Le général Rachid Ammar a appelé à retirer le titre d’ex-président de la république et chef suprême des forces armées à Moncef Marzouki.
Par Hassen Mzoughi
Dans une interview accordée à ‘‘Akher Khabar’’, l’ex-chef d’état major des armées, considère comme «une falsification des faits» les déclarations de l’ex-président provisoire à propos de l’attaque contre l’ambassade des Etats unis, en septembre 2012, ne manquant pas d’exprimer son «profond étonnement» devant de tels propos.
Rien que pour ces «falsifications» et «les atteintes» aux corps des armées et de la sécurité intérieure, Moncef Marzouki s’est de lui-même dessaisi de son rang au sein de l’Etat, a-t-il dit.
«Marzouki et son entourage avaient demandé à déployer des Marines américains lors de l’attaque contre l’ambassade américaine. Suite à cette demande, j’avais informé le ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi que si une telle décision était prise, il ordonnerait de tirer sur tout avion américain qui parachuterait des Marines en Tunisie», a déclaré le général Ammar.
L’ex-chef d’état major des armées a par ailleurs confirmé tout ce qui a été dit par l’ancien ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi, concernant les tentatives de Marzouki de les convaincre d’autoriser le déploiement des Marines US.
Rachid Ammar au second rang derrière Mustapha Ben Jaâfar, Moncef Marzouki et Hamadi Jebali.
Réagissant aux propos de Moncef Marzouki sur la chaîne Al Jazeera, l’ancien ministre de la Défense a indiqué, de son côté, que c’est lui qui a refusé toute intervention sur le territoire tunisien de Marines américains après avoir reçu un appel d’Imed Daimi, alors chef de cabinet de Moncef Marzouki, demandant l’autorisation d’entrée des militaires américains sur le sol tunisien (sur demande de responsables américains dont la secrétaire d’Etat Hilary Clinton).
M. Zbidi affirme avoir exigé une demande officielle écrite qui arrivera à 23 heures, le 14 septembre 2012. À 2 heures du matin, 300 Marines étaient là, a-t-il affirmé. Mais, face à son refus et à celui du général Rachid Ammar, seulement une dizaine a pu entrer sur le sol tunisien uniquement en qualité d’agents de sécurité de l’ambassade américaine.
Ali Lârayedh, ministre de l’Intérieur lors de l’attaque de l’ambassade américaine par des extrémistes religieux, a lui aussi démenti les propos de Marzouki sur la chaîne Al Jazeera selon lesquelles seule la garde présidentielle était intervenue et mis fin à l’attaque et que les autres corps de sécurité ainsi que l’armée ont fait preuve d’une étrange et douteuse apathie.
Le général Rachid Ammar et Abdelkrim Zbidi avec Leon Panetta, secrétaire d’Etat américain à la Défense, le 29 juillet 2012, quelques semaines avant l’attaque.
Selon Ali Lârayedh, tout le corps sécuritaire (y compris la brigade anti-terroriste) a été engagée afin de mettre fin à l’attaque.
Ne s’arrêtant pas seulement sur le contenu des déclarations de l’ancien président, l’ancien ministre de l’Intérieur s’interroge sur le moment choisi par ce dernier pour faire cette annonce, un timing qui lui semble suspect.
Il a également nié être au courant d’une quelconque intention de la part des Américains d’envoyer leurs troupes sur le sol tunisien.
L’entretien de l’ancien président avec la chaîne Al Jazeera, où il accuse des hauts responsables de l’Etat d’indifférence et de laxisme, voire même de complot anti-américain, s’attribuant à lui-même le bon rôle, au mépris des faits, a suscité de vives polémiques. Et c’était prévisible, car ses propos sur la disparition totale des forces de l’ordre au moment de l’attaque de l’ambassade américaine sont formellement démentis par les documents (photos, vidéos, etc.), ainsi que par les témoignages des principaux acteurs et témoins oculaires.
Mais les Tunisiens se sont habitués, et commencent même à se lasser, de ces sorties médiatiques intempestives de l’ancien président par intérim, qui, déshonorant son statut d’ancien chef d’Etat, aime se pavaner sur les plateaux de télévision, et particulièrement la chaîne Qatarie Al Jazeera, aux largesses de laquelle il émarge, pour réécrire «son» histoire, en déformant les faits et en s’attaquant à certains de ses anciens collaborateurs.
Comment rappeler cet homme imprévisible et impulsif à ses responsabilités sinon qu’en prenant des mesures fermes à son encontre ?
La loi tunisienne ne prévoit certes aucune sanction à l’encontre d’un ancien chef d’Etat qui se dérobe à ses responsabilités et porte atteinte à son pays. Il faudrait peut-être penser sérieusement à mettre en place un mécanisme de «destitution» d’un ex-président, car M. Marzouki ne va pas arrêter son cirque et Dieu sait les écarts qu’il est encore capable de commettre.
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