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‘‘Regarde-moi’’ de Nejib Belkadhi : Quand on a que l’amour pour sauver un enfant

Avec ‘‘Fatwa’’ de Mahmoud Ben Mahmoud et ‘‘Weldi’’ de Mohamed Ben Attia, ‘‘Regarde-moi’’ de Nejib Belkadhi représente le cinéma tunisien dans la compétition officielle des longs-métrages de fiction des JCC 2018.

Par Fawz Ben Ali

Depuis sa sélection aux festivals de Toronto et de Los Angeles, le dernier film de Nejib Belkadhi est l’un des plus attendus de l’actuelle édition des JCC. Le film qui sortira dans les salles dimanche prochain, 11 novembre 2018, au lendemain de la clôture du festival, a été projeté à guichet fermé trois journées de suite.

Un sujet délicat

«Je n’ai pas de mot. Merci les JCC. Merci le public. Emu…», a écrit Nejib Belkadhi sur sa page Facebook après la première tunisienne de son film. Il faut dire que le public avait réservé un accueil des plus chaleureux au cinéaste, acteur et producteur talentueux, ainsi qu’à l’équipe artistique et technique qui l’avait accompagné, notamment Mona Noureddine, l’enfant révélation Idriss Kharroubi, et Nidhal Saadi qui signe avec ce rôle sa première apparition sur le grand écran après avoir percé dans le one-man show et la télévision.

Après ‘‘Kahloucha’’ (2006) et ‘‘Bastardo’’ (2013), Nejib Belkadhi s’attaque dans son troisième long-métrage de fiction à un sujet délicat et quasi inexistant dans le cinéma tunisien, à savoir les enfants autistes et le combat de leurs parents au quotidien. Lotfi qui vit à Marseille avec sa nouvelle compagne française, décide de rentrer en Tunisie pour prendre soin de son fils autiste, dont la mère est au coma.

L’enfant Idriss Kharroubi crève l’écran de justesse et de maturité surtout pour son âge et face à ce rôle complexe. Youssef est un enfant pas comme les autres, il ne va pas à l’école, ne parle pas, ne joue pas avec les enfants de son âge et rend la vie impossible à sa famille.

Le film nous plonge dans un quotidien violent rythmé de cris, de pleurs et de tensions. Déboussolé, Lotfi est au bout de la crise de nerfs face à cet enfant qu’il n’a véritablement jamais connu jusque-là. Malgré le désespoir qui règne sur le film, il se lance dans une aventure paternelle sans pareil, affrontant un quotidien rempli d’épreuves, dans une lutte permanente pour retrouver un semblant d’équilibre.

La justesse des émotions

Avec ‘‘Regarde-moi’’, Nejib Belkadhi offre à Nidhal Saadi l’occasion d’entrer par la grande porte au 7e art; le jeune acteur a su briller dans un nouveau registre, touchant le spectateur en plein cœur avec cette relation père-fils bouleversante.

Le récit évolue vers une constellation d’émotion où l’endurance et l’amour des parents sont capables de faire des miracles même dans les cas les plus désespérés. Le scénario est construit sur une grande acuité psychologique autour des personnages qui se voient tisser des liens affectifs jugés impossibles.

Tout en légèreté et avec un humour bien dosé, Nejib Belkadhi nous offre un beau film sur l’enfance difficile, sur l’amour paternel, et sur le courage tout en pointant du doigt l’accompagnement médical et social défectueux dans notre pays pour accéder aux informations et aux services de base.

Sans tomber dans la stigmatisation ni dans le sur-jeu, ‘‘Regarde-moi’’ est un beau plaidoyer pour l’acceptation de l’autre, il nous aide dans la compréhension de cette pathologie, rendant hommage à ces parents courageux qui ne lâchent rien afin de faire avancer leurs enfants dans la vie.

Le pari est gagné pour Nejib Belkadhi et son casting, car ce fut un standing ovation de la part de l’énorme public tunisien présent à la première du film à la salle Le Colisée. Le film se place ainsi comme l’un des favoris pour le Prix du public de cette année.

Bande-annonce. 

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