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Tunisie : Une réforme de la loi électorale pour empêcher l’exploitation des actions caritatives à des fins électorales

Une réforme de la loi électorale sera proposée à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), afin d’empêcher l’exploitation des actions caritatives et des aides sociales à des fins électorales.

Par Yüsra Nemlaghi

C’est ce qu’a déclaré Ghazi Chaouchi, secrétaire général et député du Courant démocratique (Attayar), aujourd’hui, mercredi 29 mai 2019, dans une déclaration à Mosaïque FM, en précisant que, malgré son opposition de principe à tout amendement de la loi électorale, qui plus est, quelques mois avant des rendez-vous électoraux, il estime qu’un vide juridique permet actuellement à des personnalités et des partis «d’escroquer les électeurs en leur donnant des aides contre leurs votes», a-t-il dit. Et cela risque de fausser et de détourner le système démocratique en train d’être édifié en Tunisie. 

Haro sur les fossoyeurs de la démocratie

Sans nommer Nabil Karoui, patron de Nessma TV et dirigeant de l’association caritative Khalil Tounes, M. Chaouchi a clairement fait allusion à ce dernier, qui a annoncé, lundi dernier, son intention de présenter sa candidature à la présidentielles ainsi que des listes aux législatives de 2019.

Nabil Karoui, qui collecte des dons auprès de donateurs privés et les distribue, via son association, aux démunis, profite de ses «tournées» dans les régions, pour faire sa campagne électorale et s’attaquer à ses concurrents politiques.

Il utilise aussi, illégalement, sa chaîne de télévision, pour faire sa propre promotion et ternir l’image des autres acteurs de la scène politique. Ce qui est interdit par le décret-loi n° 116 du 2 novembre 2011, relatif à la communication audiovisuelle, interdisant le cumul des responsabilités médiatiques et politiques, ainsi que la publicité politique. 

«Je ne veux pas qu’il y ait de loi sur mesure, je parle d’une façon générale. Il faut une loi qui empêche Nabil Karoui, 3ich Tounsi, Tahya Tounes, Ennahdha et tous les partis politiques d’utiliser leurs ailes associatives pour collecter des voix auprès des électeurs», a expliqué M. Chaouachi.

Une loi pour barrer la route devant les manipulateurs 

Le député estime que ceux qui exploitent les aides caritatives à des fins politiques sont des escrocs et qu’une loi est nécessaire pour barrer la route devant leur pratiques frauduleuses afin de garantir les conditions d’élections véritablement transparentes, équitables, libres et démocratiques.

Certains ont vu dans cette initiative une loi taillée sur mesure pour empêcher la candidature de M. Karoui, à l’instar du député Zouhaier Maghzaoui, secrétaire général du mouvement Echaâb, et Faycel Tebbini, député de la Voix de l’Agriculteur, qui ont accusé le gouvernement Chahed d’être derrière ce projet de réforme de la loi électorale. Ce qui est pour le moins improbable, car M. Chaouachi et d’autres députés soutenant le projet de loi sont réputés être de virulents opposants au gouvernement Chahed. 

Nessma TV a, pour sa part, organisé un plateau TV pour critiquer cette initiative, en accusant le gouvernement d’utiliser les moyens  de l’Etat pour faire pression sur les députés afin de les pousser à voter le projet de loi en gestation. Ce faisant, Nessma TV et son patron apportent une preuve supplémentaire de leur persistance dans la transgression des lois de la république. 

Invité sur ce plateau, Saïd Jaziri, directeur de Radio Coran, qui diffuse également dans l’illégalité, a réitéré les mêmes accusations, estimant que les libertés garanties par la constitution sont aujourd’hui en danger en Tunisie, feignant d’oublier que, dans son cas comme dans celui de Nessma et de Karoui, il s’agit plutôt de la liberté de… transgresser la loi et de piétiner les lois de la république.

Faycel Tebbini, lui aussi invité sur le même plateau, et qui n’est pas à une déclaration stupide près, a renchéri : «Youssef Chahed est plus dangereux que Ben Ali et Hitler».

Là, on atteint les stratosphères de la malhonnêteté drapée dans un populisme malsain.  

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