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Mohsen Marzouk: « Pas de machine arrière sur la réconciliation économique »

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Pour Mohsen Marzouk, le projet de loi sur la réconciliation économique sera examiné par l’Assemblée et non… par la rue.

Par Marwan Chahla

Réagissant aux manifestations hostiles à la réconciliation économique et financière, le secrétaire général de Nidaa Tounes, Mohsen Marzouk, a expliqué que le projet de loi y afférent a déjà emprunté la voie normale de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

C’est là que la partie devrait donc se jouer: l’exécutif est dans son rôle de soumettre des projets de loi; et les membres du législatif devraient, eux aussi, assumer leur part de responsabilité, en formulant leurs critiques, en proposant des amendements et en faisant les lois du pays, «en conformité avec la Constitution», s’est plu à rappeler M. Marzouk, mardi, au micro ‘‘Midi Show’’ sur Mosaïque FM.

Remettre à l’Etat l’argent mal acquis

«Entendons-nous bien sur cette question, insiste le secrétaire général de Nidaa Tounes. Il ne s’agit pas là de la réconciliation politique. Cette dernière est une affaire bel et bien classée. Elle a déjà eu lieu puisque, en octobre et décembre 2014, des élections libres et indépendantes ont été tenues, les urnes ont parlé et le peuple a choisi ses représentants. Ce que le président de la République vient de soumettre aux membres de l’ARP, c’est un projet de loi sur la réconciliation économique, c’est-à-dire que nous offrons l’opportunité à ceux d’entre les hommes d’affaires et les responsables de l’Etat qui ont fauté, dans ce domaine, de se présenter d’eux-mêmes, de reconnaitre leurs erreurs passées et de remettre à l’Etat l’argent mal acquis.»

Plus précisément, ajoute M. Marzouk, «nous ne parlons là que de réconciliation économique et financière, c’est-à-dire de faits et d’agissements qui n’ont rien à voir avec les privations de liberté, la répression des droits humains ou autres formes de violence physique ou morale. Que les choses soient bien claires entre nous: nous tentons, par cette initiative de la réconciliation économique et financière, de créer les mécanismes par lesquels l’argent qui a été volé au peuple lui soit restitué; et que cet argent ainsi récupéré puisse ainsi servir au développement des régions qui ont été longtemps oubliées, négligées… Un point et c’est tout.»

L’opposition en retard d’une analyse

Cinglant, sans cesser d’être modéré, le secrétaire général du Nidaa ne s’est pas privé de décocher une petite flèche à l’opposition, lui demandant d’évaluer elle-même «l’apport» de sa décision de descendre dans la rue, le 12 septembre. «C’est à eux (les dirigeants des partis de l’opposition, Ndlr), dit-il, de voir si oui ou non la protestation, sous cette forme-là, peut contribuer à faire avancer le débat. Pour notre part, nous avons dit et répété que l’Assemblée des représentants du peuple est là et que c’est le canal approprié pour le dialogue: c’est le lieu où les critiques, les amendements et les suggestions doivent être présentés.»

Autant dire, donc, que Nidaa Tounes, solidement soutenu par les 3 autres formations de la coalition gouvernementale – Ennahdha, Union patriotique libre et Afek Tounes –, qui disposent d’une confortable majorité à l’Assemblée, ne fera pas machine arrière sur cette question de la réconciliation économique, comme le demande l’opposition. D’autant que celle-ci, qui a trop présumé de sa capacité de mobilisation, a montré, lors des manifestations de samedi dernier, qu’elle est incapable de mobiliser la rue derrière ses mots d’ordre. Elle est, visiblement, en retard d’une analyse, car pour une majorité de Tunisiens, les interminables procès du passé ne mangent plus de pain. Ce qui compte, désormais, à leurs yeux, c’est de savoir de quoi sera fait leur avenir et celui de leurs enfants.

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