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Ligue des champions : La fierté et le panache de l’Espérance

L’Espérance championne d’Afrique 2018. 

Pour revenir sur le toit de l’Afrique et décrocher la 3e Ligue des champions de son histoire après 1994 et 2011, l’Espérance sportive de Tunis (EST) devait sortir un de ces matches d’exception qui jalonnent son histoire. Il a réalisé un triomphe ! Retour sur les péripéties du match…

Par Hassen Mzoughi

Battus par Al-Ahly en finale de la Ligue des champions en 2012 et encore battue 3-1 à en finale-aller, le 2 novembre 2018, en Egypte, avec de grosses erreurs d’arbitrage en leur défaveur, les «Sang et Or» ont triomphé du club cairote 3-0, hier, vendredi 9 novembre, à Radès, au terme d’une prestation remarquable de maturité, de détermination, de calme et de réalisme, pour enlever leur 3e titre continental, empocher une prime de 2,2 millions d’euros et disputer la Coupe du monde des clubs, prévue du 12 au 22 décembre prochain aux Emirats arabes unis. Avec l’espoir de faire aussi bien que le TP Mazembe ou le Raja de Casablanca, respectivement finalistes en 2010 et 2013. L’EST débutera ce tournoi face au vainqueur du match Al Ain Club (Emirats arabes unis)-Team Wellington (Nouvelle-Zélande), le 15 décembre à Al Ain.

Des «Sang et or» patients, des Egyptiens stressés

L’EST ambitionnait un exploit, il a réalisé sa «remontada du siècle». Sa fierté a eu raison de l’injustice. Les joueurs ont laissé de côté l’humiliation et les polémiques. Ils étaient forts du soutien de leur fidèle public, du staff technique, de leurs dirigeants, pour garder la flamme. Face aux «Diables rouges» du Caire, visiblement stressés par le manque de soutien des dirigeants face à une campagne médiatique hostile en Egypte, les hommes de Mouine Chaabani ont affiché un bel état d’esprit, cherchant avant tout à jouer au football, à construire le jeu, à épier la faille, sans perdre le fil conducteur, la patience, sans brusquer les événements.

D’ailleurs, les coéquipiers du brave capitano Khalil Chammam ont mis le temps qu’il fallait, une mi-temps presque, avant de poser leur empreinte. Ils ne se sont pas jetés comme des aveugles mais ont contrôlé leurs vis-à-vis dont le plan consistait à tenir au maximum le ballon, à user (et abuser) des coups francs tactiques, à en rajouter au moindre contact, pour… gagner du temps. Trop peu pour rivaliser avec des «Sang et or» dans un jour de grâce.

Un plan qui allait s’avérer suicidaire, car l’entraîneur de l’équipe cairote, Patrice Carteron, est resté prisonnier de son obsession à défendre le résultat de la première manche, laissant son équipe sombrer devant la nette supériorité de son adversaire. À la limite, l’attentisme du technicien français a servi l’EST.

En fait, dès le moment où l’EST a décidé de prendre l’initiative, il a progressivement imposé son ascendant à partir de la 25 minutes, avant de se libérer vers la fin de la première mi-temps, avec un premier but de l’inattendu héros, Saad Bguir (45’), qui va doubler le score 10 minutes après la reprise, d’une tête sèche sur un centrage de l’excellent Samah Derbali, mettant à nu la faiblesse de la défense ahlaouie.

Premier but de Saad Bguir à la 45′. 

La médaille d’or au public «sang et or»

L’EST va éclabousser le match de son talent. Si les hommes de Patrice Carteron n’avaient jusque-là pas tenté la moindre frappe, Anice Badri va alerter une première fois Al-Shennawy sur une frappe légèrement au dessus (60’), avant de se rattraper, vers la fin, pour réussir, sur un contre et d’une magnifique frappe croisée, le troisième but de son équipe et le 7e personnel qui en fait le meilleur buteur de la Ligue des champions 2018 avec le Congolais de Mazembe Ngita Ben Malango.

Cette victoire qui met fin à 10 matches en 7 ans de supériorité ahalouie, est à décerner au public en or de l’Espérance. Un grand atout que ce public qui n’a pas son pareil pour pousser ses favoris. Les supporteurs ont gagné la médaille d’or en demi-finale retour contre Primeiro et en finale contre les Egyptiens. Depuis la demi-finale, les joueurs ont saisi le message de confiance de leurs fans qui ne rêvaient que du trophée.

Cette victoire porte également l’empreinte du staff : Mouine Chaabani et son premier adjoint Majdi Traoui (ainsi que Khaled Ben Yahia), l’entraîneur des gardiens Naceur Chouchane, les préparateurs physiques Sabri Bouazizi et Mouadh Hiraoui, le staticien Othman Najar, Dr Yassine Ben Ahmed, les kinés Lassad laamari et Nabil Ghazouani.

Saad Bguir, Taha Yassine Khenissi et Anice Badri : l’attaque a bien carburé.

Wael Gomaa: «Avec un tel effectif, Al Ahly ne disputera jamais une nouvelle finale»

Battus pour la seconde année consécutive en finale, les Egyptiens auront été inoffensifs. Les Diables Rouges étaient absents de la partie. Ils ne se montraient absolument pas dangereux, au contraire de l’EST qui maintenait la pression. Mais la plus grosse lacune de l’équipe égyptienne reste une lamentable fragilité en défense. Les absences d’Ahmed Fathi et Ali Maaloul ne peuvent justifier une telle faiblesse; l’EST manquait de son côté deux joueurs importants : l’arrière central Chamseddine Dhaouadi et le pivot Franck Kom.

Al-Ahly n’a rien fait pour mériter le titre. Après une victoire usurpée en finale-aller, il a été dominé par l’Espérance en finale retour. En grande partie en raison d’un effectif limité et de la frilosité de son entraîneur, qui a joué pour défendre l’avantage acquis au stade Borg Al Arab. Sans plus. Pour Wael Gomaa, l’ancien capitaine d’Al-Ahly triple vainqueur de la Ligue des champions, et consultant de beIN Sport, «le groupe actuel ne sera plus capable de disputer la finale de l’épreuve majeure en Afrique». Un verdict sans détours !

Plus sacré depuis 2013, Al-Ahly perd pour la seconde année consécutive en finale. Trop défensif, le plan de Carteron a saboté le rêve égyptien. Les échos parvenant du Caire parlent déjà de son licenciement.

Compositions des deux équipes :

Espérance de Tunis : Moez Ben Cherifia, Samah Derbali, Mohamed Ali Yaakoubi, Khalil Chammam (cap), Ayman Ben Mohamed, Fousseny Coulibaly, Ghailen Chaalali, Saad Bguir (Houcine Rabii 61’), Anice Badri, Taha Yassine Khenissi (Bilel Mejri 69’), Youcef Belaïli (Amine Meskini 82’).

Al-Ahly : Mohamed El Shenawy, Mohamed Hany, Saad Samir, Salif Coulibaly, Ayman Ashraf, Amro El Soulia (Ahmed Hamoudi 75’), Hosam Ashour, Mido Gaber (Karim Nedved 62’), Walid Soliman, Islam Mohareb (Salah Mohsen), Mohamed Mohsen.

Sacre de l’Espérance : Les doublés de Bguir et Badri, premier buteur

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