Sous le titre «Les perspectives économiques en Tunisie en quatre graphiques», l’agence EIN Newsdesk dresse un état des lieux de l’économie tunisienne. S’appuyant sur des données officielles et des prévisions du FMI, le tableau ainsi obtenu est rassurant…
Certes, il ne s’agit pas d’une embellie totale, mais l’espoir est permis – si l’on y la bonne volonté qu’il faut.
L’équipe de l’EIN News en veut pour preuves les bons résultats enregistrés par l’agriculture et le tourisme, «qui ont atteint des niveaux observés pour la dernière fois en 2010» et qui sont le moteur principal de la reprise de la croissance en Tunisie –les 2,8% du 2e trimestre de 2018, contre 2,5% du 1er trimestre.
La bête noire de l’inflation a reculé, pour revenir à 7,5%, et le déficit extérieur courant –à savoir, lorsqu’un pays importe plus de biens, de services et de capitaux qu’il n’en exporte– a augmenté d’un point de pourcentage du PIB. La croissance est là, selon EIN Newsdesk, et il s’agit de la préserver par: les réformes du système de compensation de l’énergie, des contrôles plus stricts du recrutement et des salaires dans la fonction publique, la réforme des pensions et la hausse des taux d’intérêt afin de contenir l’inflation.
«De réels progrès ont été accomplis», estiment les experts de l’EIN, citant à titre d’exemple la décision de mettre en œuvre un ajustement régulier des prix des carburants en vue d’atténuer l’impact du choc de la hausse des cours mondiaux du pétrole. Le gouvernement a également introduit une politique avisée d’adjudications de devises afin de soutenir la liquidité sur le marché.
En outre, la loi adoptée en juillet dernier permettra à l’Instance nationale de la lutte contre la corruption (INLCC) devrait permettre à cette dernière de suivre de près les biens et les richesses des hauts responsables de l’Etat. Cette mesure aura le mérite de renforcer la transparence des rouages de l’Etat et de renforcer la confiance des citoyens dans la bonne gouvernance des affaires publiques et de réduire les risques de corruption et de l’enrichissement illicite.
Voici quatre graphiques qui soulignent les différents aspects de l’activité économique tunisienne:
. Entraînée par les secteurs agricole et du tourisme, la croissance du PIB, en termes réels, est en mesure d’atteindre les 2,6%, en 2018. De fait, la croissance n’a cessé de s’améliorer durant les trois derniers trimestres, indiquant clairement une certaine robustesse de la reprise économique. Cette relance de la croissance est la résultante du bon comportement du secteur agricole (+9%) et celui des services (+3,6%). Ce dernier est porté par les performances encourageantes de l’industrie du tourisme, des transports et des services financiers.
Une reprise plus solide est en bonne voie
Entraîné par l’agriculture et le tourisme, la croissance réelle du PIB atteindra les 2,6% en 2018.
(en pourcentages)
. En dépit de l’étroitesse de la marge de manœuvre pour une plus ample réforme fiscale, étant donné la mise à exécution d’un ensemble ambitieux de dispositions fiscales en 2018, l’élimination progressive des crédits d’impôts des fonctionnaires augmentera, l’année prochaine, le produit de l’impôt sur le revenu. Poursuivant sur sa lancée, le gouvernement envisage d’inclure dans son projet de Loi de finances 2019 deux nouvelles mesures dont l’importance réside bien plus dans leur qualité de justice que dans leur impact immédiat.
Premièrement, il y aura l’élimination, en 2019, du régime fiscal privilégié accordé aux compagnies off-shore pour les nouvelles entreprises, qui sera appliquée, dans un deuxième temps à partir de 2021, pour toutes les entreprises.
Les autorités tunisiennes entendent également augmenter le taux de l’impôt sur la valeur ajoutée des services des professions libérales de 13% à 19%. La croissance des revenus de l’Etat ainsi générés permettront des investissements publics plus importants et une meilleure concentration des efforts sur les dossiers de la santé et l’éducation. En outre, le gouvernement envisage d’améliorer la perception des impôts et de simplifier l’administration fiscale, ce qui sera de nature à intégrer toutes les fonctions fiscales (administration, l’inspection et le recouvrement de l’impôt) sous le parapluie d’une même structure.
Un code fiscal actualisé
En Tunisie, les revenus seront à la hausse d’ici 2020, grâce aux réformes fiscales ambitieuses
(en pourcentage du PIB)
. Avec une plus forte discipline fiscale pour contrecarrer les retombées du choc pétrolier, l’on s’attend à ce que le solde budgétaire global soit ramené à 5,2% du PIB, en 2018. Accompagné par un régime de change flexible, cette mesure aura pour effet de réduire le déficit extérieur courant à 9,7% du PIB. Serrer la ceinture fiscale induira aussi une stabilisation de la dette publique, qui devrait s’élever à 72% du PIB, à fin 2018.
Vers une réduction des déficits publics, en 2018
Le resserrement budgétaire aidera la Tunisie à stabiliser les déficits publics
(en pourcentages du PIB)
. Le chômage touche plus de 15% de la main-d’œuvre totale du pays, affectant plus durement les jeunes et les femmes. Depuis 2011, le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur a baissé, mais il se maintient à un niveau élevé de 30%. Pour les jeunes, en général, il est proche de 35% et, pour les femmes, il se situe à un peu moins de 25%. Traiter d’urgence ces questions est crucial pour la bonne santé de l’économie et la société tunisiennes.
En conclusion, les analystes de l’EIN Newsdesk estiment que « renforcer la gouvernance et poursuivre la lutte contre la corruption, créer un environnement compétitif pour les affaires, adopter un taux de change de référence raisonnable, accorder des incitations aux investissements afin d’accroître la productivité et réduire la bureaucratie, toutes ces mesures sont nécessaires pour venir à bout de la frilosité des investisseurs à s’engager plus et pour leur donner de nouveau confiance. C’est en faisant cela que la Tunisie permettra au secteur privé de s’épanouir pleinement et de créer plus d’opportunités et d’emplois pour tous les Tunisiens. »
Où sont les emplois ?
Le chômage demeure élevé, notamment parmi les diplômés du supérieur, les jeunes et les femmes
(en pourcentages)
Marwan Chahla
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