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Slim Riahi dénonce «l’accaparement du pouvoir» par Caïd Essebsi

N’étant plus le décideur qu’il aurait souhaité être et voyant son UPL presque laminée, Slim Raïhi s’est rangé dans l’opposition pour dénoncer «l’accaparement du pouvoir» par Béji Caïd Essebsi.

L’homme d’affaires, président du Club africain et président de l’Union patriotique libre (UPL) Slim Raïhi ne décolère pas. Dimanche soir, invité de l’émission ‘‘Liman Yajro Fakat’’, il en est arrivé à avouer publiquement qu’il a déchiré sa copie du Document de Carthage, le texte fondateur du gouvernement d’union nationale de Youssef Chahed, dont il était l’un des signataires.

Présenté par l’animateur de l’émission, l’inénarrable Samir El-Wafi, comme «le grand invité, le grand homme politique qui, d’habitude, ne parle pas beaucoup, mais qui, lorsqu’il prend la parole, c’est qu’il en a sur le cœur, c’est qu’il a quelque chose d’important à dire aux Tunisiens», Slim Raïhi n’a pas mâché ses mots et déclaré clairement que «plus rien ne va» entre lui et le président Béji Caïd Essebsi (BCE).

En effet, l’homme dont la carrière politique est très souvent associée à la célèbre «rencontre de Paris», en 2013, entre BCE et le chef des islamistes Rached Ghannouchi, ne décolère pas et en arrive aujourd’hui à rejeter de la manière la plus catégorique «la supercherie» du Document de Carthage, cet accord dont il a été «le premier et le plus fervent soutien, alors que d’autres hésitaient encore à le faire.»

Pour lui, plus ou moins 100 jours après l’entrée en fonction du chef du gouvernement Youssef Chahed, «il est devenu clair qu’il y a eu fausse donne, et le gouvernement d’union nationale n’a plus aucun sens: il n’a pas de vision, il n’a pas de soutien, il est pris à partie par tout le monde…»

«On reprochait à Habib Essid d’être un technocrate, et voilà que M. Chahed s’est mis tout le monde à dos – les avocats, les médecins, les pharmaciens, les syndicats, que sais-je encore. D’ailleurs, sa Loi des Finances 2017 a été adoptée au forceps: seulement 122 membres de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont voté pour», a rappelé le président de l’UPL, qui dénonce une «rupture de contrat» car, selon lui, «il y a eu accord, au départ, qu’on allait étudier les faiblesses du gouvernement Essid, qu’on allait y remédier, qu’on allait tous ensemble adopter un certain nombre de mesures. Or, ce qui s’est passé, par la suite, n’a pas du tout était conforme à cet arrangement: l’actuel chef du gouvernement a demandé à ce qu’on lui envoie des CV et l’affaire s’était arrêtée là. Sans fournir de plus amples détails, je dis tout simplement que la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui est celle d’un premier ministre – et non pas un chef de gouvernement – qui reçoit des ordres du Palais de Carthage, ni plus ni moins.»

Slim Raïhi va jusqu’à estimer, avec précision, la distribution du pouvoir décisionnel dans le pays en accordant 5% au Premier ministre, à la Kasbah, et le reste, c’est-à-dire 95%, au président de la république!

«Les choses ne devraient pas se dérouler ainsi», s’indigne-t-il, «car notre système n’est pas un système présidentiel. Et si nous souhaitons qu’il le devienne, il nous faudrait recourir à une consultation référendaire. Il nous faudrait commencer par un changement de la constitution…»

D’ailleurs, au passage, le président de l’UPL n’a pas manqué de faire allusion au fait que, physiquement, «l’on serait en train de trop demander au chef de l’Etat: il faut 15, 18 ou 20 heures de travail par jour, pour gérer les affaires de la présidence de la république et celles de la présidence du gouvernement. Ce serait trop pour une seule personne assistée par la petite équipe de conseillers du Palais de Carthage…»

Le verdict de Slim Raïhi est sans appel: «Ce sont bien M. Caïd Essebsi et son chef de cabinet qui donnent des ordres à M. Chahed. Ceci est une certitude à 100% et j’en veux pour preuve le fait que le président de la république lui-même ait déclaré que le peuple tunisien souhaite avoir un système présidentiel. Et c’est pour cette raison que nous avons décidé de nous tenir à l’écart.»

Et l’UPL de Slim Raïhi de s’installer résolument dans l’opposition et de s’activer pour la formation d’un front, qu’unirait «une vision commune» (dixit le président de l’UPL), afin de préparer les prochains scrutins électoraux, les municipales, les législatives et la présidentielle.

Marwan Chahla

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