la proportion des actifs à taux fixe (crédit à taux fixe et bons de trésor) est importante plus l’impact de cette hausse sera moins profitable.
D’ailleurs les banques islamiques, dont les financements accordés sont à taux fixe, devront subir un impact négatif de cette hausse puisque, de l’autre côté, ils devront augmenter la rémunération d’une partie de leurs ressources afin de suivre la concurrence. La hausse des taux sur les financements accordés ne devrait être appliquée que sur les nouveaux contrats.
Globalement l’impact de cette hausse de taux sur les résultats des banques ne sera pas aussi important qu’on puisse le croire et sera certainement différent d’une banque à l’autre en fonction de la structure de taux de son bilan.
Pour les clients des banques, l’impact serait presque le même pour l’épargne que pour les crédits. En effet le taux de l’épargne devrait augmenter de 0,8% en net après déduction de 20% de retenue d’impôt et le taux des crédits indexés sur le TMM, qui représentent d’ailleurs la grande part des crédits accordés, devrait augmenter de 0,75%, soit concrètement une augmentation de 0,625 DT par mois pour chaque encours de crédit de 1.000 DT, ce qui représente pour un crédit rémunéré à TMM+3,5 une augmentation de 7,7%.
* Expert financier et écrivain.
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