Il est présomptueux de parler de reprise de l’activité touristique en Tunisie alors que la crise sanitaire de la pandémie de la Covid-19 bat encore son plein, mais cette reprise, que l’on peut espérer pour la saison estivale 2021, doit être préparée dès maintenant dans le cadre d’une stratégie concertée entre les pouvoirs publics et les professionnels du secteur.
C’est dans cet esprit que le ministère du Tourisme a conçu une stratégie pour assurer la relance de l’activité dans les meilleures conditions, aussitôt la crise sanitaire sera terminée.
Dans une interview accordée à l’agence TAP, Mohamed Moez Belhassine, directeur général de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), a indiqué que cette stratégie repose sur plusieurs piliers, à savoir la diversification de l’offre, la stimulation de la demande, aussi bien intérieure qu’internationale, la promotion de l’investissement et la pérennisation du secteur.
Refonte des normes de classement en 2021
«Il faut tout revoir et tout repenser. La crise nous a montré que l’activité touristique souffre de grandes fragilités structurelles, auxquelles nous devons remédier. Il faut aussi poser les bases d’une transformation durable de cette filière. Notre priorité la plus urgente, aujourd’hui, est de renforcer la résilience du secteur touristique, en mettant en application les mesures gouvernementales prises en mars, notamment celles relatives à la facilitation de l’octroi de crédits aux professionnels, afin qu’ils puissent surmonter leurs difficultés financières et ainsi maintenir les postes d’emploi», a indiqué le responsable de l’ONTT.
«Parallèlement, nous avons conçu un programme de formation au profit du personnel touristique, avec un minimum de rémunération. L’objectif est de saisir ce temps de pause, causé par la pandémie, pour améliorer et renforcer les compétences du personnel et le préparer à la relance post-Covid», a ajouté M. Belhassine.
Au niveau de la diversification de l’offre, M. Belhassine a fait savoir que l’Office se penche, actuellement, en collaboration avec les fédérations professionnelles concernées, sur la finalisation du projet de refonte des normes de classement des unités d’hébergement touristique, pour qu’elles s’alignent sur les standards internationaux. «Lancé en 2018, ce projet, qui aboutira à l’adoption d’une nouvelle réglementation de classement d’hôtels, sera fin prêt en 2021», a assuré le responsable.
Montée en gamme et label de qualité
«Ce projet vise à inciter les hôtels à accorder plus d’attention et à déployer plus d’efforts, pour améliorer la qualité de leurs prestations. Il devrait garantir la montée en gamme du tourisme tunisien et doper la compétitivité des unités hôtelières. Dans le même contexte, l’ONTT a conçu un projet de lancement d’un label attractif de qualité touristique, dont la finalité est de repositionner la destination Tunisie sur les marchés, aussi bien pour les professionnels (tour-opérateurs…), que pour les clients». a-t-il encore précisé.
Ainsi, pour être certifiés label «Qualité Tourisme», les professionnels doivent être capables d’assurer un accueil courtois, de fournir des informations claires, actualisées et fiables sur les services, d’offrir une prestation et une expérience uniques, et d’être à l’écoute afin de satisfaire toutes les attentes des clients.
Par ailleurs, l’Office a créé de nouveaux circuits touristiques écologiques, sportifs, culturels…, couvrant plusieurs régions du pays, pour offrir aux touristes, étrangers et tunisiens, une variété de produits, tout en assurant la promotion de nouveaux sites, dans les quatre coins du pays. A cela s’ajoute, le développement des activités nocturnes et des espaces d’animation.
Une attention particulière pour l’environnement
Cette diversification de l’offre touristique doit être accompagnée de l’amélioration de la qualité de l’environnement, afin de pouvoir commercialiser la destination Tunisie sur une large échelle, estime, cependant, le responsable de l’ONTT. «Bien que le ministère de Tourisme accorde, chaque année, des aides financières aux municipalités touristiques, à travers le Fonds de protection des zones touristiques, en vue de leur permettre d’améliorer la propreté et l’infrastructure de base, ainsi que de renforcer leurs moyens d’intervention, les résultats sont toujours insatisfaisants», admet-il cependant.
