Les offres de paiement en ligne se démocratisent en Tunisie, et rendent accessibles des biens et services jusque-là non disponibles à la majorité d’entre nous. Entre négociations avec les grands fournisseurs de service et nouveaux systèmes de facturation, on fait le point sur la situation en 2020.
Par Meriem Majdoub
Les données 2019 du ministère du Commerce montrent que l’appétit des Tunisiens pour les paiements en ligne est bien présent : 3,8 millions de transactions ont été enregistrées dans le pays au cours de l’année passée. Au total, ce sont 271,5 millions de dinars qui ont été échangés, soit une augmentation de +21% par rapport à l’année 2018.
Essor des paiements en ligne en 2019
Cela a été partiellement dû au lancement du projet Easy Export, qui souhaite stimuler les exportations pour les petites et moyennes entreprises tunisiennes. Il permet notamment de réduire de 50% les envois postaux à l’étranger, sous condition d’être enregistré auprès d’une plateforme de paiement tunisienne.
Cela dit, la majorité de ces nouvelles transactions pour l’année 2019 proviennent des réseaux sociaux. En particulier les entreprises non officiellement enregistrées, qui utilisent Facebook ou d’autres sites pour conduire leurs activités. Cette hausse montre bien la nécessité d’avoir des modes de paiement alternatifs pour les Tunisiens.
Factures en ligne et e-Dinar : de plus en plus d’options disponibles
C’est sans doute pourquoi on a vu un essor de nouvelles solutions de paiement ces derniers mois et années. Les citoyens tunisiens peuvent par exemple payer leurs factures de la STEG (électricité et gaz) directement sur Internet. Cela a pu se faire grâce à une collaboration avec les opérateurs téléphoniques Tunisie Telecom et Ooredoo.
On notera aussi le succès de l’e-Dinar, un service de paiement proposé par la Poste. Il permet aux entreprises, administrations et sites marchands de mettre en place une plateforme de paiement, grâce à une procédure d’affiliation électronique. Les étudiants tunisiens peuvent ainsi régler les frais d’inscription à l’Université directement avec ce service. Une carte prépayée «e-Dinar jeune» a également vu le jour afin de proposer des réductions annexes.
Des options pour les paiements à l’étranger
Pour les particuliers qui souhaitent effectuer des paiements à l’étranger, les choix sont cependant plus limités. Le créneau est donc occupé par des entreprises étrangères. On a noté l’arrivée de Paymee, un processeur de paiement. Les Tunisiens peuvent aisément ouvrir un compte puis l’alimenter avec leur carte bancaire, même si celle-ci ne permet que les paiements locaux. Récemment, le service a même commencé à proposer la recharge téléphonique en deux clics. Autre exemple : dans le secteur des jeux de casino en ligne en Tunisie, EntroPay est devenu particulièrement populaire. Le site permet d’ouvrir un compte en ligne gratuitement en quelques minutes. Les utilisateurs reçoivent alors une carte bancaire Visa émise par une banque britannique.
Une autre figure importante des paiements en ligne est Skrill : le service permet aux Tunisiens d’accéder à des sites de trading qui pourraient leur être inaccessibles. On notera aussi l’émergence des crypto-monnaies comme le Bitcoin : celle-ci sont sont cependant plus utilisées en tant que réserve de valeur que comme moyen de paiement.
Des obstacles à dépasser à l’avenir
Mais certains obstacles persistent cependant, et les dépasser permettra à notre pays de s’ouvrir encore plus au commerce international… mais aussi local. Du côté des factures en ligne, toutes les agences ne sont en effet pas aussi avancées. Les Tunisiens ont par exemple signalé de nombreux problèmes avec la plateforme de paiement de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede).
Et les entreprises internationales qui souhaiteraient apporter de nouveaux moyens de paiement au pays sont souvent limitées par les restrictions appliquées par le gouvernement. Comme on le sait, les conversions entre dinars tunisiens et devises étrangères sont limitées à une somme précise. Cela freine donc l’avancée de géants comme PayPal en Tunisie. Les processeurs de paiement internationaux n’appliquent en général aucune limitation, ce qui ne les rend pas compatibles. Il faut donc espérer que la Banque Centrale de Tunisie continue à négocier avec les entreprises du secteur afin d’ouvrir plus amplement le pays à ces modes de paiement.
Si les entreprises locales ont maintenant accès à une offre conséquente en matière de paiements en ligne, les particuliers doivent donc souvent jongler avec des services étrangers pour accéder aux sites situés en dehors de Tunisie. Nul doute que l’ouverture progressive du gouvernement aux processeurs de paiement étranger s’accélérera cependant. Il s’agira certainement d’une des clefs qui épaulera l’économie du pays dans les années à venir.
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