Le coronavirus s’installe dans nos vies et on ne sait pour combien de temps encore, aussi faut-il s’adapter à cette situation et prendre les précautions nécessaires. Quelques recommandations de prévention individuelle contre la Covid-19, pour cet été, tirées des études scientifiques, pour mieux ajuster nos gestes quotidiens aux exigences de protection, avec des moyens simples.
Par Dr Nawel Belaid *
Malgré le nombre croissant de toutes les recherches durement accomplies au sujet du coronavirus, ces découvertes ne sont pas suffisamment prises en compte pour améliorer le quotidien des mortels.
Par exemple, nous savons aujourd’hui que l’eau de javel est efficace en une minute pour éliminer le coronavirus des surfaces (G. Kampf 2020 : «Persistance des coronavirus sur les surfaces inanimées et leur inactivation avec des agents biocides»).
L’usage des gobelets et couverts jetables
Cependant, on continue de servir dans des gobelets jetables dans les restaurants et cafés tunisiens. Paradoxalement, on ne fournit pas de couverts jetables, fourchettes et cuillères, qui, pourtant, ont autant de contact avec la bouche et la salive qu’un verre.
Avant l’ère du coronavirus, et même dans les cafés populaires, les plongeurs laissaient les couverts et les verres dans un bain d’eau de javel diluée, pendant plusieurs minutes. Une méthode qui, logiquement, devrait être maintenue, puisqu’elle correspond bien aux recommandations, en plus d’être économique et plus écologique. («Il semble approprié de recommander une dilution 1:50 d’eau de Javel standard dans le cadre du coronavirus.»)
Et sincèrement, un café dans un gobelet, ça lui enlève tout son charme.
Eviter l’excès des mesures préventives
Outre l’usage des gobelets, on continue à voir d’autres excès d’hygiène post Covid. Certes le port de masque est toujours recommandé à ce jour, même pour les vaccinés. Mais pour un conducteur de véhicule, qui est seul dans sa voiture, avec des fenêtres ouvertes, le jour, au mois de juin et un masque sur le nez et la bouche, là on est vraiment dans l’excès de mesure préventive.
D’abord, si le conducteur est seul dans la voiture c’est qu’il n’y a pas de source de contamination directe. Ensuite, si les fenêtres sont ouvertes c’est que c’est bien aéré et que la charge virale est plus faible. De plus, si on est au mois de juin en Tunisie, c’est qu’il fait chaud, et ça désactive le virus avec le temps. Aussi, sous un beau soleil de juin, il y a assez d’ultraviolets pour éliminer le virus dans le cas où une personne infectée est montée avec le conducteur, les dernières heures. En conclusion, il est inutile de porter le masque sur le nez et la bouche quand on est seul dans une voiture, en Tunisie, de la fin du printemps au début de l’automne.
Ceci dit, l’hiver c’est autre chose. Et les études sur la survie des anciens coronavirus remontent à très longtemps. En 1985, on savait déjà que le coronavirus 229E survivait mieux à des températures basses. On remarque bien qu’on a pris du retard pour prendre les bonnes décisions. Surtout que les premières études sur le nouveau coronavirus Sars-CoV-2 et l’influence du climat datent de février 2020, c’est-à-dire bien avant qu’on ne déclare le premier cas en Tunisie. On pouvait à cette époque de confinement rassurer les gens qu’on passerait un bel été en 2020 en respectant un minimum de règles.
Rappelons qu’en mars 2020, comment la dépression et l’anxiété, étaient à leur summum.
Mon graphique par Excel, sur une étude de la santé mentale de la population en France entre mars et septembre 2020, Enquête Coviprev, source de données sous licence ouverte, téléchargées en mars avril 2021.
En mars 2020, on ne savait pas trop comment se transmettait le virus, et les mesures préventives étaient excessives, en plus, il n’y avait pas assez de masques disponibles pour tous, ce qui avait affolé la population. Mais de nos jours, on sait que la transmission est essentiellement aérienne, surtout en saison chaude et ainsi le port de masque s’était intensifié, alors que les autres mesures (distanciation, hygiène) avaient diminué.
Mon graphique par Excel, sur une étude dans la population en France entre mars et Septembre 2020, Enquête Coviprev, source de données sous licence ouverte, téléchargées en mars avril 2021.
Il convient de se vacciner avant la fin de l’été
Maintenant, en plus des mesures préventives, la vaccination a apporté des résultats rassurants, pour permettre de reprendre une vie activement sereine. Sauf qu’en Tunisie, le rythme de la vaccination est assez lent, et on ne prévoit pas de vacciner toute la population. En même temps, tout le monde n’a pas envie de se faire vacciner. Pourtant, on a intérêt à vacciner les personnes vulnérables avant la fin du mois d’août 2021, car le climat va redevenir favorable à la transmission du virus, avec l’arrivée des premières pluies de la fin de l’été. Des pluies que les agriculteurs connaissent bien. C’est pour cela, que devant une vaccination lente et faible, on n’a pas le choix que de continuer à se protéger.
Pour ceux qui pensent qu’en été on est complètement épargné, ce n’est pas le cas, puisque le virus n’est désactivé par la chaleur qu’au bout d’un certain temps. Donc une personne pourrait très bien être contaminée si elle ne porte pas convenablement le masque, et qu’elle a une discussion prolongée avec une personne infectée, même asymptomatique, qui ne porte pas le masque, et que la distance entre les deux personnes est très faible, même s’il fait 40°C, même si ces deux personnes sont en plein air. Car sous ces conditions, les facteurs climatiques n’ont pas le temps de désactiver le virus, puisque ce dernier passe directement d’une personne à une autre.
Rappelons que lors d’un effort de toux, l’air qui sort de la bouche est très rapide. Si en plus, il fait chaud, et que les fenêtres sont fermées, et que la climatisation est fixée à 17°C, comme il est d’usage en Tunisie, malgré les conseils écologiques, ces conditions sont encore plus favorables à la transmission du coronavirus. Et ce mécanisme pourrait expliquer l’augmentation des contaminations dans les pays chauds (Moyen Orient), surtout quand la climatisation est centrale et commune à tout un immeuble comme dans les pays chauds et riches. C’est pour cela, que cet été, une loi devrait imposer de fixer la climatisation à 27°C ou plus dans les lieux publics.
En Tunisie, à la sortie du printemps, les températures augmentent en commençant du sud vers le nord, et de l’ouest vers l’est, et je me demande si les zones intérieures, regrettablement touchées ces jours-ci par l’épidémie, ne sont pas en train d’utiliser inconvenablement la climatisation dans les lieux publics.
Les études ont aussi montré une augmentation de la mortalité sous certaines conditions climatiques. Et malheureusement, l’air dans les zones intérieures est trop sec. Par exemple, au gouvernorat de Kairouan, l’humidité est à 23% ces jours-ci. Ce qui est très gênant au niveau respiratoire, même pour une personne qui n’a pas de pneumonie Covid. Il aurait donc été utile de doter les services Covid d’humidificateur d’air, afin de garantir un meilleur confort respiratoire aux patients.
* Médecin à Sousse.
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