Le 8e congrès de l’Afturd a été l’occasion de faire un bilan de 25 ans de luttes féministes et d’examiner le contexte de la transition démocratique en cours en Tunisie.
L’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (Afturd) a tenu son 8e Congrès à Tunis les 17 et 18 décembre 2016, qui a constaté l’ancrage des interventions de l’association féministe dans la nouvelle réalité tunisienne et la consolidation de ses actions à travers le lien entre son projet scientifique de production de connaissances et son projet politique d’instauration de l’égalité pour les femmes.
L’association féministe, qui a plus d’un quart de siècle d’existence et d’activité militante, a encore consolidé, durant le mandat 2013-2016, sa position d’acteur majeur de la société civile et particulièrement dans la recherche et l’action féministe.
Créée le 13 janvier 1989, l’association a pour mission de promouvoir la culture de l’égalité et de la citoyenneté effective des femmes, essentiellement à travers les études, le plaidoyer, la formation, la sensibilisation et la recherches-action.
Après la révolution du 14 janvier 2011, l’Afturd a fait face à de nouveaux enjeux et défis et adapté ses interventions pour mieux répondre aux besoins urgents imposés par le contexte et la nouvelle réalité tunisienne : mobilisation pour les droits humains et les droits des femmes, actions en faveur du développement avec les femmes, soutien aux Ong locales…
L’Association a ainsi, durant cette période, contribué à la dynamique qui a permis la promulgation de la nouvelle constitution tunisienne par la mobilisation à divers niveaux. Elle a ainsi développé avec d’autres une vigilance citoyenne tout au long du processus constitutionnel (débats, sensibilisation, plaidoyer…) et a été active à l’occasion des élections législatives et présidentielles de 2014 pour inciter les femmes à s’impliquer dans le processus électoral, de l’observation à la candidature.
Dans la perspective des élections municipales, l’association s’est engagée à vulgariser les apports de la constitution concernant le pouvoir local dans l’objectif d’encourager et de développer la participation des femmes à la gouvernance locale.
Un guide, intitulé ‘‘Le pouvoir local dans la Constitution 2014’’, a ainsi été publié, et de nombreuses formations sur l’approche genre et sur la parité dans les projets de loi électorale et dans le code des collectivités locales ont été organisées.
Par ailleurs, l’Afturd qui, depuis 10 ans, s’est engagée dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes, a continué sur sa lancée en développant une stratégie sur plusieurs volets : appui au projet de loi intégrale de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles; le renforcement du travail d’écoute et d’orientation des guichets (tel que l’Espace Tanassof); le développement d’un nouvel axe de recherche et de collecte de données en réseau sur cette thématique; la diffusion de nouveaux outils de sensibilisation et extension de cette action aux régions.
Cette expérience a permis à l’Afturd d’être tout à fait indiquée pour prendre en charge la gestion du premier centre national d’hébergement de femmes victimes de violence relevant du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance (l’Espace Tamkin).
Quant au domaine socio-économique, l’Afturd a contribué à renforcer l’empowerment des femmes à l’échelle individuelle et à l’échelle collective en accompagnant les femmes rurales en particulier dans la création d’associations ou de projets économiques (tel que le Centre de Solidarité de Jendouba et le projet d’économie sociale et solidaire des femmes d’El-Feija). Elle a mis également son expertise au service d’associations locales notamment pour organiser des femmes agricultrices en groupement de développement agricole.
L’association a su développer des partenariats durables avec un ensemble d’acteurs nationaux (ATFD, Beity, LET, AFC Le Kef, Massarat Nissaya Jedouba, Manifeste Béja, LTDH, FTDES…) et internationaux (Oxfam, Danner, la Fondation Friedrich Ebert, Equitas, l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, la Fondation pour le Futur, l’IFE-EFI…) et a signé des conventions de coopération avec le CAPJC, le ministère de l’Education, le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, l’ONFP…
Le congrès s’est achevé par l’adoption de nouvelles orientations stratégiques articulées principalement autour de la production d’une connaissance crédible et avoir des messages pertinents; la promotion du projet politique des femmes et la vigilance quant à l’élaboration des lois en harmonie avec les principes de la constitution; l’inscription de sa vision dans les actions de développement, d’éducation, dans la culture et les médias; la poursuite de la lutte contre les violences faites aux femmes; et le renforcement de la présence de l’association dans les régions et auprès des jeunes.
Le congrès a, par ailleurs, élu son nouveau comité directeur composé de Salwa Kennou-Sebei, présidente; Mounira Hammami, secrétaire générale; Moufida Abassi, trésorière; Karima Saïdi, Hasna Ben Slimane, Ismahane Ben Taleb, Nejma Aouadi (membres).
Source : Communiqué.
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