Le financement de la vie politique, qui comprend, notamment, celui des partis, reste un sujet de polémique, en Tunisie, au cours de cette phase de transition démocratique.
Par Abderrazek Krimi
Le président de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie), Chafik Sarsar, annoncera demain, lundi 3 avril 2017, la date officielle des prochaines élections municipales.
Après s’être entretenu, cette semaine, avec, successivement, le chef du gouvernement, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et le président de la république, M. Sarsar, qui tient à ce que ces élections soient organisées avant la fin de cette année 2017, annoncera, demain, la date définitive de ces élections, qui sera, selon certaines sources, le 17 décembre 2017.
Cinq millions dinars non-remboursés par les candidats
Nabil Baffoun, membre de l’instance, a rappelé hier, 1er avril 2017, que tous les candidats doivent s’acquitter de leurs dus à l’Etat, à savoir les montants qui leur ont été avancés lors de leur participation aux élections antérieures au cours desquelles ils n’ont pas atteint le seuil des 3% les exonérant de l’obligation de rendre à l’Etat le financement public de leur campagne électorale.
En effet, la loi électorale accorde aux différentes listes électorales une subvention de l’Etat dont le montant dépend du nombre de sièges dans chaque circonscription. Ce montant doit cependant être remboursé par la liste qui obtient moins de 3% des suffrages.
Par ailleurs, le ministre chargé des Relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, Mehdi Ben Gharbia, a confirmé, ces derniers jours, le chiffre avancé par l’organisation I Watch, en février dernier, concernant les sommes redevables à l’Etat par les différentes listes qui se sont présentées aux élections de 2011 et 2014 et qui n’ont pas encore été remboursées. Ces sommes s’élèvent à 5 millions dinars. Et ce n’est pas rien par ces temps de déficits publics…
I Watch avait aussi indiqué que 1487 listes électorales sur un total de 2065 ne se sont pas encore acquittées de leur dette envers l’Etat. Or, selon M. Baffoun, les personnes dont les noms ont figuré sur ces listes ne pourront pas présenter leur candidature aux prochaines municipales. S’ils désirent concourir de nouveau, ils devraient s’acquitter d’abord de leurs dus et montrer le quitus de la recette des finances prouvant qu’ils sont quitte avec le trésor public.
Le financement des partis en question
Le financement de la vie politique, qui comprend, notamment, celui des partis, reste un sujet de polémique, en Tunisie, au cours de cette phase de transition démocratique, marquée par une montée des ambitions personnelles et des appétits de pouvoir et une recrudescence de la corruption politique sous toutes ses formes: financements occultes, argent sale, blanchiment tout azimut…
Certains soutiennent le principe que l’Etat est dans l’obligation de financer les partis afin de limiter les risques du financement illégal des activités politiques et notamment les campagnes électorales.
D’autres considèrent, au contraire, que, dans l’état actuel des choses, l’Etat n’a pas les capacités de fournir une aide financière aux partis, dont le nombre dépasse actuellement 200, soit autant de boîte vides qui se manifestent à chaque élection pour constituer des listes et demander un financement public de leur campagne électorale. Et comme il n’y a pas réellement de contrôle des dépenses ou que ce contrôle est souvent défectueux, on peut imaginer les abus qui sont commis aux dépens des pauvres contribuables, souvent saignés à blanc.
Pour plus de transparence, l’Etat devrait démasquer les parasites qui émargent sur les financements publics et ne remboursent pas leurs dus au trésor public, et ce en publiant une liste de leurs noms : les électeurs sont, en effet, en droit de savoir à qui ils vont faire confiance parmi les candidats qui solliciteront de nouveau leurs suffrages.
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