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Droit de réponse du colonel (R) Mohsen Mighri à propos de l’affaire de Barraket Essahel

Nous avons reçu du colonel (R) Mohsen Mighri, président de l’Association Insaf pour les anciens militaires, le droit de réponse reproduit ci-dessous suite à la publication par Kapitalis, le jeudi 29 juillet 2020, d’un article intitulé: «L’été 2013 en Tunisie : Un flash-back pour rafraîchir les mémoires.»

Cet article, présenté sous forme de chronologie réalisée par votre journaliste Abdellatif Ben Salem, comporte des contrevérités, relatives à l’affaire de Barraket Essahel.

Notre association, Insaf pour les anciens militaires, qui encadre, depuis 2011, et défend les droits des victimes de l’affaire de Barraket Essahel, est en droit de corriger deux contrevérités notoires exposées dans cet article:

Première contrevérité : selon l’auteur de l’article, le général Rachid Ammar avait présenté sa démission suite à un désaccord avec le président Marzouki concernant son «refus de réhabiliter, en réintégrant avec des grades supérieurs, les 240 militaires (en fait 244 NDLR) impliqués dans la tentative de complot contre la sûreté de l’Etat, dite l’affaire de Barraket Essahel».

Pour notre association, l’affaire de Barraket Essahel n’a jamais fait l’objet de désaccord entre le président Marzouki et le général Ammar, chef d’état-major des armées. Le règlement de cette affaire a suivi un cheminement juridique et administratif (Loi 28 votée par l’ANC en juin 2014, permettant de bénéficier des dispositions du Décret n° 1 relatif à l’amnistie générale.).

Le ministre de la Défense Abdelkarim Zbidi et le général Ammar ont été, avec le président Marzouki, les premiers à reconnaître l’injustice qui a frappé ces militaires et la nécessité d’y trouver une solution.

Le général Ammar nous a invités pour une réception en octobre 2011 puis a assisté à une 1ère cérémonie de réhabilitation des victimes (en civil) au Palais de Carthage, le 10 décembre 2012.

Deuxième contrevérité : d’après l’auteur, ces militaires avaient été indemnisés et «le coût total de cette opération est estimé à 70 millions de dinars.»

Notre association réfute cette allégation, car aucune indemnisation, de quelque nature que ce soit, n’a été versée aux militaires victimes de cette affaire, d’ailleurs, les décisions administratives de mise à la retraite n’ont été signées qu’à la fin de 2014, et les pensions de retraite n’ont été versées qu’à partir du mois de juin 2015.

Doit-on ajouter que même les droits aux réparations des préjudices subis par ces militaires, bien que reconnus par les tribunaux, sont restés à ce jour, en suspens.

Réponse de la rédaction de Kapitalis :

Dans votre droit de réponse, vous avez reproché à l’auteur d’avoir émis deux contre-vérités. Or une simple vérification texte original démontre qu’il n’en est rien et que vos reproches sont dénués de tout fondement.

Premièrement vous avez écrit: «Selon l’auteur, le général Ammar avait présenté sa démission suite à un désaccord avec le président Marzouki concernant «son refus de réhabiliter, en intégrant avec des grades supérieurs les 240 militaires impliqués dans la tentative de complot contre la sûreté de l’Etat, dite l’affaire de Barraket Essahel» Cependant que l’auteur a bien précisé, au cas où vous n’auriez pas lu attentivement l’article: «Il (le général Ammar), ne divulgue rien sur les causes réelles et immédiates de sa démission, bien qu’on parle…» Vous n’êtes pas sans savoir que le journaliste, l’analyste politique ou tout simplement l’observateur ne se contente pas du langage de bois et des vérités à mi mots débités continuellement par les responsables politiques ou militaires. Son travail consiste à questionner, en allant au-delà de la surface de la photographie, être à l’écoute des rumeurs de l’opinion, vérifier les bruits des coulisses afin de présenter à ses lecteurs les informations les plus fiables et les plus proches de la réalité. En employant le pronom impersonnel «on», il s’est fait le passeur de l’écho du débat à propos des indemnisations qui a agité l’opinion publique à l’époque. Mais nullement a en faire siennes les issues finales.

Deuxièmement, vous avez écrit dans votre droit réponse que «d’après l’auteur, ces militaires ont été indemnisés et le coût total de cette opération a été estimé à 70 millions de dinars».

Sincèrement on se demande bien d’où est-ce vous avez tiré cette citation, Hormis le fait que dans son exposé des éléments de l’affaire, l’auteur avait bien noté par prudence et en prenant soin de le mettre entre parenthèse que (le coût total de cette opération est estimé – c’est nous qui soulignons – à 70 millions de dinars). Il n’a jamais écrit que les militaires avaient été indemnisés, Faut-il encore vous rappeler que juridiquement parlant, estimer le montant des réparations ne veut pas dire le verser automatiquement à qui de droit.

Non seulement vous le confirmez vous-même à la fin de votre réponse lorsque vous écrivez que : «les droits aux réparations des préjudices subis par ces militaires, bien que reconnus par les tribunaux, sont restés à ce jour en suspens», mais vous avouez par défaut que le problème des droits de réparation des protagonistes de l’affaire de Barraket Essahel constitue toujours un problème irrésolu malgré une décision judiciaire, car croyons-nous il demeure un problème éminemment politique.

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