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Présidentielle tunisienne : La montagne va-t-elle accoucher d’une souris ?

Au carrefour de son histoire, de l’Histoire, scruté de toutes parts, montré en exemple par certains, porté aux nues par d’autres, le modèle démocratique tunisien, en ce dimanche 13 octobre 2019, un scrutin électoral décisif, va-t-il accoucher d’une souris ?

Par Djamel Khadraoui

On est en droit de se poser légitimement la question tant les espoirs nés de la révolte inédite du peuple de Tunisie étaient porteurs d’ambition.

En cette semaine d’attribution du Prix de Nobel de la Paix, comment ne pas se souvenir que la Tunisie, ce petit pays sur l’échiquier mondial mais dont l’Histoire s’est régulièrement mêlée au devenir du monde, avait été mise à l’honneur par le Comité Nobel en 2015, couronnant les efforts communs des forces vives d’une société dont les aspirations exprimées depuis fin 2010 laissaient espérer un avenir, si ce n’est radieux, au moins louable et positif.

Le miroir brisé des illusions post-révolutionnaire

Force est de constater que nombre de ces espoirs ont été déçus. Et le miroir des illusions post-révolutionnaires, brisé sur l’autel des querelles politiciennes, des bégaiements institutionnels, de la panne économique et des fractures sociales, aura bel et bien produit, non pas 7, mais 8 années de malheur.

Malheur de faire l’inventaire de ces énergies perdues en disputes de palais, jeux d’acteurs épuisant pour le citoyen engagé qu’il soit d’un côté ou de l’autre des rives de la Méditerranée.

Malheur de ces potentiels gâchés car le sursaut économique tarde toujours à se faire jour et nos talents fuient, s’exportent et peuplent de plus en plus les grandes capitales économiques mondiales au détriment de leur terre natale.

Malheur de ces hypothèques sur l’avenir, matérialisées par une dette bondissante, sorte de bombe à retardement pour les générations futures d’une société déjà fragilisée.

Le tableau est noir, mais des motifs d’espoir existent

Le tableau est noir. Pourtant des motifs d’espoir existent. Car la Tunisie, bien que claudicante, n’a pas rompu. Elle a plié mais pas cédé.

Et si l’ère politique nouvelle, au fondement de laquelle on trouve aussi bien la mort de l’ancien président-dictateur que les scrutins présidentiel et législatif de cette année, débute sous un ciel ombrageux, réussir à s’en sortir, avancer et consolider ses atouts peut tout de même s’envisager.

Le futur locataire du Palais de Carthage sera-t-il capable d’initier ce mouvement ? Pour cela, un voire deux candidats à la magistrature suprême solides, au-dessus de tout soupçon, auraient été les bienvenus au regard des nombreux défis à relever.

Tunisiennes et Tunisiens devront se contenter d’un duel d’une autre nature. Celui dont on ne sait rien ou presque contre celui dont certains auraient peut-être aimé qu’on en sache un peu moins.

Ironie mise à part, ce sont des programmes électoraux fournis et travaillés qui auraient été à même de rassurer. Ce qu’au final nous n’avions pas eu.

Restent les personnalités des deux candidats et les projections que chacun peut faire en son âme et conscience citoyennes. Mais cela revient à tenter d’imaginer l’inimaginable, l’inconnu voire même l’inconnaissable tant la Tunisie s’engage dans une voie inexplorée.

Espérons tout de même qu’elle le fasse avec audace.

* Tunisien résidant en France.

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