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Le vaccin anti-Covid en 10 questions-réponses

À l’aube de la nouvelle année 2021, plusieurs pays se sont munis d’une nouvelle arme face à cette pandémie du coronavirus (Covid-19), en débutant leur campagne vaccinale dès le mois de décembre; l’objectif étant d’éviter les décès et les hospitalisations en protégeant les personnes à risque. À l’opposé, la Tunisie concède un retard inadmissible pour se procurer le premier arrivage du vaccin qui sera, selon l’accord conclu avec le laboratoire américain Pfizer, disponible durant le 2e trimestre 2021.

Par Dr Taha Abdelkader Allouche *

Le principe de la vaccination contre la Covid-19 est de permettre au système immunitaire de déclencher une réponse immune spécifique contre le virus et de le neutraliser avant de développer la maladie. La majorité des vaccins en développement ciblent la protéine Spike du virus, aussi appelée protéine S, qui joue un rôle primordial dans l’infection. Cette protéine est située à la surface de l’enveloppe du virus et lui permet de se fixer à un récepteur cellulaire (ACE2) puis de pénétrer dans les cellules.

Quels sont les différents types de vaccins contre la Covid-19 ?

Elles sont de 2 types :

*Les technologies classiques, basées sur l’utilisation d’un virus entier et inactivé, (les vaccins développés par des consortiums chinois), ou d’une partie seulement du virus (la protéine S) associé à un adjuvant de l’immunité (vaccins de Sanofi-GSK).
*Les «nouvelles» technologies, basées sur : 1- l’utilisation d’ARNm, c’est-à-dire la séquence génétique de la protéine S (vaccins à ARNm développés par Moderna et par Pfizer-BioNTech); 2- l’utilisation d’un vecteur viral dans le génome duquel on a inséré le gène de la protéine S du virus. Le vecteur le plus utilisé est l’adénovirus du chimpanzé (vaccins développés par l’Université d’Oxford-AstraZeneca, Spoutnik V développé en Russie et CanSinoBio développé en Chine).

Modus operandi et efficacité des vaccins à ARNm (Pfizer-BioNTech et de Moderna) ?
L’ARNm vaccinal, une fois injecté dans un muscle, pénétrera dans les cellules et sera traduit dans le cytoplasme en protéine S. Cette expression va déclencher la production d’anticorps neutralisants par les lymphocytes B, une réponse lymphocytaire T cytotoxique permettant de détruire les cellules infectées par le virus et, surtout, la génération de lymphocytes T mémoire très précieux en cas de rencontre ultérieure avec le coronavirus.
Les preuves d’efficacité de ces vaccins proviennent de deux vastes essais cliniques de phase 3 randomisés, en double aveugle et avec un groupe placebo, lui procurant le plus haut niveau de preuve scientifique, montrant une efficacité respective de 95% et de 94%.

Les mutations impactent-elles l’efficacité des vaccins à ARNm ?
Si les mutations touchent la protéine S du virus d’une façon significative affectant la capacité du système immunitaire à la reconnaître, alors l’efficacité des vaccins actuellement développés pourrait être diminuée.

Quel délai respecter entre les 2 injections du vaccin Pfizer-BioNTech ?
Le schéma vaccinal comporte 2 doses administrées par voie intramusculaire, à 3 semaines d’intervalle. La 2e dose peut être administrée entre le 17e et le 21e jour. Si par erreur elle était faite avant le 17e jour, il ne serait néanmoins pas nécessaire de la répéter. Si plus de 21 jours se sont écoulés depuis la première dose, la deuxième dose doit être administrée dès que possible, mais il n’y a pas besoin de faire en tout plus que 2 doses. Si l’on est exposé au virus avant la 2e dose, on a une forte chance d’être protégé estimée à 50% mais seule une vaccination complète avec 2 doses vaccinales offre une protection de l’ordre de 95%.

Les avantages et les inconvénients des vaccins ARNm ?

La synthèse est faite d’une façon facile et rapide sans avoir besoin de manipuler le virus. La protéine S est produite dans nos cellules de façon naturelle; elle prend donc la conformation (la forme) qu’elle a habituellement et induit une réponse immunitaire complète (anticorps et lymphocytaire T). C’est un avantage par rapport aux vaccins inactivés ou sous-unitaires qui induisent une réponse immunitaire uniquement de type anticorps.

Le gros bémol du vaccin annoncé par BioNTech et Pfizer ce sont les conditions de sa conservation ?

Le vaccin doit être impérativement maintenu à température constante de -70 degrés, nécessitant toute une logistique appropriée. Ceci constitue un désavantage concurrentiel notoire pour le laboratoire. Par comparaison, le vaccin de Moderna reste stable entre 2° C et 8° C, la température d’un réfrigérateur standard, pendant 30 jours.

Les vaccins à ARNm peuvent-ils modifier nos gènes ?

Lors de la synthèse protéique, l’information circule dans le sens ADN→ARN→protéine. Il n’y pas dans notre organisme d’enzyme permettant d’inverser ce sens. Ainsi, les vaccins ARNm ne peuvent pas modifier nos gènes (qui eux sont sous forme d’ADN).

Quels sont les effets secondaires les plus fréquents des vaccins à ARNm?

La grande majorité des effets secondaires observés lors des essais cliniques se manifestent le lendemain de la vaccination et durent habituellement moins de 3 jours. Ils sont classiques et relativement attendus et fréquents : rougeur au point d’injection, fatigue, maux de tête, douleurs musculaires, frissons, fièvre et adénopathie axillaire. Les effets généraux sont plus fréquents après la 2e dose de vaccin et chez les jeunes.

Quel délai respecter entre un antécédent de Covid-19 et la vaccination ?

Il apparaît que la réinfection est très peu fréquente dans les 90 jours suivant l’infection initiale. On recommande donc que les personnes ayant une infection aiguë Covid-19 soient vaccinées après ce délai de 90 jours.

Devra-t-on se faire vacciner tous les ans comme pour la grippe ?

Si le virus acquiert des mutations lui permettant de ne plus être reconnu par une personne qui a déjà fait la maladie ou qui a été vaccinée. Il est possible que la Covid-19 devienne une maladie à recrudescence saisonnière comme la grippe. Il sera alors nécessaire de se vacciner régulièrement avec un vaccin adapté aux nouveaux variants.

Le vaccin permet-il d’arrêter l’épidémie ?

Les essais cliniques des vaccins à ARN approuvés ont été élaborés afin de démontrer une efficacité contre la maladie Covid-19. Si les premiers résultats sont en faveur d’une excellente efficacité contre les épisodes symptomatiques de la maladie et contre ses formes graves, il n’y a pas encore de résultats concernant la protection contre l’infection asymptomatique par le virus ou sa transmissibilité. Si cela vient d’être démontré, il sera alors intéressant d’atteindre un certain seuil de couverture vaccinale afin de favoriser l’immunité de groupe, et ainsi protéger indirectement les personnes qui ne peuvent pas être vaccinées, voire permettre l’interruption de l’épidémie.

* Médecin et activiste politique.

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