Seuls 4 établissements touristiques se sont vu attribuer le nouveau label qualité du tourisme tunisien. Mais l’opération n’est qu’à ses débuts.
Par Hamma Hanachi
Les chiffres sont là, qui témoignent de la relance du secteur touristique tunisien: jusqu’à fin août dernier, +36% d’arrivées, +19% de recettes (588 millions d’euros), alors que l’arrière-saison est prometteuse et que les professionnels affichent un optimisme apparent quant à l’avenir de la destination.
Par ailleurs, des initiatives sont prises pour développer, promouvoir, améliorer et surtout diversifier le produit. L’une d’elle vient de voir le jour, il s’agit de la conception d’un label qualité.
L’ambassadeur Patrice Bergamini.
Sur la voie de la qualité totale
Sous un titre long comme le bras « Appui à la mise en place d’un dispositif de promotion de la qualité dans le secteur touristique», le ministère du Tourisme et de l’Artisanat a organisé, le 5 septembre courant, un séminaire portant sur le nouveau label qualité, aboutissement d’un long parcours de recherche entre l’Office nationale du tourisme tunisien (ONTT), la France et l’Autriche.
La culture de la qualité? Cela fait des décennies que l’administration, les professionnels et les créatifs en parlent, un sujet sans fin tant il est complexe et évolutif.
A quoi correspond ce nouveau label ? Dans son allocution, Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme, souligne : «Nous demeurons convaincus que le tourisme tunisien n’a aujourd’hui d’autres choix que d’investir la voie de la qualité totale, c’est ce choix qui donnera au produit tunisien d’énormes capacités de résilience et de compétitivité face aux aléas de la conjoncture». Ce à quoi, Patrice Bergamini, ambassadeur de l’Union européenne (UE) à Tunis, dans un discours généreux, ajoute : «La Tunisie vit une expérience unique dans le monde, elle résiste et porte l’espoir de tous les changements. Les propositions du président Caïd Essebsi sur l’égalité dans l’héritage entre l’homme et la femme en est l’exemple. Tous les pays européens en sont conscients», a-t-il lancé, avant d’enchaîner sir le sujet du jour : «Le tourisme qui occupe une place majeure dans l’économie a besoin d’un appui matériel pour développer de nouvelles pistes, je citerai en premier lieu le tourisme solidaire».
Selma Elloumi Rekik.
Laurent Viguier, ministre conseiller à l’ambassade de France, Constanze Mantsch, conseiller consulaire à l’ambassade d’Autriche ont appuyé chacun à sa façon ce constat.
Résilience et tourisme alternatif
Deux termes ont dominé les discours des uns et des autres : résilience et tourisme alternatif.
Le premier terme est nouveau dans le jargon du métier (il a de beaux jours devant lui), désignant la capacité de revenir d’un état post-traumatique. Espérons qu’il s’accorde justement à la situation actuelle du tourisme tunisien qui traverse une crise, à la fois structurelle et conjoncturelle, depuis la révolution du 14 janvier 2011.
Le second s’appuie sur des constats énoncés depuis longtemps : il concerne la diversification du produit.
Jusque là, seule la «niche» maisons d’hôtes a été explorée et développée tant bien que mal. Les autres niches tels le tourisme écologique, gastronomique, pédestre, archéologique, musical, vinicole… Bref un tourisme qui implique la contribution du citoyen de la ville, de la campagne, de la montagne… à l’économie du secteur.
Néji Ben Othman, directeur de l’ONTT nous a fourni les aspects de ce fameux label qualité dégagé. «La démarche pour adhérer au label qualité est volontaire. C’est une démarche originale adaptée à la réalité tunisienne», souligne-t-il.
Ce label qualité vient couronner un examen approfondi pour identifier les points faibles du secteur. Pilotée par des bureaux en France et en Tunisie, cette étude a nécessité pas moins de 2 ans de travail dont 600 journées d’expertise concernant 18 professions liées au secteur et ses ramifications, des allers-retours en France et en Autriche, et une somme de 1,4 millions d’euros.
Notons que cinq secteurs d’activités sont concernés par ce nouveau label qualité : les agences de voyages de type A, les hôtels et les hôtels de charme, les maisons d’hôtes et les gîtes ruraux, les restaurants touristiques, et les lieux de visite ou de découverte (sites, musées, etc.), mais la liste n’est pas close, nous dit-on.
De son côté, Moez Karoui, membre de l’organisme qui gère le label qualité à l’ONTT, a fait savoir que le comité a examiné 30 demandes d’adhésion au label, seuls 4 établissements ont été choisis à qui la ministre a remis les labels. Il s’agit du restaurant La Méditerranée à Port El Kantaoui, de la maison d’hôtes Dar Bibine à Djerba, du restaurant Haroun à Djerba et de l’hôtel Dar El Marsa à la Marsa.
Parions que ce label qualité va faire courir les professionnels de tous bords, mais la question reste toujours posée : les critères qu’énoncent les articles seraient-ils observés ? Deuxième question : les responsables de contrôle vont-ils appliquer scrupuleusement leur droit de retirer les labels en cas de défaillance ou non?
Soyons optimistes, n’ajoutons pas d’autres interrogations.
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