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Les élections américaines entre péplum, western et casino

Retraité et confiné, je viens de passer ces trois dernières nuits à suivre les élections présidentielles américaines et ma première impression est très désagréable: celle d’avoir regardé un péplum hollywoodien sur l’empire romain ou un mauvais western où le méchant cow-boy finit par gagner après avoir ravagé un village.

Par Helal Jelali *

Un président censuré cette nuit par des chaînes télévision de son pays – à part CNN – parce qu’il proférait des mensonges, ses tweets étant signalés inexacts et leur authenticité restant à vérifier par le réseau.

Un président qui demande à la commission électorale de l’Etat de Pennsylvanie d’arrêter le dépouillement des bulletins et de ne pas compter les voix des électeurs ayant choisi la poste pour participer au scrutin, Covid-19 oblige…

Non, je n’ai pas choisi de regarder les élections dans une dictature ou chez un despote… Ce sont les États-Unis d’Amérique, avec le côté sombre de leur histoire qui est ressuscité de temps à autre… Les États-Unis, un Etat fédéral de plus en plus «impérial» et dont le président sortant, Donald Trump, rêve de devenir l’empereur autoproclamé. Quelques mois après son élection, il y a quatre ans, des journalistes du ‘‘Washington Post’’ s’étaient demandé, à juste titre, si ce président savait vraiment lire et écrire…

Est-ce que tout régime pluraliste est vraiment démocratique ?

Le philosophe Jacques Derrida nous avait déjà alerté que «tout État pourrait basculer et devenir un État voyou, même les États-Unis». Il écrivait dans ‘‘Le Monde Diplomatique’’: «Ces Etats-Unis qui disent se porter garants du droit international et qui prennent l’initiative de la guerre, des opérations de police ou de maintien de la paix parce qu’ils en ont la force, ces Etats-Unis et les Etats qui s’allient à eux dans ces actions, sont eux-mêmes, en tant que souverains, les premiers rogue states (États-voyous).»

Depuis 40 ans, je me pose la même question : est-ce que tout régime politique pluraliste est vraiment démocratique ? Aux États-Unis, terre où la liberté est sacrée, cette même liberté n’est-elle pas devenu un vrai grain de sable dans la machine démocratique?

Les deux candidats à la Maison Blanche, Joe Biden et Donald Trump, ont dépensé pour leurs campagnes électorales 14 milliards de dollars – le budget tunisien –, qui plus est, par temps de récession économique et de chômage endémique… Est-ce vraiment raisonnable et est-ce ça la démocratie ?

À toutes ces questions, je ne voudrais pas répondre que tout cela est normal chez une nation qui n’a aboli la ségrégation raciale qu’au début des années 1960, alors qu’elle demandait au Royaume-Uni et à la France de dégager de leurs colonies.

Je pourrais me consoler en disant que les Américains ont appelé le génocide des Amérindiens «guerres indiennes».

Encore une autre consolation : une bonne partie des pères fondateurs étaient des esclavagistes notoires…

Que des questions sur l’histoire du pays complètement falsifiée – y compris dans les moindres détails – par les synopsis des films de Hollywood !

Un président «menteur, narcissique et tricheur»

Non je ne rêve pas, le ‘‘New York Times’’ a bien écrit que le président américain «n’a pas du tout payé d’impôt sur le revenu au cours de dix des quinze précédentes années, en grande partie parce qu’il a déclaré plus de pertes d’argent que de gains». En 2016, il n’a payé que 745 dollars. Pour ses affaires en Chine, il paie nettement plus. Même un scénariste de péplum romain n’aurait pas osé imaginer un tel récit. Le portrait de cet homme fait par sa nièce est effarant. Mary Trump, docteur en psychologie, qualifie son oncle de «menteur, narcissique et tricheur».

Mais au fait, ce monsieur avait bien été élu… Et c’est là le nœud du problème… C’est là le problème de la démocratie américaine dont les institutions ont peu évolué depuis deux siècles. Des institutions élaborées par des riches agriculteurs et industriels qui sont devenus des dogmes, et sait-on où mènent les dogmes en politique? Ils mènent à ce spectacle affligeant de médiocrité qu’on nous offre depuis plusieurs jours et qu’on ose à peine croire.

* Journaliste à la retraite.

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