Pour cette raison, le département examine, actuellement, la possibilité d’optimiser l’octroi des subventions, en conditionnant ces aides à la réalisation d’importants projets environnementaux, par les municipalités concernées, dont la mise en place de stations locales de gestion des déchets, ou l’affiliation à un programme écologique, tel que celui du pavillon bleu.
Hausse des investissements touristiques de 123% en 2020
«Malgré toutes ces difficultés, la Tunisie demeure une site attractif pour les investisseurs et les grandes enseignes internationales, puisque la valeur des investissements recevant l’accord final, est passé de 491 millions de dinars tunisiens (MDT), en 2019, à un peu plus de 1 milliard de dinars, jusqu’à fin octobre 2020, ce qui représente une hausse de 123%. On s’attend, ainsi, à ce que de nouvelles unités d’hébergement hôtelier et alternatif voient le jour prochainement, dans plusieurs régions du pays», a annoncé le DG de l’ONTT.
Il s’agit, là, du fruit des efforts déployés par tous les acteurs, dont les professionnels privés et les organisations nationales. «À cela s’ajoute la présence de grandes enseignes internationales en Tunisie, dont Radisson, Mariott, Four Seasons, Anantara, Résidence, Cigale… qui est, en lui même, une sorte de la promotion pour la Tunisie, rassurant les autres enseignes et investisseurs et les incitant à venir s’implanter sur notre territoire», insiste M. Belhassine.
Pour ce qui est de renforcement de la demande touristique, le responsable de l’ONTT a fait savoir que l’effort cible à la fois le touriste local et étranger.
«Au niveau local, plusieurs projets sont en cours de finalisation, notamment, une convention qui sera signée, dans les prochains jours, avec les fédérations professionnelles, visant à faire bénéficier les Tunisiens de réductions lorsqu’ils réservent leurs séjours. Nous œuvrons, en outre, à encourager les hôteliers à généraliser les promotions et les offres de gratuité pour les enfants, et à offrir de nouveaux modes d’hébergement touristique économiques et adaptés aux spécificités de la famille tunisienne», a également fait savoir M. Belhassine.
La digitalisation, fer de lance de la promotion touristique
Au niveau international, les efforts déployés en vue de promouvoir la destination Tunisie se basent de plus en plus sur les relations publiques et la digitalisation, d’autant plus que le budget annuel alloué à la promotion n’a même pas permis de réaliser une campagne publicitaire d’une semaine sur une chaîne européenne telle que TF1. «Pour cette année, ce budget n’a pas dépassé les 49 MDT, ce qui ne représente même pas 10% des montants mobilisés par nos concurrents, d’où l’obligation de le rationaliser, en organisant des actions efficaces et à moindre coût», a affirmé M. Belhassine, en assurant que l’ONTT va renforcer sa stratégie en matière de relations publiques, en organisant des rencontres périodiques avec des journalistes et des influenceurs tunisiens et étrangers. L’Office suit, aussi, la tendance au niveau du digital, en lançant des comptes sur les principaux réseaux sociaux, notamment facebook, instagram… et en concevant des vidéos promotionnelles sur les spécificités de la destination Tunisie, lesquelles sont diffusées sur les différents canaux digitaux du ministère du Tourisme, de l’Office et sur les pages de ses différentes représentations à l’étranger.
«Ces dernières jouent, à leur tour, un rôle primordial, même durant des périodes de crise, comme celle que nous vivons actuellement, puisqu’elles œuvrent à garder le contact avec nos partenaires à l’étranger, dont les tour-opérateurs, les représentants des médias…, et aussi à assurer la veille et le feed-back aussi bien sur la situation au niveau de nos marchés touristiques, que sur les plans de relance adoptés par nos concurrents», insiste le responsable de l’ONTT.
Ces représentations font l’objet, tous les ans, d’un suivi et d’une évaluation sur la base des objectifs assignés, celles dont le résultat est insatisfaisant ont été automatiquement fermées. Le nombre des représentations de l’ONTT à l’étranger a d’ailleurs baissé, passant de 36 en 2010, à 17 actuellement. Il s’agit, on l’a compris, de rationaliser les dépenses et de chercher une meilleure rentabilité.
Source : Tap.
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