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Musique : La Pologne aux Nuits du Bardo

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Il n’y a pas mieux qu’un récital de piano pour célébrer la vie sur le lieu même où, un an auparavant, du sang a coulé: le musée du Bardo.

Par Anouar Hnaine

Apparemment, la manifestation les Nuits du Bardo retentit avec les meilleurs effets. Nous avons assisté à la première partie de la soirée du mardi 22 mars, estimant que la musique romantique classique serait peu compatible dans une même soirée avec la musique arabe orientale présentée en deuxième partie et non inscrite au programme.

Salle pleine et pianiste virtuose. Wojciech Waleczek a choisi un programme exclusivement polonais. Titulaire de plusieurs prix internationaux, son parcours riche de prix et de distinctions atteste la valeur d’un artiste qui a passé le plus clair de son temps à son piano.

Il est fier mais aussi très ému «de se produire dans cette enceinte où a eu lieu le drame qui a fait tant couler de sang et d’encre», a-t-il dit, par allusion à l’attaque terroriste du 18 mars 2015, au musée du Bardo (21 morts de nombreuses nationalités). Voilà, musicien et spectateurs veillés par les victimes et les héros de l’innommable tragédie.

Une minute de silence à la mémoire des victimes des attaques terroristes de Bruxelles, la semaine écoulée, et l’entrée sans transition du pianiste.

On aurait souhaité une courte présentation, un mot de bienvenue du conservateur ou d’un responsable, deux, trois phrases sur le contexte, le lieu, sur la manifestation, sur le programme…

Départ avec Chopin, le plus polonais des musiciens, Waleczeck, smoking noir et noeud papillon, donne le ton de la rencontre : romantisme, une composante cardinale de l’univers musical polonais.

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‘‘Variations brillantes op 12’’ de Chopin. Il a ce côté incisif. Parfois, il part dans une incandescence incontrôlable, déluge de notes qui montent en l’air, piano sec et clinquant, nous semble-t-il, au début. Waleczek est habité par sa musique, pied appuyé sur les pédales, yeux fermés et corps penché : il est ailleurs et s’y sent apparemment bien.

‘‘Trois valses, op. 34’’, le public, du moins une partie, reconnait l’air. Les valses (Chopin en a composé 17) sont parmi les œuvres les plus connues. Adhésion, ça prend, on écoute avec concentration et puis… une rumeur au fonds, ça discute à haute voix, personne n’est là pour intervenir, piano et voix sourdes des employés du musée : stéréo mal accepté, un ministre au premier rang se lève pour demander de mettre de l’ordre.

Le pianiste est tout à son affaire. Des thèmes d’amour de films : ‘‘Dracula’’, ‘‘Vocalise’’, ‘‘La Neuvième Porte’’, ‘‘Le Pianiste’’… La Valse du film ‘‘La Terre promise’’. Retour à Chopin à travers son compatriote Franz Liszt, ‘‘Six chants polonais op74’’ qui expriment : «Souhait de jeune fille, Le Printemps, La Petite vague, Bacchanale…», etc.

Le public adhère. Sur les bords de la scène, les personnels et autres visiteurs continuent à bavarder à voix haute, moments de gêne, aucun responsable pour arrêter le bourdonnement.

La sérénade de ‘‘Don Juan (Les masques)’’ de Szymanowski clôt le concert. Applaudissements.

On avait souhaité écouter le ‘‘Chant du muezzin amoureux’’ du même Szymanowski, œuvre utile par les temps de fracture de civilisation, qui exprime ce qu’on appelle l’union de l’Orient et de l’Occident. «Ah ! Vous deviez me proposer ça monsieur», nous dit Waleczek dans le hall.

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