L’ancien délégué de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Tunis Daniel Soil vient de publier ‘‘L’Avenue, La Kasbah’’, un roman qui s’inscrit dans le cadre historique de la Révolution du 14 janvier 2011 en Tunisie, écrit en hommage à ce pays dans lequel il a vécu et travaillé pendant 7 ans, et qui l’a profondément marqué.
Par Fawz Ben Ali
On l’a connu comme diplomate au sein de la délégation Wallonie-Bruxelles à Tunis entre 2008 et 2015 (après l’avoir été aussi au Maroc), Daniel Soil est également un grand passionné des arts et des lettres, auteur d’une série de romans dont le dernier est dédié à la révolution tunisienne qu’il a vécue de près et sur laquelle il porte un regard admirateur.
La révolution tunisienne aux yeux d’un diplomate belge
Engagé actuellement à la Bibliothèque d’Ixelles de Bruxelles en tant qu’écrivain public bénévole, Daniel Soil est revenu en Tunisie depuis quelques jours pour la promotion de son nouveau livre ‘‘L’Avenue, La Kasbah’’, paru en septembre 2019 aux éditions Mode Est-Ouest (MEO, Belgique) puis coédité par les éditions Chema (Tunisie), l’une des pépites de la rentrée littéraire 2019.
Accompagné de l’écrivain Gilbert Naccache et de l’universitaire Mohamed Chagraoui, l’écrivain et diplomate bruxellois a donné une conférence-débat le soir du lundi 21 octobre 2019 à l’hôtel Tiba au centre-ville de Tunis pour nous parler de ce 7e roman qui porte le nom de deux lieux emblématiques de la révolution tunisienne, à savoir l’Avenue Habib Bourguiba et la Kasbah, où se trouve le palais du gouvernement. «L’Avenue, c’est la grande artère qui traverse Tunis, de la mer à la Médina. C’est là que, de tous temps, se sont retrouvés les gens en colère. La Kasbah, c’est la vaste esplanade au centre des ministères, qui a remplacé une image assez valorisante d’un pays si neuf, si fière de son indépendance», lit-on sur la quatrième de couverture du livre.
Gilbert Naccache, qui a écrit la préface du livre, a souligné à quel point Daniel Soil a pu avoir ce regard de citoyen et d’habitant de la ville dans l’écriture de ce roman «qu’on ne soupçonne pas avoir été écrit pas un ‘’étranger’’».
Le regard admirateur d’un témoin privilégié
‘‘L’Avenue, La Kasbah’’ raconte une histoire d’amour fascinante entre un cinéaste belge et une enseignante tunisienne qui se rencontrent peu avant le déclenchement des révoltes de décembre 2010 conduisant à la révolution de janvier 2011 et de ce qu’on appellera plus tard ‘‘Le Printemps arabe’’. Le roman est construit sur une sorte de parallélisme entre la petite histoire, celle du couple Elie et Alyssa, et de la grande Histoire faite de bouleversements politiques et sociaux que connait la Tunisie et que l’auteur a connu et suivi de très près. «(…) C’est le regard d’un étranger de passage, tombé amoureux du pays et de ses habitants, qui va dire le premier que la révolution, suprême transgression de l’ordre social, réintroduit l’amour, le possible et l’improbable, avec la poésie qui remplit le cœur de ceux qui se battent pour changer la vie», écrit Gibert Naccache en préface du livre.
En l’espace de sept années de mission diplomatique, Daniel Soil a pu être un témoin privilégié de ce chapitre majeur dans l’histoire de la Tunisie; et c’est avec un regard admirateur et toute la liberté d’un romancier qu’il décrit les grands moments de la révolution. «La fiction dit mieux la réalité que la réalité elle-même», explique-t-il. Car sans en faire un roman à thèse, il mêle ingénieusement la trame romanesque aux faits historiques à travers cette belle rencontre au temps de la révolution qui nait d’abord sous «la sinistre surveillance» (expression qui revient fréquemment tout au long du roman), évoquant la répression et la censure du régime déchu : «Vous avez vu ces flics partout ? Comme si la sinistre surveillance _ C’est comme ça que je l’appelle _ prenait la mesure de la nervosité qui se répand. (…) N’est-il pas temps de nous interroger sur notre avenir, alors que le Sinistre Surveillant brigue un nouveau mandat ?».
Après la prudence et le doute des débuts amoureux, le couple s’épanouit et se libère avec la libération de tout un peuple : «Le pays est à feu, et moi je découvre le bonheur, je me réduis dans tes bras, je suis aux anges. Désormais j’ai deux vies, l’une amoureuse, l’autre rivée à une caméra qui grésille au fil de la révolte. Un équilibre qui me ravit, mais qui me rend parfois niais comme un enfant».
«J’ai eu la chance d’être là en janvier 2011, et j’ai aujourd’hui eu une deuxième chance pour présenter mon livre à un autre moment historique, celui des élections de 2019», souligne Daniel Soil au public nombreux venu à la présentation de ‘‘L’Avenue, La Kasbah’’.
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