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Par ses dérapages successifs, Rached Ghannouchi balise la voie vers sa propre destitution

Par son activisme au service de l’Organisation internationale des Frères musulmans, dont il est l’un des dirigeants, Rached Ghannouchi prouve, encore une fois, qu’il confond son rôle de président du parlement tunisien et de chef du mouvement islamiste Ennahdha, à moins qu’il ne tente d’utiliser sa position à la tête de l’Assemblée pour engager la Tunisie dans une aventure militaire régionale. Si c’est le cas, son audition par les députés ne suffit plus : il doit être destitué avant de commettre l’irréparable.

Par Imed Bahri

Le bloc démocrae s’est joint, hier soir, vendredi 22 mai 2020, au concert des dénonciations des dérapages à répétition de Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et de la position partiale de ce dernier dans le conflit libyen, qui est en flagrante contradiction avec la position de neutralité officielle de la Tunisie.

Le bloc démocrate (Attayar) emboîte ainsi le pas à la plupart des autres partis (Parti destourien libre, Tahya Tounes, Qalb Tounes, Al-Massar…) et envoie à Ennahdha et son chef un message on ne peut plus claire que le fait d’être alliés dans un gouvernement n’interdit des clarifications voire des dénonciations lorsque l’intérêt supérieur du pays est piétiné.

Ghannouchi transgresse les principes de neutralité et de non-ingérence

Dans le communiqué, signé par son président Hichem Ajbouni, le bloc démocrate appelle toutes les parties politiques et toutes les institutions de l’Etat à respecter la position officielle tunisienne rejetant toute intervention militaire étrangère en Libye et attachée à une solution négociée.

Le bloc démocrate affirme avoir pris cette position après avoir pris connaissance de la teneur de l’appel téléphonique passé ces derniers jours par Rached Ghannouchi à Fayez Sarraj, président du Conseil présidentiel libyen, pour le féliciter d’avoir réussi à faire libérer une position militaire aux environs de Tripoli, ce qui signifie un alignement sur la position d’une partie libyenne contre une autre, en flagrante violation de la position officielle et de la doctrine diplomatique tunisiennes, basée sur la neutralité dans les conflits extérieurs et la non-ingérence dans les affaires des autres pays.

Tout en rejetant «le dépassement par le président de l’Assemblée de ses prérogatives telles que définies par la Constitution et par le règlement intérieur de l’Assemblée», le bloc démocrate estime que «la position exprimée par le président de l’Assemblée (dans son entretien téléphonique avec M. Sarraj, Ndlr) laisse penser que la Tunisie contribue à attiser le conflit armé déchirant le peuple libyen frère, ce qui est contraire à la réalité».

Cet homme est dangereux et imprévisible

Par conséquent, le bloc démocrate «appelle toutes les parties politiques et les institutions de l’Etat à respecter la position officielle tunisienne rejetant toute intervention militaire étrangère dans les affaires libyennes», tout en soulignant que «le règlement du conflit opposant nos frères libyens ne saurait être réalisé que par la voie du dialogue» et que «tout rôle pouvant être joué à cet effet appartient à la diplomatie tunisienne et à sa tête le président de la république».

Traduire : M. Ghannouchi a commis une grave entorse à la Constitution et a marché sur les plates-bandes de la présidence de la république, et ce n’est pas la première fois qu’il le fait, par manque d’expérience, par empressement ou, simplement, par volonté de provocation. Ce qui lui ressemble beaucoup…

Que dire de ce nouvel épisode du feuilleton des dérapages ghannouchiens sinon que, par son activisme au service de l’Organisation internationale des Frères musulmans, dont il est l’un des dirigeants, Rached Ghannouchi prouve, encore une fois, qu’il confond son rôle de président du parlement et de chef du mouvement islamiste, à moins qu’il ne cherche pas, sciemment et effrontément, d’utiliser sa position à la tête de l’Assemblée pour engager officiellement la Tunisie dans une aventure militaire régionale.

Si c’est le cas, son audition par les députés sur ses contacts secrets avec des dirigeants étrangers ne suffit plus : il doit être destitué avant qu’il ne commettre l’irréparable. Car cet homme est dangereux…

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