Se faisant l’écho des 12 millions de Tunisiens, lassés et inquiets d’assister impuissants face au jeu malsain de la politique politicienne de leurs élites, le secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi s’est déclaré soulagé que «la raison et l’intérêt supérieur du pays aient enfin prévalu.» La centrale syndicale aurait-elle enterré la hache de guerre? Promet-elle de faire les sacrifices qu’il faut pour que le successeur de Youssef Chahed travaille tranquillement? Des questions «à un million»…
Par Marwan Chahla
Réagissant à l’annonce de la formation du gouvernement d’Elyès Fakhfakh et de la présentation de la liste de cette équipe au président de la République dans la soirée d’hier, mercredi 19 février 2020, le secrétaire général de l’Union général tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, ne pouvait manquer d’exprimer son soulagement que le calvaire de ce temps social, économique et politique que la Tunisie a perdu ait touché à son terme.
«Cette attente n’a que trop duré», a déploré, hier, M. Taboubi, au micro de Mosaïque FM: «Depuis les élections, et il y a de cela trois ou quatre mois –je dirais même bien avant la tenue des élections–, l’activité dans le pays a été littéralement paralysée. Il fallait bien que cela cesse.»
Le pays doit se remettre de nouveau au travail
Pour la circonstance, également, le chef syndicaliste a remercié toutes les parties prenantes –et sa liste est très longue– «qui ont placé l’intérêt supérieur de la Tunisie au-dessus de leurs considérations personnelles et leurs calculs partisans… pour que le pays se remette de nouveau au travail.»
A cette occasion, aussi, M. Taboubi s’est insurgé contre ce qu’il a qualifié de «pure folie» de certains –auxquels il a, d’ailleurs, préféré accorder l’anonymat– qui avaient appelé à la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et à la tenue d’élections anticipées. «Vous vous rendez compte de l’énormité de la chose: après cette longue attente, organiser un nouveau scrutin législatif. Ils n’ont pas l’air de mesurer le coût et le temps perdu par un pays qui n’en pouvait déjà plus…», s’est exclamé le chef de l’UGTT, expliquant que «le ramadan est proche –vers le 24 avril, précise-t-il–, la saison des examens nationaux pour nos enfants, la saison touristique qui arrive à grands pas, etc. Toutes ces échéances nationales sont à prendre en considération.»
Noureddine Taboubi s’est-il vraiment assagi ?
Le citoyen tunisien ordinaire ne demande qu’à croire la sagesse de M. Taboubi. Cet apaisement du chef syndicaliste signifierait-il que la centrale mettra en veilleuse son ouvriérisme des années ’60 et ’70 du siècle dernier? Impliquerait-il que le prochain gouvernement pourra mettre en oeuvre les réformes dont le pays a urgemment besoin? Et l’UGTT, rangerait-elle définitivement ces tristement célèbres «lignes rouges» et ses interminables exigences d’augmentations de salaires qui ont rendu la vie impossible au prédécesseur de M. Fakhfakh, creusé les déficits publics et aggravé l’endettement extérieur de l’Etat.
Demandez à Youssef Chahed ce qu’il pense des misères que lui a faites M. Taboubi et son incontournable UGTT et vous serez édifiés sur ce qui attend son successeur ?
Donnez votre avis