Le Forum pour une Nouvelle République (Nou-R) organise une conférence-Débat sur le thème : «Professionnaliser les élections pour renforcer la démocratie», après-demain, mercredi 28 août 2019 à l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) aux berges du Lac à Tunis, partir de 17h30.
À l’approche des deux échéances électorales présidentielles et législatives, les candidats et les partis en course vont devoir organiser leurs campagnes en préparant une stratégie, un plan de communication politique, un message, un rythme d’apparition sur les médias et réseaux sociaux ainsi que les meetings populaires.
La Tunisie post révolution a connu des élections législatives de 2011, législatives et présidentielles à deux tours en 2014 et municipales en 2018. Pendant toutes ces élections, nous avons vu défiler des campagnes électorales; certaines ont réussi, d’autres ont échoué.
Aujourd’hui la professionnalisation des métiers de campagnes électorales offre aux partis et aux candidats des chances de réussite et surtout un passage de palier important pour renforcer la jeune démocratie tunisienne.
Au programme de la conférence, les intervenants Fadhila Gargouri, magistrat à la Cour des Comptes de Tunisie depuis 1990, Chaima Bouhlel, ex-présidente de l’Ong Al Bawsala, et Lotfi Saibi, fondateur et dirigeant de 4D, qui vont débattre du métier du directeur de campagne et l’enjeu de sa professionnalisation, de l’intégrité électorale et du rôle de la Cour des comptes dans la transparence des élections.
Nous reproduisons ci-dessous le concept-note e cette conférence-débat.
La plupart de ceux que nous appelons «hommes politiques» consacrent toute leur énergie et toute leur vie à la politique, dont ils tirent aussi leurs moyens de subsistance.
La notion de professionnalisation possède deux sens. Dans un premier sens elle désigne l’exercice d’une activité rémunérée à temps plein. C’est en ce sens que les hommes politiques sont des « professionnels ». Dans un second sens, la notion de professionnalisation désigne une forme particulière d’organisation des métiers (on peut penser aux professions libérales) avec une formation spécifique dans des écoles spécialisées, des savoir-faire particuliers, une déontologie, une représentation corporative, éventuellement des instances de régulation également corporatives et/ou publiques. C’est aussi dans ce second sens que les activités politiques périphériques (direction de compagne, communication etc.) tendent à se professionnaliser.
Dans un passé encore récent, les candidats aux élections aux divers niveaux définissaient eux-mêmes leurs thèmes de campagne et faisaient appel à quelques militants de leur parti ou à quelques amis personnels pour rédiger les tracts, coller les affiches, organiser leurs réunions publiques ou préparer leur passage à la radio ou à la télévision. Pour les mêmes tâches, les hommes politiques s’adressent désormais à des spécialistes des sondages, de la communication ou du marketing politique. Le passage à la télévision se prépare avec un «media trainer». Une partie importante et sans doute croissante de l’activité politique est ainsi sous-traitée à des entreprises spécialisées. Ce sont des professionnels de la communication qui conseillent les hommes politiques à propos des thèmes de campagne, de l’opportunité d’engager une réforme, de l’attitude à adopter dans une affaire, du discours qu’il convient de tenir ou de leur manière de s’habiller. Les hommes politiques ne sont bien sûr nullement obligés de suivre ces avis mais, dans ce domaine également, la spécialité donne une autorité qui en impose.
Ainsi des élections nécessitent un responsable de campagne pour coordonner les opérations de la campagne. En dehors d’un candidat, ils sont souvent les leaders les plus visibles de la campagne. Les responsables de campagne modernes peuvent s’intéresser à l’exécution de la stratégie plutôt qu’à la définir – en particulier si les stratèges principaux sont généralement des consultants extérieurs, tels que des enquêteurs et des consultants en médias.
Pour gagner aujourd’hui, un candidat ou un parti politique doit adopter et maîtriser les domaines suivants :
- Stratégie politique;
- Gestion de projet;
- Marketing politique;
- Formation aux médias et relations avec les médias;
- Communications digitale;
- Calendrier et gestion des événements;
- Collecte de fonds et budgétisation;
- Apparitions des candidats : médias ou public;
- Organisation des débats et sujets de négociation;
- Recrutement et formation;
- Campagne porte à porte;
- Micro ciblage.
D’autre part, Les élections sont transparentes lorsque chaque étape est susceptible d’être ouverte à un examen, et les parties prenantes peuvent vérifier de manière indépendante si le processus est mené avec honnêteté et précision. Ceci demande un suivi professionnel de toutes ces étapes.
Un autre aspect important est la responsabilité. La responsabilité au niveau des élections se réfère aux droits des citoyens à l’égard de la conduite des autres parties prenantes aux élections, y compris les organismes gouvernementaux, les organismes de gestion des élections, les partis politiques, et les candidats. Les élections sont un mécanisme clé par lequel les citoyens peuvent responsabiliser leurs gouvernements, mais le processus électoral doit aussi être sujet au principe de responsabilité. Il doit y avoir des recours efficaces en place pour les violations des droits liés aux citoyens au moment des élections. Il faut également une responsabilité administrative au niveau des acteurs qui organisent les élections et de ceux qui mènent des activités gouvernementales liées aux élections. En outre, il doit y avoir des procédures rapides pour demander des comptes à ceux qui commettent des actes criminels affectant les droits électoraux.
Pour que les citoyens participent, comprennent, évaluent et, finalement, acceptent un processus électoral et son résultat comme représentant leur volonté, les données électorales doivent être ouvertes aux citoyens. Comme décrit dans la section sur les principes de données ouvertes, les données de l’élection sont ouvertes quand les données sont publiées dans un temps utile, qu’elles sont détaillées, disponibles gratuitement sur Internet, complètes et en vrac, analysables, non-exclusives, non-discriminatoires et disponibles à quiconque, libres de toute licence et disponibles en permanence. Lorsque ces conditions sont remplies, les citoyens peuvent, entre autres choses, utiliser les données des élections pour participer pleinement en tant qu’électeurs ou candidats, faire des choix éclairés au sujet de la personne à élire, comprendre et accepter la façon dont les gagnants sont déterminés, recommander des réformes pour améliorer les prochaines élections et maintenir en fonction les acteurs électoraux responsables. Par ces moyens, les données ouvertes électorales améliorent l’inclusivité, la transparence, la responsabilité et la compétitivité des élections.
La société civile et les associations ont donc un rôle clé à jouer.
Dans ce sens, le Forum pour une Nouvelle République Nou-R, lance cette conférence comme prélude à une série de conférences destinés à professionnaliser les processus politiques et considère cette professionnalisation comme un des piliers de la démocratie et compte accélérer la transition vers un véritable écosystème démocratique
Source : communiqué.
Donnez votre avis