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Que peuvent espérer les pays du «printemps arabe» de Joe Biden?

La politique de Donald Trump n’est pas étrangère au début de la fin des partis islamistes dans notre région. Cependant, si Biden ne retient pas la leçon du passé et s’il continue sur la lancée du tandem Barak Obama – Hillary Clinton, alors les intégristes reprendront du poil de la bête et obligeront les démocrates à reprendre le maquis.

Par Dr Mondher Azzouzi *

Joe Biden sera le futur président des États-Unis. Sauf coup de théâtre de dernière minute ou une éventuelle décision contraire de la Cour suprême que s’apprête à saisir Donald Trump. Celui-ci, en effet, ne semble pas lâcher prise et ne cesse de réclamer sa victoire notamment suite à la proclamation des résultats de l’Alaska qui le mettent loin devant son rival. De plus il remet en cause le résultat de pas moins de cinq Etats dont il dénonce le mode de dépouillement qui n’est pas à son avantage.

Néanmoins, il reste à savoir ce que le vieux candidat démocrate compte mener comme politique, qui semble en apparence opposée en tous points à celle du président sortant. Si, évidemment, celui-ci consent à quitter la Maison blanche dans les délais constitutionnels, en janvier prochain.

Quelle politique étrangère pour Biden ?

Tout le monde sait, que le président de la plus grande puissance mondiale, capable de faire et de défaire la souveraineté de la plupart des Etats du monde, n’est que le porte-parole de lobbys puissants qui lui intiment l’ordre de mettre en œuvre des décisions entérinées. Il est aussi le bras exécutif d’importantes institutions fédérales, notamment l’armée, les services secrets, la banque fédérale, mais aussi des groupes d’influence, notamment des sénateurs importants et de grandes familles dont les noms circulent en permanence pour ne pas être connues de tous.

Pour l’instant, c’est Biden qui semble avoir obtenu le suffrage d’une bonne partie de tout ce beau monde. Celui qui fût le vice-président de Barack Obama, lequel sera sans doute présent par procuration pour un quasi troisième mandat. Or que peut-on observer en réalité? Que bien que fanfaron n’obéissant guère au politiquement correct, Donald Trump ne s’est engagé dans aucune guerre. Il a renvoyé l’Europe à sa dimension réelle et réduit considérablement l’étendue de l’intervention de l’Otan. Il a retiré ses troupes de Syrie tout comme il avait claqué la porte au Cop 21 pour infliger une humiliation à la France. Il s’est démarqué de ce leurre qu’est le «printemps arabe» pour tenir à distance les mouvements religieux des pays arabes ne leur apportant aucun soutien nécessaire à leur survie. Son mandat aura été marqué par son souci de limiter l’hégémonie économique de la Chine, par l’extorsion de fonds à des Saoudiens consentants, et par la consolidation des relations avec Israël. Mais est-ce vraiment une nouveauté surprenante de la part des Américains, démocrates et républicains confondus ?

Vers une éclipse du parti Ennahdha en Tunisie

Pour un pays comme la Tunisie, le fait le plus important aujourd’hui c’est d’aboutir au délitement du parti religieux majoritaire, Ennahdha en l’occurrence, se voulant toujours aux manettes de l’Etat. Et voilà que le vice-président d’Obama arrive au pouvoir avec des intentions certainement déjà définies pour la politique étrangère de son pays. S’il arrive à rectifier le tir pour mettre fin, chez nous, à cette mascarade de consensus qui nous avait valu, paradoxalement, un prix Nobel de la Paix, en 2015, en même temps qu’une étiquette de pays pépinière de terroristes, il sera bien inspiré pour tirer les leçons du passé.

Barack Obama devrait reconnaître son tort à ce sujet et l’aider à comprendre que ce n’est pas de ce changement là dont voulait le peuple tunisien ainsi que ceux de toute cette région instable.

Personne n’est dupe à ce point pour se voiler la face ni pour nier que les États-Unis sont une forte influence sur nos dirigeants. Ils sont de ce fait incontournables pour agir sur le changement de cap chez nous au moins en ne prenant plus le parti de ceux dont l’histoire retiendra le nom comme les fossoyeurs du pays.

Le délitement en cours du parti religieux en Tunisie était prévisible (le pouvoir corrompt absolument) et son éclipse de la scène politique est la première condition nécessaire à reconstruction de notre pays.

Espérons ne pas être amenés à regretter Trump

Loin de toute passion exagérée, qui de plus est renforcée par des médias partisans, il faut reconnaître que la politique de Donald Trump n’est pas étrangère au début de la fin des commerçants de religion dans notre région. Cependant, si Biden ne retient pas la leçon du passé et continue sur la lancée de Hillary Clinton, renforcé dans son erreur par un Obama qui sera une sorte de président bis, alors les intégristes reprendront du poil de la bête pour obliger à nouveau les démocrates à reprendre le maquis des réseaux sociaux.

C’est seulement dans ce domaine que cette région dévastée du monde attend la position du futur président des États-Unis. Afin de ne pas regretter le départ de celui qu’ils auraient finalement décrié à tort.

* Cardiologue à Lyon.

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