L’Institut tunisien des études stratégiques (Ites) organise un séminaire sur : «L’avenir du secteur énergétique en Tunisie», le mardi 4 décembre 2018, à l’hôtel Golden Tulip El Mechtel, à Tunis.
Le territoire terrestre et maritime de la Tunisie est caractérisé par la présence d’un ensemble de richesse énergétiques naturelles, catégorisables en fonction de leur source : fossile (gaz et pétrole), hydrauliques (hydroélectrique et marémotrice), solaire (photovoltaïque et éolienne), thermique (géothermie, hydrogène) et nucléaire.
La Tunisie dispose de ressources énergétiques sur l’ensemble de son territoire tels que les barrages pour l’hydroélectricité, les vents dominants ou saisonniers pour les centrales éoliennes, le soleil pour le photovoltaïque, les gradients géothermiques élevés pour la production de chaleur, des fluctuations de marrées et de courants sous-marins à amplitudes suffisantes pour actionner des turbines et enfin et surtout des ressources gazières et pétrolières modestes mais non négligeables.
Au vu de la décroissance continue de la production (5 MT en 2015) depuis plusieurs années et de la croissance continue de la consommation (9,4 MT en 2015), la Tunisie est devenue déficitaire en matière d’énergie depuis presque 20 ans. Ce déficit qui s’est dégradé durant les cinq dernières années dépasse aujourd’hui les 45% et dépassera en 2025 les 77% si les tendances actuelles continuent.
Des contraintes sévères sur le budget de l’Etat seront alors exercées par l’action conjuguée de la réduction de la production, l’augmentation de la consommation, l’augmentation des prix et la persistance de leur subvention. Cela entraînera un déficit de la balance du commerce extérieur de l’énergie qui dépassera les 25% du déficit total de la balance commerciale extérieure du pays.
Au-delà de ses considérations rapides concernant le secteur de l’énergie se posent beaucoup de problématiques et de défis à relever qui feront l’objet des discussions lors de ce séminaire. Parmi ces questions, celle de la sécurité énergétique du pays dont il faut garantir l’approvisionnement en pétrole et en gaz, à partir de la production intérieure et de l’importation.
Cette sécurité implique la diversification du mix énergétique, en y introduisant de nouvelles sources tels que le gaz naturel (conventionnel ou non conventionnel) ou même le gaz renouvelable c’est-à-dire le biogaz ; la diversification des sources d’approvisionnement ; les énergies renouvelables sous toutes leurs formes, solaire, éolienne ou autres…
Il y a aussi la question de la sécurité et de la continuité des opérations sur le terrain dans les domaines de l’exploration, de la production et du transport du pétrole et du gaz afin d’éviter à celles-ci les arrêts ou perturbations intempestives. Ou encore de l’instauration d’un climat de confiance avec les investisseurs, en évitant les changements imprévus dans les règles du jeu liant les parties.
La Tunisie doit, également, se préparer résolument à la transition énergétique inévitable et qui d’ailleurs, s’impose déjà aujourd’hui même, vu le déficit énergétique qui va en augmentant et les prix internationaux qui suivent une tendance haussière en général, en recourant à plus de couverture des besoins par les énergies renouvelables, le gaz liquéfié importé et l’intensification de l’exploration gazière dans le pays.
Autres questions à débattre : l’amélioration de l’économie d’énergie par le biais de l’efficacité énergétique et par l’adaptation constante des prix intérieurs à ceux du marché international; et la bonne gouvernance du secteur qui lui insuffle transparence, confiance, et efficacité.
Le secteur de l’énergie est un secteur sensible aux conditions économiques et sociales. C’est un secteur à très haut risque et à gros investissements. Il a besoin de sérénité, de sagesse et de rigueur. Ainsi, pouvons-nous en Tunisie, après avoir pris toutes les précautions appropriées, développer le gaz et le pétrole de schiste sans causer de dommage à l’environnement social et physique, dans le cadre d’une acceptation de la part de la communauté, tout en faisant bénéficier le pays de richesses énergétiques qui semblent relativement importantes? Cela nécessite de faire appel aux technologies avancées d’exploitation, d’attirer des investisseurs, en mettant en place des moyens humains et organisationnels pour assurer la promotion, le suivi et le contrôle de ces activités, et ce, afin de prémunir, des risques qui pourraient accompagner de telles activités.
Participent à ce séminaire, autour de Neji Jalloul, directeur général de l’Ites, et de Holger Dix, représentant résident de la Konrad Adenauer Stiftung, co-organisateurs, Mondher Haj Ali, député à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Yassine Mestiri, ancien directeur général de l’Energie, Ayda Ben Hassen Trabelsi, maître de conférences au Centre de recherche et technologie des eaux (Certe), Mohamed Ali Khelil, directeur général au ministère de l’Industrie et des PME, Ali Ben Yahia, président de l’Utica Sousse, Hamdi Harrouch, directeur général de l’Agence de nationale de la maîtrise de l’energie (ANME) et Pdg de l’Etap par intérim, Mustapha El Haddad, Consultant en stratégie et politique énergétique, Amina Elassmi Mabrouk, spécialiste géochimie et géologie pétrolière, enseignante à la Faculté des sciences de Tunis, Hichem Mansour, directeur génal de HOSN Energy Consulting, Bechir Ennahdi, consultant en gestion des opérations pétrolières, Faouzia Bacha, avocat auprès de la cour de cassation et présidente de l’Association de protection des richesses naturelles, Ahmed Friaa, ancien ministre, professeur universitaire à l’Enit en sciences de l’ingénieur, Rachid Ben Daly, ancien directeur général de l’Energie, Taieb Ktari, membre du bureau exécutif de l’Utica, Fathi Zouhaier Nouri, professeur universitaire d’économie, et Nafaa Neifer, président du Centre de veille et d’intelligence économique de l’IACE.
I. B. (avec communiqué).
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