Le Prix Ibn Chabbat pour la préservation et la mise en valeur des écosystèmes oasiens au Maghreb sera remis à des lauréats en provenance des pays du Maghreb et de l’Égypte, vendredi 18 mai 2019, à Tozeur, Tunisie.
La cérémonie aura lieu sous la présidence de Mokhtar Hammami, ministre des Affaires locales et de l’Environnement, en présence de représentants de la Banque Mondiale, du Fonds pour l’Environnement Mondial, de l’Union du Maghreb Arabe, ainsi que d’experts des pays des deux rives de la Méditerranée.
Le Prix Ibn Chabbat a été créé dans le cadre du réseau pluridisciplinaire du Programme MED 21 et du projet : «Gestion durable de l’écosystème oasien tunisien» (GDEO), par un collectif de membres fondateurs regroupant des institutions publiques et des associations issues de la société civile, telles que la Direction générale de l’environnement et la qualité de la vie du linistère tunisien des Affaires locales et de l’Environnement et l’Association «La Ruche de la citoyenneté active». Des organismes du Maroc (Radose) et de l’Algérie ont rejoint ce groupe de fondateurs tunisiens pour donner au Prix Ibn Chabbat une dimension maghrébine.
Le professeur Mohamed Nadir Aziza, président du Programme MED 21, expose dans la note ci-dessous la genèse et les objectifs du prix,
«La création du Prix Ibn Chabbat avec nos partenaires et amis co-fondateurs du Prix obéissait, dans notre esprit, à plusieurs motivations. D’abord, rendre hommage à ce savant du XIIIe siècle qui inventa, à Tozeur, un modèle de gestion et de distribution de l’eau grâce à la technique du « Gadous » qui, consistait à marquer la quantité d’eau accordée à chaque parcelle de terre à irriguer par le temps nécessité pour la vidange d’un jarre percée remplie d’eau.
Ainsi, le droit à l’eau pour chaque exploitation était proportionnel au nombre de ‘‘Gadous’’ alloués à son propriétaire. Lorsque ce nombre de jarres percées était atteint, le préposé à la surveillance interrompait l’irrigation et dirigeait l’eau vers la parcelle suivante.
Il semble que c’est d’un modèle assez ressemblant que s’inspirait le célèbre Tribunal des Eaux de la ville de Valence, en Espagne.
Mais au-delà de l’hommage, nous voulions dépasser les préjugés et les stéréotypes attachés au mot et à l’image du désert dans l’opinion non informée.
De manière indistincte, le désert a tendance à évoquer la sécheresse, l’alcalinité, le sable ou les pierres, un monde minéral où la vie semble avare d’affirmation.
Certes, l’espace saharien est menacé par la fragilité de ses milieux naturels, la diminution de ses ressources en eau, l’avancée des sables, la réduction de la biodiversité, la migration de ses jeunes et la faiblesse des cadres institutionnels et juridiques nécessaires pour organiser son développement.
Mais comment ne pas constater que cet espace ne manque pas de points forts pour contrebalancer ces faiblesses et ces dangers.
Depuis la plus haute antiquité, le désert fut un espace remarquable d’identification, d’organisation et d’adaptation grâce à la gestion de l’eau, à la domestication des plantes notamment médicinales et des animaux, à l’organisation intégrée des sociétés, à la production culturelle spécifique et variée : tradition orale, artisanat, danse et musique, cuisine et coutumes.
Nous souhaitions donc que le Prix Ibn Chabbat contribue à une approche anthropologique du désert et de ses oasis, comme lieux de socialisation, de production de savoirs et de savoirs- faire, d’échanges et d’inventivité.
C’est pourquoi nous avons prévu 3 catégories au sein de ce Prix. La première distingue les recherches et les études particulièrement significatives dans ce domaine. La deuxième catégorie souligne les projets de développement intégré des écosystèmes oasiens. La troisième catégorie met en valeur les initiatives concernant la coopération entre les écosystèmes oasiens au Maghreb et dans le monde.
Nous voulions également rappeler que, sous les chromos auxquels il convient de ne pas réduire le désert et ses oasis, de grandes ressources potentielles gisent : énergies alternatives (solaires et éoliennes), prospection de nappes phréatiques, écotourisme, recherches médicinales, revalorisation des héritages culturels, etc.
Nous souhaitions enfin que le Prix Ibn Chabbat rappelle ce que furent, depuis l’ère capsienne, les voies de l’échange sur les pistes des caravanes.
Ainsi, avons-nous tenu à ce que ce Prix distingue non seulement ceux qui, dans chaque pays concerné, œuvrent dans différents domaines à la gestion durable des écosystèmes oasiens, mais également ceux qui, dans l’ensemble sahélien s’étendant de l’Égypte à la Mauritanie, travaillent à renforcer, entre eux, l’échange des informations et des expériences afin de réussir, ensemble, le codéveloppement durable de leurs territoires et de leurs populations.
C’est pourquoi nous avons souhaité donner à ce Prix une dimension maghrébine que nous retrouvons dans les lauréats qui sont distingués par le Prix Ibn Chabat, dans son édition 2019».
Rappelons que le Programme MED 21 a déjà organisé les cérémonies de remise du Prix Catullo (Vérone – 22 mars 2019), du Prix Gaïa (Nîmes – 29 mars 2019), du Prix Fatima Fihria (Musée du Bardo – Tunis, 13 avril 2019) et du Prix Ibn Khaldoun (La Khaldounia – Tunis, 19 avril 2019).
La cérémonie de remise du Prix Ibn Chabbat à Tozeur, le 17 mai 2019, constituera donc la 5e manifestation organisée par MED 21 et ses partenaires cofondateurs de ces prix, au cours du premier semestre 2019.
Source : communiqué.
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