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Tunisie : La marijuana va-t-elle remplacer la tomate ?

La culture de la marijuana est-elle en passe de devenir une filière porteuse de… l’agriculture tunisienne ? La question mérite d’être posée sérieusement.

Par Hassen Mzoughi

La police a découvert, lundi 10 juillet 2017, de la marijuana plantée dans une rive de l’oued Méliane, près de Radès, banlieue sud de Tunis.

Dans un communiqué publié mardi 11 juillet, le ministère de l’Intérieur révèle que, dans le cadre de la lutte menée notamment contre le trafic de stupéfiants en tout genre, la police a localisé un terreau contenant 16 plants de marijuana.

Après enquête et surveillance permanente, la police a arrêté un individu qui se rendait fréquemment sur les lieux. La cinquantaine tapante, il habite une maison qui donne directement sur le lieu.

Le ministère public a ordonné sa mise en arrestation pour «plantation d’herbes stupéfiantes à des fins commerciales».

Hier, les unités de la police à Bizerte ont arrêté un militaire retraité recherché pour culture de marijuana dans sa maison dans la région de Borj Taleb.

Des centaines de plants

Ce n’est pas la première fois que des plants de stupéfiants sont découverts en «culture privée» à travers différentes régions du pays.

Récemment dans la région de Nabeul un véritable «champ» de marijuana a été découvert. Des centaines de plants ont été trouvés par les services de sécurité, disséminés à travers les arbres fruitiers.

Au lieu de planter des tomates et autres légumes et fruits de saison, le propriétaire du champ a opté pour la marijuana, à l’évidence plus rentable et moins «coûteuse» en investissement.

La plantation des herbes stupéfiantes telles que la marijuana a pris de l’ampleur en Tunisie ces dernières années devenant une pratique assez répandue.

Plutôt connu comme un pays de consommation, la Tunisie est en passe de devenir un producteur comme en témoignent les plants de stupéfiants de plus en plus nombreux découverts un peu partout dans le pays.

«Flexibilité» législative

Le risque y est, et il n’y a aucun intérêt à le cacher : au rythme où va le phénomène, cela pourrait aboutir à une forte propagation de la culture de stupéfiants, au détriment de l’agriculture, avec tous les dangers possibles pour la sécurité économique et sociale. Nombreux sont ceux qui estiment que l’option sécuritaire et la répression est la plus recommandée. Mais à en juger par la propagation du phénomène, la répression ne peut pas tout régler. Des spécialistes recommandent un travail de sensibilisation en amont en mettant l’accent sur la prévention.

En revanche le problème remet sur la table l’intérêt d’une «flexibilité» législative en matière de consommation et de commercialisation des stupéfiants.

Le plus logique n’est-il pas la mise en place de moyens pour couper «l’herbe» sous les pieds des «clandestins» et ne pas leur laisser l’initiative pour faire prospérer leur commerce.

C’est comme la vente de boissons alcoolisées, le fait qu’elles soient interdites dans certains endroits favorise la vente clandestine. D’ailleurs la course effrénée aux autorisations de vente légale de boissons alcoolisées (en raison de la forte demande) donne lieu au clientélisme et à la corruption.

L’Etat est appelé à agir tout en prenant connaissance des expériences menées dans d’autres pays dans le domaine pour juguler la vente clandestine aussi bien des stupéfiants que des boissons alcoolisées.

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