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Les Etats-Unis à la croisée des chemins: Le Trumpisme est-il fini ?

A cinq jours de l’investiture de Joe Biden en tant que 46e président des Etats-Unis d’Amérique, le pays de l’Oncle Sam vit encore sous le choc de l’assaut du Capitole par des sympathisants du président sortant Donald Trump. Cette journée qui restera sans doute gravée à jamais dans la mémoire politique américaine, et pas seulement par la violence et le chaos qui l’ont marquée mais aussi par les conséquences qui vont en découler.

Par Taha Abdelkader Allouche *

Alors que tout le monde s’intéressait aux événements liés à l’invasion de l’édifice emblématique de la démocratie américaine, le Sénat a basculé du côté démocrate après la double victoire aux élections sénatoriales partielles en Géorgie. Cela faisait près de vingt ans que cet ancien État esclavagiste du sud des Etats-Unis n’avait pas élu un seul démocrate au Sénat. Cette victoire n’est pas seulement symbolique car elle change complètement la donne en faveur de Joe Biden. En effet, les démocrates ont désormais 50 sièges au Sénat, autant que les républicains. Mais comme le prévoit la Constitution, la future vice-présidente Kamala Harris a le pouvoir de départager les votes et donc de faire pencher la balance du côté démocrate.

Après la Maison-Blanche et la Chambre des Représentants, le président élu est assuré de la sorte de disposer de tous les leviers du pouvoir à Washington pour au moins les deux premières années de son mandat.

Le 25e amendement n’est plus d’actualité

Devant l’ampleur de l’insurrection vécue àWashington le 6 janvier dernier, les démocrates ont demandé dans la foulée au vice-président Mike Pence d’activer en urgence le 25e amendement de la Constitution. Il s’agit de la procédure la plus rapide permettant de destituer Donald Trump en constatant son inaptitude à exercer ses fonctions présidentielles. L’application de cet article nécessite obligatoirement un vote par la majorité du cabinet du gouvernement fédéral corroboré par une signature du vice-président.

Cette piste n’est plus d’actualité malgré la rupture sentie entre Trump et son colistier Pence puisque ce dernier a envoyé une lettre à la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, déclarant qu’il refusait d’y recourir. Un refus qui n’empêchera pas les démocrates de lancer une procédure de destitution ordinaire contre le président sortant.

Donald Trump marquera l’histoire américaine en tant que le premier président mis deux fois en accusation par la Chambre des Représentants. La première était en décembre 2019 déclenchée par la révélation d’un appel téléphonique dans lequel le président sortant avait demandé à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, l’ouverture d’enquêtes contre son futur adversaire Joe Biden, dont le fils avait fait des affaires à Kiev, en échange notamment du déblocage d’une aide militaire cruciale. Cette deuxième fois, juste à une petite semaine de la fin de son mandat, il a été accusé d’avoir encouragé l’assaut de ses partisans contre le Capitole causant cinq morts et ridiculisant la démocratie américaine.

Ce deuxième «impeachment» historique a été décrété par un vote à la chambre à 232 voix pour dont 10 républicains qui ont appuyé les démocrates, contre 197 voix.

Un double coup d’une seule pierre

Le sort de cette procédure de destitution parlementaire amorcée par la Chambre des Représentants appartient désormais au jugement du Sénat. L’objectif annoncé de ce procès, qui n’est autre que la condamnation finale du président sortant, s’avère difficile puisqu’elle nécessite une majorité renforcée des 2/3 des voix des sénateurs. Cela semble peu probable vu la configuration actuelle des sièges à la 2echambre du Congrès américain.

Par contre, l’objectif réellement réalisable au Sénat serait un simple vote à la majorité absolue conduisant à l’inéligibilité de Donald Trump à se présenter aux prochaines élections présidentielles, déclarant ainsi la fin politique de ce président controversé.

Au total, ceci étant, dans l’intérêt des deux partis rivaux, les démocrates en premier lieu et même les républicains, ces derniers vont récupérer leur base électorale dominée par le trumpisme avec plus de 75 millions de votants lors des quatre dernières années.

* Médecin et Activiste politique.

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