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Fita 2019 : La Tunisie s’ouvre à une Afrique industrielle et solidaire

Le 2e Financing Investment And Trade in Africa (Fita) s’est tenu les 5 et 6 février 2019 à l’hôtel Laïco de Tunis, avec près de 3000 participants, ministres, ambassadeurs, banquiers, patrons d’institutions financières et surtout hommes d’affaires en quête d’opportunités d’investissement et de financement dans le continent africain.

Par Zohra Abid

Dans cette Afrique appauvrie par des décennies de colonisation et de mauvaise gouvernance et traînant des dettes comme des boulets de fer, alors qu’elle est dotée d’importantes ressources naturelles et d’un potentiel humain remarquable, il y a des opportunités à saisir. «Tâchons de le faire dans un cadre de coopération interafricaine», a lancé Bassem Loukil, président du Tunisia-Africa Business Council (TABC), organisateur du Fita.

Au cours des derniers 50 ans, l’Europe a réalisé son intégration et créé son Union, alors que l’Afrique est restée divisée et ses ressources ont été mal utilisées. Mal gouvernée, elle s’est appauvrie. Cependant, tout n’est pas si noir. «L’un des meilleurs taux de croissance au monde de ces 10 dernières années a été enregistré dans ce continent, où le Ghana, par exemple, a terminé l’année 2018 avec un taux de croissance de 8,5%. Il y a d’autres puissances économiques africaines qui sont aujourd’hui en pleine effervescence, comme  la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Nigeria ou encore l’Ethiopie pour ne citer que ceux là», souligne M. Loukil.

Les autres pays peuvent en faire autant et booster leurs économies en élaborant des projets de développement et en les faisant financer par des institutions financières panafricaines, qui proposent des solutions pour mieux exploiter les ressources existantes. «Nous pouvons le faire ensemble, main dans la main, en apportant notre valeur ajoutée», dira M. Loukil, un fervent défenseur du continent et qui oeuvre depuis plusieurs années à impliquer davantage les hommes d’affaires tunisiens, ses collègues, dans les économies au sud du Sahara.

Impulser les partenariats inter-africains

La Tunisie avec 60 ans d’indépendance, d’industrialisation et d’expérience de développement peut, selon le président du TABC, apporter un plus au continent, et c’est la raison d’être de ce forum qui a pour principal objectif d’aider à construire un nouveau modèle économique, équilibré, pérenne et efficace, qui fera le bonheur des futures générations. «Quand on parle de Fita, on ne parle pas seulement d’affaires mais de développement, et pas seulement d’hommes d’affaires, mais de partenariats inter-africains», a-t-il martelé.

«Les échanges entre la Tunisie et l’Afrique subsaharienne restent faibles. L’Afrique ne représente pas plus de 4% du total de nos exportations. Notre pays est resté quasiment absent du continent pendant près de 2 décennies et c’est la cause de la faiblesse de ces échanges. On paye aujourd’hui les conséquences de notre négligence», a déploré M. Loukil, sans se départir de son optimisme habituel, porté par une sorte de volontarisme de l’action. «On a identifié des failles dans la représentation diplomatique et on a débattu des moyens d’y remédier avec le ministère des Affaires  étrangères, aujourd’hui notre partenaire dans l’organisation de ce 2e Fita. Autant dire que nous sommes sur la bonne voie», a encore expliqué M. Loukil.

D’autres problèmes ont également été identifiés, comme ceux de la logistique, du transport et de la communication, qui ont été également débattus avec les parties concernées, notamment le ministère du Transport. Le transporteur aérien national, Tunisair, est engagé dans le développement de ses dessertes sur l’Afrique subsaharienne. Beaucoup de lignes ont été ouvertes au cours des deux dernières années. D’autres sont à l’étude et ne tarderont pas à être opérationnelles. En ce qui concerne le transport maritime, une ligne sera inaugurée, dans le courant de 2019, et reliera le port de Gabès à ceux de Dakar, Abidjan et Accra au Ghana. Bref, les choses bougent dans le bon sens, et «on peut construire beaucoup sur le gisement de sympathie dont bénéficie la Tunisie en Afrique depuis l’ère de Bourguiba», souligne M. Loukil.

Il reste bien sûr à concrétiser les ambitions des opérateurs économiques et là, M. Loukil en est conscient, «il faut trouver des solutions pour financer les échanges et les investissements en Afrique, malgré les obstacles que constituent les contraintes de la loi de change et de l’absence d’un réseau bancaire tunisien en Afrique subsaharienne. Il y a certes Attijari, la BH et la STB, mais l’offre bancaire tunisienne en Afrique reste insuffisante», déplore encore M. Loukil.

Faire rêver les jeunes de chez nous

Zied Laâdhari, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération a, pour sa part, parlé de cette jeunesse africaine, ambitieuse et qui a droit à un avenir meilleur que celui de ses ascendants. «Nos leaders et nos dirigeants politiques doivent offrir des meilleures opportunités économiques à notre jeunesse. Il faut par tous moyens promouvoir l’Afrique et faire rêver ses jeunes», a-t-il lancé.

L’un des moments forts de la 1ère journée du forum, en plus de la richesse des débats et des rencontres B2B, c’est l’annonce par Benoît Oramah, président de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), du décaissement au profit de la Tunisie d’un prêt de 2,4 milliards de dinars tunisiens (DT), soit 800 millions de dollars (500 pour soutenir les PME et 300 pour appuyer les banques tunisiennes), deux lignes de financement décidées lors de ce 2e Fita et mises à la disposition des opérateurs tunisiens pour les accompagner et promouvoir leurs échanges commerciaux avec le reste des pays africains.

L’autre bonne nouvelle : le bureau régional de Afreximbank à Tunis, fermé depuis 2006, rouvrira ses portes dans les prochaines semaines. «Ceci va beaucoup aider les Tunisiens à traiter leurs dossiers sur place», a commenté, de son côté, Anis Jaziri, secrétaire général du TABC.

La journée a été clôturée en beauté avec un dîner gala (avec chant, musique et spectacle haut en couleurs), offert en l’honneur d’une dizaine d’investisseurs ayant réussi leurs affaires en Afrique et qui ont mérité des félicitations et des trophées.

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