Dans moins de 2 mois se tiendra à Tunis l’«Africa Blockchain Summit» qui aura pour but de parler de l’impact des technologies développées à partir de la blockchain sur le domaine bancaire et financier des pays de la région du Mena (Moyen Orient-Afrique du Nord).
Comme nous l’avions dit dans un article précédent, ce rendez-vous du 14 mai 2018 sera l’occasion «de contribuer aux réflexions et travaux en cours au niveau mondial sur la Blockchain et proposer dans une perspective régionale, une grille d’analyse et de compréhension de cette technologie».
La blockchain, un concept novateur qui intéresse divers secteurs économiques
Rappelons que la blockchain agit comme une base de données qui stocke et transmet des informations de façon transparente et sécurisée. Une blockchain contient donc l’ensemble des transactions faites entre ses utilisateurs depuis qu’elle a été créée. On dit également qu’une blockchain est «distribuée» ce que signifie que tous ses utilisateurs peuvent contrôler la validité de la chaîne entre les différents blocs la formant.
Alors que la blockchain a été initialement conçue pour le développement du Bitcoin, c’est un concept qui a récemment pris de l’ampleur avec l’essor de nombreuses autres monnaies digitales.
C’est ce caractère «décentralisée» qui a fait que l’utilisation de la blockchain a pu s’étendre au-delà du domaine monétaire et financier.
Le plus surprenant reste certainement la vitesse à laquelle la blockchain s’étend à des domaines totalement nouveaux comme l’agriculture, le commerce, le juridique, la recherche & développement, l’industrie musicale, l’immobilier, etc. Dans ces cas, la blockchain ne sert plus seulement à créer des devises électroniques, mais elle aide à renforcer la sécurité, la transparence et la traçabilité des processus et des échanges mondiaux.
Par exemple, le développement de la plateforme Ethereum a apporté les «smart contracts», ou «contrats intelligents», qui ont rendu possible l’exécution de contrats sans intervention humaine.
Ainsi, ces programmes autonomes décentralisés peuvent être utilisés dans de nombreux secteurs d’activité où les personnes tierces de confiance peuvent être remplacées par des programmes informatiques distribués.
La Tunisie – pionnière sur la blockchain avec La Poste
Dans une étude publiée par la Banque Mondiale en septembre 2015 sur l’inclusion financière en Tunisie, nous apprenons :
• qu’il y a 12 millions de comptes bancaires et postaux recensés,
• que la demande de services de microfinance est estimée entre 2,5 et 3,5 millions pour les particuliers (30% à 40% des adultes) et entre 245 000 et 425 000 pour les entreprises formelles (plus de 50% des entreprises du pays),
• que 27% des adultes déclaraient détenir un compte bancaire auprès d’une institution financière formelle ou un compte postal en 2014,
• que 2/3 des adultes étaient exclus ou mal servis par le secteur financier formel en 2015.
Les services bancaires et financiers proposés par le secteur financier officiel ne semblent pas être optimal pour répondre aux besoins de la population mais aussi des très petites et micro-entreprises. D’un autre côté, les services financiers informels auxquels la population a recours sont risqués et coûteux.
En Tunisie, La Poste est un acteur majeur du secteur financier. Bien qu’elle soit une entreprise publique à caractère commercial, c’est la seule institution non bancaire qui peut collecter l’épargne. D’ailleurs, 90% des Tunisiens ayant un compte bancaire traitent avec La Poste ce qui en fait un acteur presque aussi important que l’ensemble du secteur bancaire du pays.
En 2015, La Poste tunisienne et la start-up suisse spécialiste de la blockchain, Monetas, ont noué un partenariat dans le but d’offrir une solution basée sur la blockchain avec le système de paiement virtuel e-Dinar. Ainsi, les habitants peuvent avoir la possibilité de payer des biens ou des services en personne, ou en ligne, d’envoyer des fonds à d’autres utilisateurs, ou encore de payer des factures grâce à des cartes prépayées. De son côté, La Poste tunisienne authentifie et enregistre l’ensemble des échanges monétaires qui passent par son système e-Dinar.
En 2016, il y avait :
• 784.000 utilisateurs e-Dinar,
• 6,3 millions de transactions de retrait et de paiement,
• 312 commerçants affiliés,
• 365 sites marchands.
La Poste a donc joué un rôle prépondérant dans le développement du e-commerce et de différentes prestations numériques en Tunisie comme des opérations avec l’e-gouvernement par exemple. La blockchain pourrait ainsi faire partie intégrante de l’évolution économique et numérique future de la Tunisie.
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