Les mouvements migratoires des personnes ne peuvent être dissociés des mouvements commerciaux de marchandises et des mouvements financiers de capitaux. Aussi les accords régionaux et les traités d’association ou d’intégration doivent-ils inclure ces trois types de mouvement dans leur agenda.
L’Organisation internationale des employeurs (OIE) a organisé les 2 et 3 juin 2019 à Tunis un atelier régional intitulé : «Entreprises et migrations : intensifier le dialogue entre le secteur privé et les gouvernements».
L’atelier a été organisé dans le cadre des travaux du Forum des entreprises, une initiative coordonnée par l’OIE et qui constitue une plateforme pour renforcer le dialogue public-privé et pour accroître la participation des entreprises internationales à l’élaboration des politiques migratoires.
Le programme de l’atelier a été réparti sur deux sessions. La session préliminaire a été réservée aux organisations des employeurs. La deuxième session officielle, dédiée au dialogue gouvernement-secteur privé, a été ouverte par Roberto Suarez-Santos, secrétaire général, de l’OIE, Samir Majoul, président de l’Utica, et Austin Fragomen, président de Business Mechanism.
«Cet atelier aborde l’un des sujets les plus importants de l’agenda du dialogue euro-méditerranéen avec sa dimension sociale, son contenu économique, son poids politique, et aussi avec ce qu’il représente en terme de défis régionaux qui regroupent à la fois des dimensions sécuritaires, des implications en terme de droits de l’homme, des facteurs économiques nécessaires au développement de la production et à la création de la valeur ajoutée», a souligné M. Majoul dans son allocution.
Le président de l’Utica a mis aussi l’accent sur la nécessité de distinguer la migration de travail, qui devrait être abordée au sein du dialogue social tripartite entre les partenaires sociaux et les gouvernements, de la migration de l’asile, qui est généralement conjoncturelle et qui fait l’objet de débat politique et de dialogue sociétal.
L’Utica, a affirmé M. Majoul, réserve une attention particulière à la migration économique dans les deux sens et la considère comme l’un des facteurs de la croissance économique mondiale. Il a ajouté que pour l’Utica, l’inclusion de la main-d’œuvre expatriée dans les mêmes normes du travail et la même législation que celle appliquée à ses homologues locales est l’une des formes les plus importantes d’égalité et de non-discrimination dans l’emploi.
La Tunisie qui a été durant soixante années un pays exclusivement pourvoyeur de main d’œuvre a aujourd’hui, trois nouvelles catégories de population migrante. Des flux migratoires entrants en provenance des pays d’Afrique subsaharienne, une deuxième catégorie concerne le phénomène récent de fuite des cerveaux qui s’amplifie et affecte de nombreux domaines scientifiques et professionnels et enfin la croissance du mouvement d’émigration clandestine. Ce nouveau paysage migratoire impute de nouveaux éléments pour la politique socioéconomique et exige le développement d’une stratégie migratoire qui prend en compte tous ces aspects.
M. Majoul a ensuite suggéré que cette stratégie adopte de nouveaux mécanismes en termes de gouvernance et de réactivité tout en respectant les normes internationales du travail. Il a souhaité que la stratégie nationale de la migration puisse améliorer l’encadrement de la diaspora tunisienne surtout les nouvelles générations de jeunes entrepreneurs, de startuppeurs qui représentent un modèle de succès, des potentiels d’intégration et de partenariat économique, contribuant ainsi au développement des exportations et à l’attraction des IDE.
Le président de l’Utica a conclu en affirmant que les mouvements de circulation de personnes ne peuvent être dissociés des mouvements commerciaux de marchandises et des mouvements financiers de capitaux. Les accords régionaux et les traités d’association ou d’intégration doivent donc inclure les trois types de mouvement dans leur agenda.
Il est à souligner que l’objectif de l’atelier de Tunis est d’offrir une plateforme aux entreprises et aux gouvernements algériens, égyptiens, marocains et tunisiens, afin qu’ils puissent intensifier leur dialogue et ainsi trouver le moyen de promouvoir des filières migratoires sûres, ordonnées et régulières. Les résultats de l’atelier seront présentés au Sommet du FMMD qui se tiendra en novembre prochain à Quito, en Équateur.
Source : communiqué.
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