La culture doit figurer en première ligne dans l’arsenal thérapeutique de cette pathologie sociale qu’est le terrorisme.
Par Salem Sahli*
Mercredi 12 août 2015, nous étions une trentaine à avoir fait le déplacement Hammamet-Tunis et nous rendre au palais des congrès pour assister au Congrès des Intellectuels tunisiens contre le terrorisme sous le thème: «Femmes et hommes ensemble pour la défense des valeurs démocratiques». Je ne regrette personnellement pas d’avoir sacrifié une demi-journée de travail pour ce que je considère comme un engagement citoyen. Et devant une salle comble, j’ai eu plaisir à écouter des personnalités de haute facture : enseignants, chercheurs, cinéastes, poètes, journalistes… analyser voire disséquer sous toutes ses coutures ce phénomène nouveau qui essaime sournoisement mais dangereusement dans notre société et particulièrement au sein de notre jeunesse. Je veux dire le terrorisme islamiste.
«Femmes et hommes ensemble pour la défense des valeurs démocratiques»
Manifeste des intellectuels contre le terrorisme
Les organisateurs nous ont présenté la synthèse d’un travail collectif de réflexion et d’analyse piloté par une pléiade d’intellectuels tunisiens en amont du congrès et selon une démarche participative. Un travail que j’aurais volontiers intitulé «Du traitement culturel du terrorisme». Oui, la culture doit figurer en première ligne dans l’arsenal thérapeutique de cette pathologie. Et qui mieux que les intellectuels et les hommes de culture pour nous aider à comprendre ce mal, à en saisir les causes et à asseoir un diagnostic, condition sine qua non pour son extirpation. Et pour cause, ne sont-ils pas les premières cibles et victimes du terrorisme?
A la fin du Congrès, l’universitaire Dalenda Largueche a procédé à la lecture du «Manifeste des intellectuels contre le terrorisme». Il conclut à la nécessité pour l’Etat, les institutions économiques, sociales et culturelles, la société civile, la jeunesse et les intellectuels de réfléchir et d’agir sous des formes diverses pour reconstruire un pacte social partagé.
Les signataires du manifeste se déclarent par ailleurs mobilisés de façon durable en tant que collectif d’action et de propositions contre le terrorisme.
L’apparition du poète Sghaier Ouled Ahmed a provoqué un grand moment d’émotion parmi l’assistance.
Réseau tunisien de lutte contre le terrorisme
Gageons que cette louable initiative fera des émules et que d’ici quelques semaines naîtra le Réseau tunisien de lutte contre le terrorisme. Un réseau qui mobilisera tous les acteurs sociaux et particulièrement la jeunesse, qui investira les espaces médiatiques, les réseaux sociaux, les associations, les établissements éducatifs, les infrastructures sportives… afin de sensibiliser les jeunes et l’opinion publique aux «risques liés au repli identitaire et aux conceptions réductrices et dogmatiques de la religion et de l’histoire et de prémunir la société contre ce mal».
Ce réseau aura aussi pour mission de pousser les politiques à assumer pleinement leurs responsabilités dans cette «guerre» contre le terrorisme. Car la solution in fine est bien sûr éminemment politique, et faute d’un Etat de droit fondé sur la Constitution et d’une société libre, juste et égalitaire, le terrorisme continuera à prospérer et à exercer son pouvoir d’attraction sur une jeunesse en mal de vivre.
Mercredi 12 août 2015, un pas en avant dans la lutte contre le terrorisme a été fait. Il s’agit d’une étape dans un processus qui sera long et difficile, mais il ne tient qu’à nous de le faire aboutir. Avec la qualité des ressources humaines engagées dans cette lutte, le dynamisme affiché des intellectuels et leur volonté de s’unir et de mobiliser la population, nous pouvons raisonnablement dire que l’espoir est permis.
* Président de l’Aere (Association pour l’éducation au respect de l’environnement).
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