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De Ksar Saïd à Tourbet El Bey : L’Histoire sans falsification


Il n’y a pas plus réjouissant, plus enrichissant et plus inspirant que la passion de l’Histoire, mais une Histoire écrite sans passion et sans falsification.

Par Chedly Mamoghli *

La journée du jeudi 16 février 2017 a été pour moi le moins que l’on puisse dire un voyage dans le temps.

D’abord, j’ai tenu à visiter l’exposition ‘‘L’éveil d’une nation’’ qui entre dans ses derniers jours.** Hélas, je n’ai pas eu le temps d’y aller plutôt. Avec un ami, on a pu se libérer et on y est allé. Tout a été dit à propos de cette exposition. Ce qui est présenté, sa qualité et son organisation sont exemplaires. Également, ce qui doit être salué c’est qu’il n’y pas de falsification de l’Histoire. Chose rare chez nous!

Kheïreddine Pacha, le ministre réformateur. 

Durant très longtemps et encore aujourd’hui dans certains pays arabes, les gouvernants en place et les régimes qui se sont succédé ont fait table rase du passé. Chacun s’est efforcé à effacer les traces de ses prédécesseurs et à pervertir leur image dans la mémoire collective. Le nihilisme est un atavisme dans nos contrées. Il a atteint son paroxysme avec l’élimination physique en 1958 des Hachémites d’Irak par les putschistes qui ont utilisé la méthode stalinienne. Par conséquent, faire la lumière sur le passé d’une nation est une entreprise noble.

Ce qui faisait le plus plaisir, c’était la présence d’un bon nombre d’écoliers. Ils étaient ébahis par le trône husseinite!

Après le déjeuner, nous sommes partis pour une balade à la médina de Tunis et par un concours de circonstances, quelques temps après, on s’est retrouvé à l’intérieur de Tourbet El Bey, la nécropole royale. Jusque-là, je suis seulement passé à deux reprises devant le monument. À l’intérieur, c’est un autre monde. L’Histoire se fige.

Immense, beaucoup plus grande que ce qu’elle ne paraît de l’extérieur et tout était beau mais simple, très simple comparée aux autres nécropoles royales du monde. Des tombeaux en marbre blanc ni plus ni moins. C’est cette conjugaison de beauté et de simplicité qui fait la majesté des lieux. Très classe.

Des salles où sont enterrées les princesses, d’autres où sont inhumés les princes. Et, enfin, la salle où sont enterrés les souverains et le saint Sidi Hassen Chérif.

Tourbet El Bey, la nécropole royale au coeur de la médina de Tunis. 

Sincèrement, se retrouver entre Ahmed Bey qui a aboli l’esclavage, M’hammed Bey qui a proclamé le Pacte fondamental عهد الأمان en 1857 et le grand Hamouda Pacha, c’est quelque chose! Ceux-là même dont nous admirions les portraits au palais de Ksar Saïd quelques heures auparavant!

C’était une belle journée marquée sous le sceau de l’Histoire. Le lendemain matin ce fut le retour à la réalité, aux aléas de la vie et à ce que vit actuellement le pays. C’était ainsi une journée très agréable qui sortait de l’ordinaire. Il n’y a pas plus réjouissant, plus enrichissant et plus inspirant que la passion de l’Histoire.

À la fin, je voudrai dire mon amitié à mes copains monarchistes – pour ceux qui ne le savent pas, ils sont là, ils ont le courage de leurs opinions et ont leurs arguments – et je leur dire petit message : «Je ne suis toujours pas monarchiste mais votre combat pour réécrire objectivement et correctement notre Histoire sans falsification est aussi le mien».

* Juriste.

** Cette exposition, organisée conjointement par la Fondation Rambourg Tunisie, l’Institut national du patrimoine (INP) et le ministère des Affaires culturelles de Tunisie, devra, en effet, s’achever le 27 février 2017.

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