Tunisie Telecom a organisé hier, mercredi 31 mars 2021, la 2e édition du webinaire Tech Trends by TT, qui porte sur la digitalisation des petites et moyennes entreprises (PME). Un objectif qui n’est pas aussi compliqué qu’il n’en a l’air, selon Samir Saïed, président-directeur général de l’opérateur de télécommunications tunisien.
Par Cherif Ben Younès
Samir Saïed a, par ailleurs, défini, lors de son allocution, la digitalisation comme étant «la reconception de l’expérience client». A cet effet, il est important, selon lui, d’opter pour la stratégie agile. C’est-à-dire l’amélioration graduelle du produit ou service, via des itérations successives, et en collaboration avec les investisseurs, et ce, «jusqu’à l’aboutissement à un produit nouveau et à une voie nouvelle».
Airbnb et Uber : des exemples à suivre
Les exemples typiques de cette démarche, poursuit-il, sont ceux de Airbnb et d’Uber, deux entreprises qui ont réussi à faire évoluer, respectivement, les secteurs du tourisme et du transport, sans détenir le moindre hôtel ni le moindre véhicule, rappelle-t-il.
Cette méthode de digitalisation passe par 5 étapes essentielles, explique M. Saïed :
– La première est «l’étape introvertie» qui consiste en le renforcement des processus internes de l’entreprise (paie, comptabilité, finances, trésorerie, etc.) ;
– La deuxième est la présence, ne serait-ce que passive, sur la scène électronique, et ce, de manière progressive, pour faire découvrir les produits et l’entreprise ;
– La troisième étape est celle du commerce électronique. Autrement dit, permettre au client de passer une commande et, de préférence, lui fournir un moyen de paiement ;
– La quatrième étape est d’explorer davantage les données personnelles du client afin de déterminer précisément ses besoins, et ainsi lui offrir le service ou le produit adéquat, au bon moment et au bon endroit ;
– Enfin, l’étape de l’externalisation, qui consiste à intégrer les clients et les fournisseurs.
De son côté, Jihène Bouzaïène, directrice exécutive au sein de Tunisie Telecom, a estimé que la digitalisation des PME représente un enjeu de taille pour l’économie tunisienne, considérant que l’infrastructure en est la clé de voûte.
Selon elle, l’importance de l’infrastructure peut être perçue à deux niveaux :
– Le premier est celui des besoins de la société pour se développer (en termes de vente, de commercialisation, de communication avec ses clients etc.). En l’occurrence, la digitalisation permet de faciliter ces tâches et de les assurer via un point central, explique-t-elle ;
– Le deuxième est celui de l’agilité interne. «La petite entreprise n’est pas destinée à l’être éternellement, et pour se développer et augmenter le nombre de ses employés, elle doit mieux gérer son travail», d’où l’intérêt de la digitalisation via de nombreuses applications qui organisent les tâches internes primordiales, à l’image de la facturation, la fiscalité, etc., a-t-elle développé.
«Tunisie Telecom s’est adaptée aux besoins de ses clients parmi les PME»
La responsable a, par ailleurs indiqué que deux facteurs essentiels peuvent expliquer les difficultés que trouvent les entreprises pour accélérer leur numérisation : leur maturité digitale limitée et la crainte des coûts financiers qui en résulteraient. Deux facteurs qui entraînent une sorte résistance au changement.
Pour résoudre ces problèmes, elle propose l’intervention d’un expert pour sensibiliser les dirigeants des PME et les rassurer.
Jihène Bouzaïène a, finalement, indiqué que Tunisie Telecom a, depuis 2 ans, pris conscience de la nécessité de s’adapter à la nature des PME pour leur permettre d’accélérer leur digitalisation, et a mis en place une stratégie adéquate («de clé en main») en vue d’atteindre cet objectif.
Samuel Galbois, directeur au sein de Monitor Deloitte, a également participé au webinaire. Il a d’abord parlé des répercussions économiques de la crise sanitaire du coronavirus, qui, à travers le monde entier, a eu un impact profond, selon lui, consistant à augmenter le confort des clients ainsi que leur volonté à s’engager numériquement et à déplacer une partie importante de l’économie en ligne.
«Par exemple, en France, plus 17.000 sites marchands en ligne ont été créés l’année dernière», a-t-il ajouté.
Pourtant, assure M. Galbois, selon des études menées récemment, notamment par la Direction générale des entreprises en France, les dirigeants des petites et moyennes entreprises estiment que la crise sanitaire n’a pas accéléré la digitalisation de leurs sociétés.
En plus de l’aide financière, Les TPE et PME ont besoin d’un accompagnement technique
Ce paradoxe s’explique essentiellement, selon lui, par les préoccupations financières qui ont prédominé durant cette période difficile chez les très petites entreprises (TPE) et les PME.
«Ce n’est donc pas étonnant que ce soient les PME les plus solides et les grandes entreprises qui tirent plus tôt leur épingle du jeu et qui poursuivent l’accélération de leur digitalisation dans ce contexte sanitaire extrêmement contraint», a-t-il conclu.
Samuel Galbois a, par ailleurs, souligné la nécessité d’aider les TPE et les PME en vue de faciliter leur relance sur les marchés, assurant que cette aide ne doit pas se limiter à l’aspect financier et qu’il doit y avoir également un accompagnement technique au profit des gestionnaires et dirigeants de ces entreprises.
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