Plage déserte à Gammarth, au nord de Tunis.
Que peut faire le gouvernement Essid pour faire face à la désertion de la destination Tunisie par les Britanniques et autres Européens ?
Par Marwan Chahla
Le verdict est tombé et il est sans appel: tous les voyagistes britanniques ont décidé de suspendre tous leurs vols en partance du Royaume Uni vers la Tunisie, pour les 9 mois à venir, c’est-à-dire jusqu’au 1er novembre 2016.
Il y a deux semaines, le tour-opérateur britannique Thomson Holidays avait annoncé sa décision de déprogrammer la destination Tunisie, jusqu’à fin octobre prochain. La semaine dernière, Thomas Cook et easyJet ont emboîté le pas à leur concurrent.
Les offres de voyages organisés sur la destination Tunisie n’ont jamais cessé de susciter débats et controverses au Royaume-Uni (RU), depuis les attentats du Bardo, le 18 mars 2015, et de Sousse, le 26 juin 2015.
Une campagne médiatique acharnée
En ce début d’année, une fois de plus, la polémique a refait surface et la pression sur les tours-opérateurs britanniques est encore montée d’un autre cran, dans un pays toujours traumatisé par la perte de 30 de ses citoyens, sur le total des 38 victimes étrangères, lors de l’attaque terroriste contre l’hôtel Imperial Marhaba.
Face à une campagne médiatique acharnée, qui est notamment menée par les ‘‘The Express & Star’’, ‘‘Daily Mail’’ et ‘‘Daily Mirror’’, les agences de voyages et compagnies aériennes du Royaume-Uni ne pouvaient qu’obtempérer et repousser encore plus loin la date d’une possible reprise de leurs opérations sur le marché touristique tunisien.
C’est ce qu’a entrepris de faire, vendredi 22 janvier 2016, la Thomson Airways, compagnie charter anglaise, filiale du géant mondial du voyage TUI Travel. Contraint et forcé, le porte-parole de Thomson a donc annoncé la prolongation par sa compagnie de la déprogrammation de la destination Tunisie de plus de 9 mois supplémentaires: «Etant donné que le Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth (le ministère britannique des Affaires étrangères, Ndlr) continue de conseiller vivement aux ressortissants britanniques de n’entreprendre aucun voyage en Tunisie qui ne soit pas essentiel, Thomson Airways confirme sa décision d’annuler tous ses vols en partance du RU vers la Tunisie, jusqu’au lundi 31 octobre 2016.»
En contrepartie de ces annulations, Thomson offre à ses clients qui ont, malgré l’interdiction de voyage officielle toujours en vigueur, poursuivi leurs réservations pour des séjours en Tunisie, non seulement le droit d’être remboursés totalement pour leurs frais de réservation mais également des rabais allant jusqu’à 30 livres sterling par personne sur toutes les destinations de remplacement de leurs choix.
Dans certains cas, Thomson promet même à ses clients d’aller jusqu’à des ristournes de 40%!
Les autres géants du voyage britannique Thomas Cook et easyJet, ont eux aussi revu, la dernière semaine, leurs dates de report de la réouverture de leurs opérations sur la destination Tunisie et se sont lancés dans cette guerre des prix…
L’urgence de restaurer la sécurité
La question se pose, et pour la énième fois: qu’est-ce que le ministère du Tourisme et le gouvernement de Habib Essid sont-ils en mesure de faire pour faire face à cette avalanche de désertion par les Britanniques et autres Européens de la destination Tunisie et pour sauver le tourisme, un important secteur d’activité économique du pays?
Réponse: à vrai dire pas grand-chose, sauf peut-être de restaurer la sécurité et la stabilité en espérant que l’image de la Tunisie comme étant une destination sûre soit enfin rétablie.
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