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Le poème du dimanche: ‘‘Papa’’ de Sylvia Plath

Sylvia Plath, née le 27 octobre 1932 à Jamaica Plain, dans la banlieue de Boston aux États-Unis et décédé le 11 février 1963 à Londres, en Grande-Bretagne, est une poétesse américaine qui a acquis une grande notoriété à titre posthume.

Fille d’Otto Emil Plath, immigré allemand et d’Aurelia Frances Schober, Américaine aux origines autrichiennes, Sylvia Plath naît à Boston, puis vit avec sa famille à Winthrop. Elle est une enfant douée qui publie son premier poème à l’âge de huit ans. La même année, le 5 octobre 1940, son père, professeur d’allemand à l’université de Boston et entomologiste spécialisé dans le domaine des abeilles, décède brutalement des suites de l’amputation d’une jambe gangrenée.

En 1950, après ses études secondaires à la Gamaliel Bradford High School, grâce à une bourse d’étude, elle est acceptée dans l’une des meilleures universités américaines réservées aux femmes, le Smith College, située à Northampton à proximité de Boston. En 1956, elle obtient une bourse Fulbright pour étudier en Angleterre, au Newnham College à Cambridge où elle fait la connaissance de Ted Hughes, un jeune poète anglais. Rencontre fulgurante s’’il en est, ils se marient quelques mois plus tard.

A l’automne 1962, le couple vole en éclats lorsque Sylvia découvre l’infidélité de Ted, qu’elle chasse de la maison. Elle vivra dans leur maison avec les enfants tout l’automne. Durant cette période, Sylvia écrit chaque matin un ou plusieurs poèmes avant de réveiller ses enfants. Ce sont ces poèmes, réunis dans le recueil ‘‘Ariel’’, publié après sa mort, qui feront sa renommée. En décembre 1962, elle obtient la location de l’ancienne maison de Yeats, dans le nord de Londres. Le 14 janvier 1963, elle publie son premier roman, ‘‘La cloche de détresse’’ (The Bell Jar), en grande partie autobiographique, qui connaît un bon accueil critique. Son journal fait référence à deux autres romans évoquant sa relation avec Hughes, et qui auraient disparu. Le 11 février, elle se donne la mort à son domicile.

Peu de temps après son décès, Sylvia Plath fut rangée dans les poètes «confessionnels», mouvement américain formé autour du poète Robert Lowell, et qui souffraient d’un certain déséquilibre psychologique. Bon nombre de ses écrits seront publiés après son décès et le recueil ‘‘Collected Poems’’ obtiendra le prix Pulitzer de poésie à titre posthume.

Ne fais pas, ne fais pas,
plus jamais, chaussures noires
dans lesquelles j’ai vécu comme un pied
pendant trente ans, pauvre et blanche,
osant à peine respirer ou éternuer.

Papa, j’ai dû te tuer.
Tu es mort avant que j’en ai eu le temps —
Lourd comme marbre, un sac débordant de Dieu,
grand comme un phoque de Frisco

et une tête dans l’étrange Atlantique
où se déverse grain vert ou bleu
dans les eaux hors du si beau bateau Nauset
où se déverse grain vert ou bleu
J’ai souvent prié pour te retrouver
Ach, du.

Dans la langue allemande, dans la ville polonaise
nivelé à ras par les rouleaux
des guerres, guerres, guerres.
Mais le nom de la ville est commun.
Mon ami polonais

Me dit qu’il y en a une douzaine ou deux.
Aussi je ne pourrais jamais raconter
où tu avais mis les pieds, tes racines.
Jamais je ne pus te parler.
La langue était coincée dans ma mâchoire.

Cela coince dans le piège des fils de la barbe.
Ich, ich, ich, ich,
je peux difficilement parler.
Je pensais que tout Allemand était toi
et la langue obscène.

Une locomotive, une locomotive
me déportant comme un juif
Un juif de Dachau, Auschwitz, Belsen.
Je commence à parler comme un juif.
Je pense que je devrais bien être un juif.

La neige du Tyrol, la bière légère de Vienne
ne sont ni pures ni vraies.
avec mes ancêtres tziganes et ma chance bizarre
et mon sac de contrefaçon et mon sac de contrefaçon
je dois être un morceau de juif.

Toujours je t’ai vénéré
avec ta Luftwaffe, ton charabia
et ta moustache si soignée
et tes yeux d’aryen, d’un bleu d’acier
Panzer-man, panzer-man, O toi—

Pas Dieu mais une croix gammée
si noire qu’aucun ciel ne pouvait glapir au travers
Chaque femme adore un fasciste,
la botte sur le visage, la brute
le cœur de brute comme une brute comme toi.

Tu es devant le tableau noir, papa
dans cette image que je garde de toi,
une crevasse au menton au lieu de ton pied
Mais pas besoin du diable pour cela, non pas moins
que cet homme noir qui

déchire en deux mon joli cœur rouge
J’avais dix ans quand ils t’ont mis en terre.
À vingt ans j’ai tenté de mourir
et de revenir en arrière, en arrière, en arrière vers toi.
je pensais que les os le permettraient enfin.

Mais ils m’ont chassé du sac
et ils m’ont coincé en moi-même avec de la glue.
Alors j’ai su que faire.
J’ai fait un modèle de toi
un homme en noir avec l’apparence de Meinkampf

Et l’amour de la torture et de la baise
et je me suis dit je le dois, je le dois
Ainsi papa, je suis enfin au-delà.
le téléphone noir est hors des racines,
les voix ne peuvent plus se faufiler au travers.

Si j’avais tué un homme, j’en aurai tué deux
Le vampire qui dit qu’il est toi
et buvait toute l’année mon sang.
Sept ans, si tu veux vraiment savoir.
Papa tu peux te recoucher maintenant

Il y a un pieu dans ton cœur noir et gras
et les gens du village ne t’ont jamais aimé
Ils dansent sur toi et te piétinent.
Toujours ils ont su que c’était toi.
Papa, papa, toi salaud
je suis passé au travers.

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