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Cannabis : Mettre fin aux ravages de la «fumeuse loi 52»

Il est temps pour la Tunisie de dépénaliser la consommation de cannabis («zatla») pour sauver ses jeunes de l’horreur de la prison, l’un des plus courts chemins vers la radicalisation.

Par Djemaa Chraiti *

En Tunisie, se discute la dépénalisation de la consommation de cannabis («zatla»). Une loi promulguée en mai 1992, sous le règne de Ben Ali, appelée «loi 92-52», en phase d’être abrogée, permettrait de faire de la place dans les prisons surchargées à ceux qui doivent y être, c’est-à-dire les vrais criminels.

Fumer un joint sans foin

Les jeunes fumeurs incarcérés représentent un tiers de la population carcérale. Même le papier à tabac est un prétexte à emprisonnement car, forcément, pour la police, on ne peut que rouler un joint avec.

Autre phénomène plus grave, un jeune rentre en prison pour un joint et en ressort totalement enfumé par la propagande religieuse des radicalisé qui s’y trouvent.

Il n’y a pas de fumée sans feu, force est de constater que les prisons sont les premiers lieux de radicalisation. Des milliers de Tunisiens sont actuellement en prison et peuvent être incarcérés durant un an et devoir payer une amende de 1000 dinars.

Un jeune qui se retrouve à frayer avec de vrais criminels ou des radicalisés pour avoir tiré sur un pétard, cela revient à dire que dépénaliser le cannabis c’est lutter contre la radicalisation des jeunes en prison.

Cette réflexion pourrait s’étendre à l’Europe où la prison pour les jeunes est un lieu de prosélytisme dangereux et de rappeler que la Tunisie compte le plus grand nombre, rapporté à la population, de jeunes partis combattre en Syrie. Un lien est plausible entre les deux situations.

La loi liberticide n’a en rien diminué la consommation, bien au contraire, 120.000 jeunes tunisiens ont vu leur vie basculer. A fin décembre 2016, plus de 7000 jeunes avaient été condamnés dont 3.000 sont en détention préventive. Il serait préférable d’opter pour une prévention des addictions qu’une politique répressive qui ne résout en rien le problème.

Tout en restant opposée à toute forme d’addiction, parce qu’elle est une entrave à la liberté et rend esclave, j’appelle à abandonner d’urgence cette loi qui permettait à la répression sous Ben Ali d’arrêter tout artiste opposant sous prétexte qu’il consommait de la drogue, une autre façon de réduire au silence notamment de nombreux rappeurs. Décriminaliser la consommation des stupéfiants et mettre fin à la «fumeuse loi 52» dégradante pour cesser de priver des jeunes de leur liberté, de leur avenir et de leur dignité.

Espérons que la Tunisie saura donner une impulsion nouvelle à ses jeunes qui même derrière leur écran de fumée continuent à rêver d’un avenir meilleur.

Vive la jeunesse tunisienne, elle est l’avenir du pays, n’enfermons pas cet avenir derrière des barreaux mais donnons lui des ailes.

* Activiste de la société civile et blogueuse tuniso-suisse.

Blog de l’auteure.

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