Les Frères musulmans jubilent avec la victoire de Joseph Robunette Biden aux Etats-Unis, mais ils ne tarderont pas à déchanter. Et pour cause. Le mythe de la démocratisation par l’islam politique a fait son temps et l’administration Biden ne pourra pas ignorer ce qui semble faire progressivement l’objet d’un consensus chez ses alliés européens sur ce phénomène qui est perçu désormais comme une menace sécuritaire.
Par Elyes Kasri *
Dans l’attente de sa confirmation officielle, l’élection plus serrée que prévu du candidat démocrate Joe Biden à la présidence des Etats-Unis d’Amérique pourrait bien ne pas être aussi salutaire que ne l’espérait la nébuleuse islamiste y compris en Tunisie.
Il est fort probable que le président Biden accordera la priorité au rétablissement des engagements multilatéraux des Etats Unis dans les domaines du commerce mondial, de l’environnement, de l’alliance atlantique et du programme nucléaire iranien en plus d’une gestion plus classique de «la menace sino-russe».
À part les relations avec Israël, l’allié traditionnel qui bénéficie du soutien indéfectible des deux principaux partis politiques aux Etats Unis, les relations avec les autres pays du Moyen Orient connaîtront une moindre intensité que sous le président Donald Trump qui rêvait d’entrer dans l’histoire avec sa transaction du siècle qui pourrait ne pas survivre au départ de son initiateur.
Des relations plus nuancées avec les islamistes
L’engagement de l’administration Biden dans le processus de «démocratisation du monde arabo-islamique» et le partenariat avec les tenants de l’islam politique seront en toute probabilité beaucoup plus nuancés et prudents que sous l’administration Barack Obama.
De leur côté, outre la contestation de la légitimité de l’élection de Joe Biden, les républicains s’efforceront en toute probabilité de harceler la nouvelle administration démocrate en instrumentalisant «des dossiers et des affaires» de l’administration Obama dont Joe Biden assurait la vice-présidence.
Ce travail de sape sera plus intense si les républicains parviennent à garder leur majorité au sénat d’ici le 5 janvier 2021 à la suite des résultats finaux des élections sénatoriales portant sur deux représentants de l’Etat de Géorgie.
Il y a lieu de s’attendre à ce que l’alliance sulfureuse avec l’islam politique notamment dans le cadre du «printemps arabe» et les dérives radicales et violentes des auxiliaires islamistes feront l’objet d’une réévaluation à travers une grille moins idéaliste et droit-de-l’hommiste.
L’opposition républicaine sera probablement tentée de dévoiler les véritables péripéties du «printemps arabe» concocté par l’administration Obama avec la collaboration du Qatar, de l’internationale islamiste et des figurants gauchistes et droits-de-l’hommistes qui auraient pu être qualifiés d’idiots utiles par Lénine et Qaradhawi.
L’islamisme politique ne va pas tarder à déchanter
Après le froid qui a caractérisé les relations avec l’alliance atlantique sous le président Trump, la nouvelle administration démocrate, soucieuse de donner un nouveau souffle a l’Otan et au partenariat transatlantique, devra tenir compte des appréhensions des alliés européens au sujet des menées impérialistes néo-ottomanes du régime turc et de l’activisme des tenants de l’islamisme politique ainsi que leurs machinations subversives dans leur région et en Europe.
Ainsi, le retour des démocrates au pouvoir aux Etats Unis pourrait ne pas être aussi idyllique que ne l’espéraient les tenants de l’islamisme politique.
Il est fort probable que l’administration Biden optera pour une gestion plus sobre des relations internationales qui pourrait surprendre et même décevoir les nostalgiques de l’activisme pro-islamiste de l’administration Obama.
Le mythe de la démocratisation par l’islam politique a fait son temps et l’administration Biden ne pourra pas ignorer ce qui semble faire progressivement l’objet d’un consensus chez ses alliés européens sur ce phénomène qui est perçu désormais comme une menace sécuritaire.
* Ancien ambassadeur.
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