Pour un premier exercice historique de notation financière, la Pharmacie centrale de Tunisie (PCT) obtient la note de ‘‘CCC’’, avec perspective stable de l’agence de notation nationale PBR Rating.
La PCT a pour mission d’assurer, sur le marché local, la régularité de l’approvisionnement en médicament, sur les références dont elle détient le monopole d’importation ainsi que la distribution de produits et de fournitures nécessaires à la médecine humaine et vétérinaire, aux différentes structures sanitaires publiques, parapubliques et privées.
Le marché du médicament en Tunisie est estimé en 2019 à 2,5 milliards de dinars tunisiens (TND), réparti comme suit : 48% d’importations (monopole de la PHCT) et 52% de production locale.
Un monopole du marché du médicament très contraignant
La PCT est le fournisseur exclusif des établissements de santé publique et parapublique, que ce soit pour les médicaments importés mais également pour les médicaments produits localement : 76% des médicaments «hospitaliers» proviennent des importations, donc de la PCT, et 24% des médicaments «hospitaliers» proviennent des producteurs locaux qui passent par la PCT.
L’essentiel du marché du médicament est écoulé à travers deux circuits de distribution, soit 75% des ventes de médicaments à travers les officines et les établissements privés et 25% des ventes de médicaments à travers le secteur hospitalier public.
La situation de monopole dont jouit la PCT (monopole sur l’importation des médicaments, ainsi que sur la distribution vers les structures hospitalières tunisiennes) lui permet d’écarter toute concurrence commerciale ; mais ce monopole est consacré au service du système de santé tunisien, parfois contre l’intérêt intrinsèque de la PCT.
À travers cette position monopolistique, la PCT hérite notamment des dérives structurelles de financement du secteur tunisien de la santé; des dérives qui expliquent dans une grande majorité, les difficultés financières actuelles de la PCT.
Les équilibres financiers de la PCT pâtissent fortement des difficultés financières de ses clients publics et de leurs incapacités chroniques à faire face à leurs engagements financiers, dans le cadre d’un système global de santé à bout de souffle.
Un niveau très excessif des créances des clients (61,03%)
À la clôture de l’exercice 2018, la PCT affiche des créances clients nettes d’une valeur de 940.969.586 TND (dont 89% sont relatives au secteur public), soit 61,03% de l’ensemble de ses actifs (des créances clients en hausse de 58,66% par rapport à 2013). Ce niveau très excessif de créances clients met en exergue les difficultés financières du secteur et impacte fortement la structure de financement de la PCT.
Les flux d’encaissements de la PCT ne reflètent pas le volume réel de son activité (pour cause de défaillances récurrentes de ses clients publics et de son «obligation» de continuer sa mission d’approvisionnement du secteur de la santé) et ne sont pas en mesure de couvrir ses propres engagements en matière de charges d’exploitation et de couverture du poids de la compensation que la PCT assume pour l’ensemble du système. Une situation qui se reflète sur tous ses indices de liquidité, de risques, de financement et de rentabilité.
Les achats consommés de médicaments et autres produits de santé destinés à la vente, de la PCT, représentent 95% de l’ensemble de ses charges d’exploitation sur l’exercice 2018, soit 1.276.503.495 TND (représentant plus de 96% du chiffre d’affaires de la PCT durant le même exercice).
La baisse du dinar impacte le poids des charges financières
Par ailleurs, 85% des achats de médicaments et autres produits de santé destinés à la vente, de la PCT, ont été opérés avec des fournisseurs étrangers, en 2018 (en hausse de 1 point par rapport à 2017). Au premier rang des devises étrangères avec lesquelles sont libellés les règlements étrangers de la PCT en 2018, se trouve l’euro (78% des règlements en devises étrangères) puis le dollar (USA), qui ont connu de fortes hausses par rapport au dinar depuis 2010, impactant encore plus le poids des charges financières de la PCT.
Compte tenu des difficultés financières de la Pharmacie centrale de Tunisie à faire face à ses engagements fournisseurs en matière d’approvisionnement en médicaments et autres produits de santé, la relation de la PCT avec ses fournisseurs, notamment étrangers, s’est considérablement détériorée.
Dans ce cadre et malgré la progression continue de son volume d’affaires, la PCT a vu l’ensemble de ses marges régresser sur les dernières années, sous le coup de l’évolution de son couts d’achat et de ses charges financières (et notamment ses pertes de changes).
Pour faire face à ses besoins de financement et compte tenu de la détérioration de sa capacité intrinsèque à couvrir les besoins de son cycle d’exploitation, la PCT continue à se financer par accroissement des dettes fournisseurs et depuis 2018 par emprunts bancaires.
Renforcer la vision de redressement stratégique à moyen et long terme
Depuis ces dernières années, la PCT fait face à la recrudescence d’une multitude de risques, dont certains sont jugés critiques et ayant des impacts structurels sur la qualité financière de la PCT, à l’instar du risque de changes ou de recouvrement clients ; à l’aube d’une mutation managériale interne prévue sur les prochains mois (nouvelle organisation, manuel de procédures, recrutements, nouveau schéma informatique…) qui vise à consolider l’institution et mieux la doter des leviers à même de lui permettre de maitriser les enjeux auxquels elle fait face.
Par ailleurs, il est à rappeler que cette démarche de notation vient consolider les efforts du management de la PCT dans la mise en place de ses objectifs financiers et opérationnels pour les prochains exercices, en vue de renforcer sa vision de redressement stratégique à moyen et long terme.
À travers cet engagement de transparence, en vue de tendre vers l’amélioration de sa situation financière, par une meilleure appréciation de ses risques, c’est un message fort, envoyé par la PCT, à son environnement social, politique, économique et financier.
PBR Rating est une agence de notation nationale parrainée par l’APBTEF et partenaire d’Emerging Markets Ratings.
Source : communiqué.
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