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Quel avenir pour l’Iran ?

Moins d’un mois après les élections présidentielles en Iran, les désaccords au sein du régime théocratique et les problèmes sociaux et économiques se sont intensifiés.

Par Hamid Enayat *

Dans ce contexte conflictuel, l’avenir de l’Iran est plus incertain que jamais.

Les élections présidentielles de mai dernier en Iran étaient en réalité un simulacre qui n’a rien de démocratique. En effet, la supervision des élections dépend du Conseil des gardiens, composé de six juristes et six religieux nommés respectivement par le chef du pouvoir judiciaire (lui-même nommé par le Guide Suprême). En outre, les candidats autorisés à se présenter doivent «croire et adhérer à l’islam et au système ‘‘sacré’’ de la République islamique dans la pratique (…) et exprimer leur loyauté à la Constitution et le principe de velayat-e Faqhih» (la tutelle absolue du chef religieux).

Un simulacre d’élections

Ces élections qui ne sont ni équitables, ni libres, semblent ne rien avoir changé dans le pays. Au contraire, la situation sociale et politique est plus instable que jamais. Téhéran affirme que la participation massive aux élections indique le soutien de la population au régime. En réalité, la population iranienne est de plus en plus mécontente et le taux de participation réel reste faible. Certains témoins affirment qu’on les a fait attendre à l’extérieur des bureaux de vote pour créer une fausse file d’attente. En outre, diverses catégories fragiles de la population ont été obligées de voter comme les prisonniers.

Le pouvoir est sous la tutelle absolue du chef religieux, le Guide Suprême Ali Khamenei.

La situation des droits de l’homme, désastreuse sous la présidence de Rohani, ne s’améliorera sans doute pas lors de son second mandat. En effet, la répression continue et les Iraniens sont toujours privés de leur liberté fondamentale au niveau politique, social jusque dans la vie privée.

Rappelons que l’Iran se classe en bas de la liste des pays en termes de liberté d’expression et de la presse, et détient de tristes records en termes d’emprisonnement et d’exécutions.

Un pouvoir limité

C’est le Guide suprême qui a le dernier mot concernant les décisions importantes de la politique iranienne. Par conséquent, l’ingérence du régime dans la région va se poursuivre, car Ali Khamenei a bien l’intention de continuer ses actions belligérantes, en particulier en Syrie avec les gardiens de la révolution.

Rohani

La réélection de Rohani ne changera rien en Iran. 

Ce comportement du régime ne fera qu’accentuer l’isolement régional et international de l’Iran, en particulier depuis la réunion entre les pays musulmans et les États-Unis à Riyad. La faction qui soutien Rohani considère que l’aide extérieure est essentielle à la survie du régime, en particulier de la part de l’Occident. Il pense que l’on peut conserver le système de la «République islamique» juste en changeant de ton et de discours.

Toutefois, Khamenei rejette cette idée et ne souhaite pas reculer d’un pouce sur les politiques nationales ou régionales. Il considère que la moindre atténuation dans l’attitude entraînera l’effondrement du système islamiste.

La réélection de Rohani ne change rien en Iran, car il n’a pas l’intention d’apporter de changement substantiel. Même s’il le souhaitait, son pouvoir est très limité. L’intolérance envers les minorités religieuses, les opinions politiques divergentes et les femmes, continue de faire partie intégrante du système. En outre, le régime continue de soutenir l’extrémisme et les groupes terroristes. Enfin, la crise continue au sein du régime, avec des répercussions sur la population, dont la majorité souhaite un renversement du régime.

Iran Maryam Radjavi

L’opposition s’organise à l’étranger autour de Maryam Radjavi et du Conseil national de la résistance.

Ce mécontentement de la population et de plus en plus canalisé par les réseaux du Conseil national de la résistance (CNRI) et des Moudjahidine du peuple d’Iran dans le pays. De plus en plus visible dans les grandes villes, cette opposition se présente comme un recours. Avec des revendications d’émancipation, d’égalité et surtout de séparation de la religion et de l’Etat, l’opposition attire la jeunesse.

En l’absence d’élections libres dans le pays, la diaspora veut faire entendre la voix des Iraniens qui aspirent un changement démocratique et la fin de la dictature intégriste. La souveraineté populaire dans une république laïque et pluraliste, l’égalité entre les hommes et les femmes, l’arrêt du gaspillage des richesses naturelles dans les brasiers des guerres fomentées par le régime dans la région et ses jeux d’influence pour promouvoir son idéologie extrémiste, seront les valeurs mises de l’avant par des milliers d’Iraniens réunis autour de la présidente du CNRI, Maryam Radjavi, une coalition des forces d’opposition basée à Paris.

* Journaliste et militant des droits humains iranien basé à Paris.

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