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Noureddine Taboubi aux Américains : «Il n’y a rien à vendre ni à acheter» !

L’ambassade des Etats-Unis à Tunis a eu la désagréable surprise de voir deux partis, le Parti destourien libre (PDL) et Echaab, rejeter son invitation de rencontrer une délégation parlementaire américaine arrivée aujourd’hui, samedi 4 septembre 2021 à Tunis, pour rencontrer le président de la république Kaïs Saïed et des représentants de partis et d’organisations nationales, pour discuter avec eux de la situation en Tunisie après la prolongation des mesures d’exception annoncées le 25 juillet dernier. Mais pas seulement, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a aussi rejeté cette même invitation. Décryptage…

Par Imed Bahri

Interrogé sur les raisons de son refus de rencontrer les membres de la délégation parlementaire américaine, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT, dont la création en 1948, sous le protectorat français, doit beaucoup au fort soutien des syndicats états-uniens, n’y est pas allé par quatre chemin, évitant même les formules diplomatiques adaptées à la circonstance, en déclarant tout de go : «Nous n’allons pas dans les ambassades, et la décision nationale ne s’y retrouve pas, il n’y a rien à vendre ni à acheter», ajoutant que «le syndicat a des constantes et des principes dont il ne s’est jamais écarté depuis sa création.»

M. Taboubi, qui présidait une réunion syndicale à Sousse, a encore précisé dans sa déclaration à Shems FM : «Chaque pays connaît ses spécificités et les réformes qui lui conviennent», dans une sorte de fin de non-recevoir opposée à toute ingérence étrangère dans les affaires tunisiennes.

Le soutien historique des Etats-Unis aux islamistes braque les Tunisiens

Il faut dire que le soutien historique des Etats-Unis aux Frères musulmans en général et au parti islamiste tunisien Ennahdha en particulier, et qui se poursuit encore aujourd’hui, braque beaucoup de Tunisiens et de Tunisiennes qui ont vomi l’islam politique et l’ont dit massivement et clairement au cours des manifestations dans toutes les villes du pays, le 25 janvier dernier, au cours desquelles des bureaux d’Ennahdha, un parti responsable de tous leurs malheurs, ont été saccagés et pillés. Et cela ces chers politiciens de Washington, dans leur tropisme islamiste, ne voudraient pas le voir ou le savoir.

Les responsables américains doivent méditer sur les raisons de telles réactions épidermiques de la part des acteurs politiques tunisiens où se lit plus que de simples reproches, de réelles suspicions liées au comportement des Etats-Unis, une puissance qui a longtemps cru pouvoir dessiner les cartes du monde selon ses intérêts stratégiques, qui plus est, sans tenir compte des aspirations des peuples qu’ils cherchent ainsi à asservir.

Une puissance sur le retour et qui croit pouvoir encore refaire les cartes du monde

La récente déroute de l’armée américaine, en plus de ses interventions sanglantes, en Iraq et en Afghanistan (où la «démocratie américaine» a déjà fait suffisamment de ravages pour que leurs peuples s’en souviendront longtemps), prouvent s’il en est encore besoin que Washington n’est plus le gendarme du monde et doit retrouver une appréciation plus réelle de sa puissance, notamment après le retour sur les devants de la scène de la Russie et la montée irrépressible de la Chine, sans parler des réserves sérieuses désormais exprimées par les alliés européens sur le parapluie militaire américain incarné par l’Otan.

Le monde change à vue d’œil et les Américains tardent à enlever leurs œillères idéologiques, bercés qu’ils sont encore par leur nostalgie impérialiste.

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