L’Uget, le syndicat estudiantin de gauche, librement et démocratiquement élu, veut imposer sa dictature aux étudiants.
Par Fatma Dhambri*
L’Uget a entamé l’année 2016 avec fracas. Mercredi 6 janvier 2016, ses membres, équipés de grosses chaines et de cadenas, ont bouclé le portail de la Faculté des lettres de Manouba et interdit l’accès de l’enceinte universitaire.
Le verdict du conseil scientifique de la Faculté est tombé dans la même journée et il est sans appel. Les examens du premier semestre n’auront pas lieu, les cours sont suspendus jusqu’à nouvel ordre et la majorité des étudiants, qui ont cru bon voter pour l’Union générale des étudiants de Tunisie (Uget, syndicat de gauche), par opposition à l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE, islamiste), viennent de se rendre compte qu’ils avaient fait un mauvais choix.
La raison qui aurait poussé l’Uget à entamer cette partie de bras-de-fer suicidaire avec le doyen Habib Kazdaghli se résumerait à l’annulation pure et simple du système du tirage au sort des matières à passer à l’examen.
Or, le système de la Faculté des lettres est déjà excessivement souple et flexible. Nos camarades dirigeants de l’Uget souhaiteraient «plus de rabais.» Par exemple: sur trois composantes d’une unité de valeur, l’étudiant est appelé à passer une épreuve par tirage au sort.
Plus coulant que cela, j’ai du mal à imaginer qu’il en existe!
L’Uget a poussé la surenchère encore plus loin (encore plus bas!) en revendiquant que les étudiants sachent assez à l’avance quelle discipline sera passée.
Plantés devant le portail fermé à double tour, la majorité (silencieuse) des étudiants a du mal à réaliser ce qui lui arrivait.
Des étudiant(e)s de l’Uget empêchent leurs camarades d’accéder à la Faculté et de passer leurs examens.
Il est inutile d’évoquer, ici, les sacrifices consentis par les étudiants durant les vacances d’hiver pour se consacrer entièrement à leur révision. Il serait également inutile de rappeler que certains d’entre eux sont venus de très loin pour être au rendez-vous du 6 janvier 2016. Inutile de se lamenter sur tant d’autres difficultés…
En arrivant, tout le monde ou presque a été désagréablement surpris. Le jeu était déjà joué : la veille, le doyen et les représentants de l’Uget n’ont pas trouvé de terrain d’entente. Dans la nuit du 5 au 6 janvier, l’Uget, sur sa page Facebook, a soumis l’idée du boycott des examens au vote de «ses adhérents».
Un responsable de l’Uget nous a déclaré : «500 étudiants ont appuyé le boycott.» Je m’interroge sur le poids de ce vote comparé à un total plus de 10.000 étudiants.
Voici où nous en sommes aujourd’hui: l’Uget, que nous avons librement et démocratiquement élue, nous a menés dans cette impasse et le prix de cet exercice démocratique, nous venons de le réaliser, a été coûteux. Il le sera encore plus car la solution envisageable serait de faire appel aux forces de l’ordre pour stabiliser la situation et pour que les choses reprennent leur cours normal.
Etrange tournure que vient de prendre la révolution de janvier 2011: remplacer la matraque du policier par la dictature de l’Uget!
*Etudiante à la Faculté des lettres de la Manouba.
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